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Nvidia face à Gravity : la publication des résultats de cette semaine permettrait-elle de maintenir la dynamique autour de l’IA ?

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Ruben Dalfovo
Ruben Dalfovo

Investment Strategist

Points clés :

  • Les résultats de Nvidia du 19 novembre fonctionneraient comme un test de résistance pour l’IA.

  • Le consensus Bloomberg prévoirait environ 55 milliards USD de chiffre d’affaires et 1,26 USD de bénéfice par action, tirés par la demande des data centers.

  • Les inquiétudes liées aux dépenses circulaires dans l’IA et à certains traitements comptables signifient que les perspectives, les flux de trésorerie et la composition des revenus pourraient compter davantage que de simples dépassements de prévisions.


Les prochains résultats de Nvidia, attendus le 19 novembre, se transformeront en un test mondial pour la narration autour de l’intelligence artificielle. L’entreprise représente environ 8 % du S&P 500 et est récemment devenue la société cotée la plus valorisée au monde. Ses chiffres influencent désormais bien plus que les seules actions de semi-conducteurs.

À la clôture du 14 novembre 2025, l’action Nvidia s’affichait à 190,17 USD, en hausse de 1,8 % sur la journée et d’environ 42 % depuis le début de l’année. Les marchés d’options anticipent un mouvement d’environ 6 % autour de la publication, laissant envisager un impact qui pourrait se répercuter sur les indices mondiaux.


Pourquoi ce trimestre serait différent

Nvidia a dépassé les attentes lors de la plupart de ses publications récentes, mais son cours a souvent reculé une fois l’effet d’annonce dissipé. Les investisseurs ne se contentent plus de « beats » impressionnants : ils souhaitent voir des preuves que la construction de l’écosystème IA passerait d’une phase de budgets quasi illimités à des bénéfices plus durables.

Le contexte apparaît aussi plus fragile : la tech vient de traverser l’une de ses semaines les plus instables depuis des années, les espoirs de baisse de taux aux États-Unis se sont atténués et les statistiques économiques restent perturbées par une récente paralysie administrative. En Asie, les marchés, notamment au Japon et à Taïwan, demeurent sensibles au moindre frémissement de la demande en IA ou aux tensions géopolitiques.

Dans cet environnement, la conférence de résultats d’un seul groupe jouerait presque le rôle de référendum sur un cycle d’investissements en IA de plusieurs milliers de milliards de dollars.


Ce que les chiffres devraient montrer

Les analystes sondés par Bloomberg anticiperaient environ 55,2 milliards USD de revenus sur le trimestre, soit près de 60 % de hausse sur un an. Le bénéfice par action ajusté (EPS) serait attendu autour de 1,26 USD, environ 55 % au-dessus du niveau de l’an dernier.

Trois éléments domineraient la plupart des modèles :

  • les revenus liés aux data centers,

  • les marges,

  • et les perspectives annoncées (guidance).

Les data centers constituent le cœur de l’histoire, alimentés par les puces Blackwell de Nvidia et les premières dépenses liées à la génération Rubin, prévue pour 2026.

Autre point d’attention : la répartition des clients. Les observateurs souhaiteraient voir ce qui provient des hyperscalers (Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta) et ce qui viendrait de nouveaux acteurs comme les clouds spécialisés en IA ou certains gouvernements. Une base de clientèle plus diversifiée donnerait une impression de revenus moins dépendants d’un petit nombre d’acheteurs majeurs.

La guidance pourrait compter encore davantage que la publication elle-même. Certains scénarios avancent la possibilité que les prévisions se rapprochent de la zone des 60 milliards USD. Toute indication perçue comme inférieure à ces attentes informelles raviverait rapidement les craintes de bulle IA.


La question de l’argent circulaire

Nvidia se trouve désormais au centre d’un vaste ensemble d’engagements liés aux infrastructures IA. OpenAI a mentionné un programme de 1 400 milliards USD de data centers sur huit ans, incluant cloud, matériel et campus dédiés.

À l’intérieur de ce dispositif, Nvidia a accepté d’investir jusqu’à 100 milliards USD pour aider OpenAI à construire au moins 10 gigawatts de data centers IA, équipés de systèmes Nvidia. En parallèle, OpenAI a conclu un accord cloud de 38 milliards USD avec Amazon Web Services, reposant lui aussi largement sur du matériel Nvidia.

Vu d’un certain angle, ce mécanisme fonctionne comme une boucle vertueuse : les capitaux vont vers OpenAI, qui achète des puces Nvidia, ce qui soutient la valorisation de Nvidia et facilite le financement des projets suivants. Mais d’un autre point de vue, une partie de ces dépenses pourrait sembler circulaire, suscitant la question de savoir quelle proportion de la demande provient d’utilisateurs finaux réels et quelle proportion vient d’acteurs de l’IA se finançant mutuellement.

Sur la conférence, une attention particulière serait portée à la question suivante : qui, au final, paierait vraiment pour ces infrastructures, et quels types de charges de travail les exploitent réellement ? Des exemples concrets de clients payants et d’usages tangibles comptent désormais davantage que des montants de capex très ambitieux.


Brouillard comptable ou véritable alerte ?

Une nouvelle inquiétude fait surface au moment de cette saison de résultats : la durée d’amortissement. Michael Burry, rendu célèbre par « The Big Short », estime que certains grands acteurs de l’IA et du cloud surestimeraient leurs profits en allongeant artificiellement la durée de vie comptable de leur matériel alimenté par Nvidia. Selon ses calculs, entre 2026 et 2028, les bénéfices du secteur pourraient être gonflés d’environ 176 milliards USD.

L’idée de base : les dépenses d’investissement consacrées aux GPU et au réseau sont amorties sur plusieurs années. Si les entreprises estiment que les serveurs durent cinq ou six ans, alors que la durée économique des puces IA haut de gamme approcherait plutôt deux ou trois ans, les profits à court terme apparaissent plus élevés qu’ils ne le devraient.

Nvidia n’est pas celle qui comptabilise ces amortissements, mais elle se trouve au cœur du cycle. Le rythme accéléré des lancements, de Blackwell à Rubin puis Feynman, réduit le temps avant que les anciennes puces ne deviennent obsolètes, compliquant la justification de durées d’amortissement longues.

Les investisseurs écouteraient donc attentivement la guidance pour tenter de répondre à une question simple : les clients dépensent-ils à un rythme compatible avec leurs propres comptes de résultats, ou bien est-on en train de concentrer une partie du boom IA aujourd’hui alors que l’addition arriverait plus tard ?


De la Silicon Valley à Séoul : pourquoi l’enjeu dépasse Nvidia

La chaîne d’approvisionnement de Nvidia est très concentrée en Asie. Les partenaires de fonderie comme TSMC et les fournisseurs de mémoire comme Samsung ou SK hynix constituent des pièces essentielles du puzzle. Ces groupes représentent eux-mêmes une part majeure des indices Taiex (Taïwan) et Kospi (Corée).

Ainsi, les perspectives de Nvidia n’influencent pas seulement une action : elles modifient la perception de marchés entiers, des technologies américaines aux exportateurs asiatiques de composants. Les récents décrochages mondiaux ont montré à quelle vitesse une faiblesse sur Nvidia pouvait se propager de New York à Tokyo.

Pour de nombreux observateurs, Nvidia sert de baromètre général de sentiment autour de l’IA. Quand elle progresse, les valeurs associées à ce thème ont tendance à être mieux perçues ; lorsqu’elle recule, ces mêmes histoires peuvent se dégonfler très rapidement.


Risques et signaux d’alerte

Trois signaux seraient particulièrement suivis lors de la publication et dans les semaines suivantes :

  1. Une croissance du chiffre d’affaires qui ralentirait alors que les plans d’investissement des hyperscalers resteraient massifs : cela évoquerait un risque de sur-construction ou de déploiements retardés.

  2. Des marges de data centers qui s’éroderaient plus vite que prévu, donnant l’impression de remises plus importantes ou de configurations moins rentables.

  3. Un discours sur les commandes qui glisserait de contrats fermes vers des engagements plus « flexibles » ou annulables, notamment chez les acteurs IA plus modestes.

Si ces éléments apparaissaient en même temps qu’une guidance prudente, les discussions sur une bulle IA reviendraient probablement très vite.


Grille de lecture : ce qu’il serait utile d’observer (et non d’acheter)

Il s’agit d’un aperçu des résultats, non d’une liste d’actions à entreprendre. Quelques points d’attention pourraient toutefois servir :

  • Comparer les chiffres publiés et les perspectives aux attentes d’environ 55 milliards USD de revenus et 1,26 USD d’EPS. De simples dépassements ne suffiraient plus.

  • Écouter des exemples concrets de projets IA passant de la phase d’expérimentation à des usages quotidiens dans la finance, la santé ou l’industrie.

  • Suivre la part de la demande provenant d’acteurs extérieurs aux quatre grands hyperscalers. Une base plus large réduirait la dépendance à ces géants.

  • Observer la réaction du cours par rapport au mouvement implicite d’environ 6 %. Un faible mouvement malgré de grosses annonces dirait beaucoup sur le positionnement.


Dernière réflexion : la gravité face au rêve

Nvidia est devenue l’un des principaux indicateurs du boom de l’IA, des ambitions à mille milliards d’OpenAI aux débats sur l’amortissement dans les salles de conseil de la tech. Cette semaine ne répondra pas à toutes les questions, mais permettra de voir quelle part de cet avenir est déjà intégrée dans les cours et combien d’espace il reste avant que la gravité ne reprenne ses droits.


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