La grande semaine de vérité pour les géants de la tech : quand les dépenses en IA passent l’épreuve du réel

Jacob Falkencrone
Responsable de la Stratégie d’Investissement
Semaine décisive pour les géants de la tech : quand les dépenses en IA affrontent l’épreuve du réel
Points clés :
- Microsoft, Alphabet, Meta, Amazon et Apple publient leurs résultats en moins de 48 heures, représentant à eux seuls plus d’un cinquième du S&P 500. 
- Les investisseurs observent si les dépenses record en IA commencent enfin à générer des bénéfices plutôt qu’à alourdir les coûts. 
- Ces résultats mettront à l’épreuve la solidité du cloud, du marché publicitaire, de la consommation et la confiance des investisseurs dans le thème de l’IA. 
Cinq géants, deux jours, et des milliers de milliards en jeu.
 Les investisseurs abordent la plus grande semaine de résultats de la saison à la recherche de preuves que la flambée de l’intelligence artificielle peut désormais s’autofinancer et donner le ton des marchés jusqu’en 2026.
La semaine qui façonnera 2026
Les publications de mercredi et jeudi détermineront si les géants de la technologie peuvent continuer à porter les marchés mondiaux — ou si les entreprises les plus valorisées de la planète commencent à ralentir.
En 48 heures à peine, Microsoft, Alphabet, Meta, Amazon et Apple vont annoncer des résultats qui pourraient orienter le S&P 500, le Nasdaq et plus largement le marché mondial des actions pour le reste de l’année.
Ces sociétés ne sont plus de simples entreprises : elles constituent le cœur battant de l’économie moderne, alimentant le cloud, les modèles d’IA, les smartphones, le commerce en ligne et la publicité numérique. Mais une question domine désormais : l’IA crée-t-elle vraiment des profits ou seulement des coûts ?
Ce n’est pas une semaine de résultats comme les autres. Elle pourrait montrer si le récit de l’IA continue d’alimenter les bénéfices… ou simplement les attentes. À elles cinq, ces entreprises représentent près d’un cinquième de la capitalisation du S&P 500 et plus de la moitié du Nasdaq 100. Un faux pas de l’une d’entre elles pourrait déstabiliser les marchés, et plusieurs déceptions à la suite pourraient changer le sentiment des investisseurs à l’approche de la fin d’année.
Ce qui est en jeu pour les investisseurs
Au-delà des habituels “bons ou mauvais trimestres”, cette semaine offrira une vision concrète de la croissance réelle — et permettra d’évaluer si les milliards investis dans les infrastructures d’IA commencent à produire des retours mesurables.
Le principal enjeu reste la monétisation de l’IA. Jusqu’ici, l’intelligence artificielle a surtout été une histoire de coûts, entre serveurs, puces et centres de données. Les investisseurs recherchent désormais des signes clairs de transformation en revenus : hausse des prix, adoption accrue ou marges améliorées.
La croissance du cloud sera un autre indicateur essentiel. Azure (Microsoft), Google Cloud et AWS (Amazon) sont les artères de l’économie IA. Leur rythme d’expansion montrera qui capte les budgets des entreprises et qui sacrifie la rentabilité pour rester dans la course.
La publicité numérique servira quant à elle de baromètre de la confiance des consommateurs. Les résultats de Meta et d’Alphabet indiqueront si les annonceurs continuent à investir pour toucher le public, et si l’engagement sur YouTube et Instagram reste solide.
Enfin, le cycle de l’iPhone 17 donnera un aperçu du pouvoir d’achat des ménages aux États-Unis et en Chine, deux marchés décisifs pour le moral économique mondial.
En résumé : cette semaine pourrait montrer si l’histoire de l’intelligence artificielle devient enfin une histoire de bénéfices, ou si elle reste encore une promesse coûteuse.
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Microsoft : le système d’exploitation de l’IA
 
 Microsoft publiera ses résultats le 29 octobre, avec un bénéfice par action ajusté attendu à 3,676 USD pour un chiffre d’affaires de 75,5 milliards USD selon le consensus Bloomberg. Azure reste le moteur de croissance de l’entreprise, et l’attention se portera sur la part de cette expansion réellement tirée par l’IA par rapport à la migration traditionnelle des entreprises vers le cloud.
 
 Copilot, l’assistant IA intégré dans Office, Windows et GitHub, sera également au centre des discussions. Les investisseurs souhaiteront connaître le taux d’adoption, le taux d’attachement et savoir si cet outil commence à augmenter le revenu moyen par utilisateur.
Les marges feront aussi l’objet d’une attention particulière. Microsoft a dépensé plus de 30 milliards USD en investissements le trimestre dernier, et les coûts d’amortissement se font désormais sentir. La question est de savoir si les gains de productivité et les revenus liés à l’IA peuvent commencer à compenser cette courbe de coûts.
Pour les investisseurs, Microsoft reste le moyen le plus direct d’être exposé à l’économie de l’IA — mais à condition que cette économie commence à générer de véritables profits.
Alphabet : endurance de la recherche et compétition dans le cloud
 
 Alphabet publiera également le 29 octobre, avec un BPA ajusté attendu à 2,533 USD pour un chiffre d’affaires de 85,1 milliards USD. Le marché observera si l’intégration de l’IA dans Google Search a modifié le comportement des utilisateurs face à la publicité. Les nouveaux « AI Overviews » générés par l’IA ont suscité des controverses, mais la société affirme que les requêtes commerciales et les taux de clics demeurent stables.
YouTube continue de bien performer, soutenu par la forte demande pour les vidéos courtes et les publicités sur téléviseurs connectés. Google Cloud devrait afficher un nouveau trimestre solide, mais les investisseurs s’attarderont sur la rentabilité du segment après une période d’investissements importants.
Les dépenses d’investissement d’Alphabet devraient atteindre environ 75 milliards USD cette année, juste derrière Microsoft. Le défi sera de concilier innovation à long terme et rendements à court terme, un équilibre crucial pour maintenir la confiance des investisseurs à l’approche de 2026.
Meta : résilience publicitaire et ambition IA
 
 Meta clôturera la journée du 29 octobre, avec un BPA ajusté estimé à 8,423 USD pour un chiffre d’affaires de 49,4 milliards USD. L’entreprise a connu un retournement spectaculaire ces douze derniers mois, porté par une forte demande publicitaire, une meilleure maîtrise des coûts et une hausse de l’engagement sur ses plateformes.
Elle doit désormais relever un nouveau défi : financer une transformation IA estimée à 65 milliards USD sur l’année, sans dégrader ses marges. Les investisseurs observeront la progression de la monétisation de Reels et les premiers signaux autour des nouveaux formats publicitaires de WhatsApp, susceptibles d’ouvrir une nouvelle source de revenus à forte rentabilité.
Le segment Reality Labs reste déficitaire, perdant encore plusieurs milliards chaque trimestre. Mais si Meta parvient à maintenir sa dynamique publicitaire tout en investissant massivement dans l’IA, elle pourrait continuer à figurer parmi les valeurs les plus performantes du marché.
Amazon : dynamique du cloud et marges dans le commerce
 
 Amazon publiera ses résultats le 30 octobre, avec un BPA ajusté de 1,979 USD pour un chiffre d’affaires de 177,8 milliards USD. AWS reste le principal centre de profit du groupe, et les investisseurs chercheront des signes de réaccélération de la croissance, après plusieurs trimestres de ralentissement face à Azure et Google Cloud.
La publicité continue d’être un point fort, générant désormais plus de 15 milliards USD par trimestre. Ce levier est devenu essentiel pour compenser les marges plus faibles du commerce en ligne, où l’expansion des livraisons le jour même et de l’automatisation contribue à stabiliser la rentabilité.
La capacité d’Amazon à gérer son cycle d’investissement sera scrutée de près. Avec des dépenses toujours lourdes dans la logistique, les puces et les centres de données, les investisseurs chercheront des signes indiquant que les flux de trésorerie pourraient s’améliorer à partir de 2026.
Apple : rythme du consommateur et déploiement de l’IA
 
 Apple clôturera la semaine le 30 octobre, avec un BPA ajusté attendu à 1,770 USD pour un chiffre d’affaires de 102 milliards USD. Les premiers indicateurs montrent un bon démarrage pour l’iPhone 17, notamment aux États-Unis et en Chine, où le rythme des mises à niveau dépasse celui de l’an dernier.
Les revenus issus des services (App Store, abonnements, iCloud) continuent d’apporter de la stabilité, mais subissent une pression réglementaire accrue en Europe, susceptible de peser sur les marges.
Les investisseurs attendront aussi des nouvelles sur Apple Intelligence, la nouvelle suite de fonctionnalités IA du groupe. Le déploiement sera progressif, mais incarne la volonté d’Apple d’intégrer l’intelligence artificielle de manière fluide dans son écosystème matériel.
Apple n’a pas besoin de se réinventer chaque année, mais doit prouver que son univers reste indispensable. Ce trimestre permettra de mesurer sa capacité à poursuivre la croissance sans dépendre de nouvelles lignes de produits.
Le paradoxe des dépenses IA
 
 Chez ces cinq géants, le même dilemme se répète : monétiser l’IA ou continuer à la financer.
Depuis dix-huit mois, les grandes entreprises technologiques ont investi des centaines de milliards de dollars dans les puces, serveurs et centres de données. Pourtant, les revenus visibles liés à l’IA demeurent faibles en comparaison de ces montants. Ce déséquilibre explique pourquoi les investisseurs scrutent avec attention les premiers signes de rentabilisation : abonnements à Copilot, performances publicitaires liées à l’IA, ou encore commandes de services cloud
 
 
 
 
 
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Jusqu’à présent, les marchés ont salué ces investissements massifs, partant du principe que les rendements finiraient par suivre. Mais la patience a ses limites. Si les dépenses d’investissement continuent d’augmenter plus vite que la génération de trésorerie, le sentiment pourrait rapidement se retourner. L’intelligence artificielle reste l’histoire la plus facile à croire pour les investisseurs — mais aussi la plus difficile à évaluer. Un possible tournant ? Les fondamentaux des grandes entreprises technologiques demeurent solides, portés par des flux de trésorerie conséquents, des marges élevées et des bilans robustes. Pourtant, l’ampleur des investissements dans l’IA commence à mettre à l’épreuve même ces bases financières, et l’idée selon laquelle chaque dollar dépensé générerait forcément des bénéfices futurs devient de plus en plus difficile à justifier. Selon Goldman Sachs, les dépenses cumulées dans l’IA pourraient atteindre entre 3 000 et 4 000 milliards de dollars d’ici 2030, alors que les revenus issus de ses applications ne représentent encore qu’une faible part de ce total. Si la demande ne croît pas au même rythme, les entreprises risqueraient de surinvestir et d’épuiser la patience des investisseurs. Il est encore trop tôt pour trancher s’il s’agit d’une bulle à proprement parler, mais le risque est clairement en hausse. Si l’IA reste davantage une histoire de dépenses que de rentabilité, les valorisations pourraient paraître de plus en plus fragiles. Le moment de vérité pour les géants technologiques Si ces indicateurs sont au rendez-vous, la dynamique de l’IA pourrait se poursuivre. Dans le cas contraire, le récit changerait. Le prochain défi des grandes entreprises technologiques ne serait plus la taille ou l’innovation, mais l’efficacité et la discipline — transformer le plus grand cycle d’investissement du capitalisme moderne en une activité réellement rentable et durable.
 Le débat sur la question de savoir si la flambée de l’IA bascule dans une bulle s’intensifie. Les parallèles avec l’ère des dot-com sont frappants : valorisations vertigineuses, accords circulaires entre géants du cloud et fabricants de puces, et dépendance croissante à une expansion alimentée par la dette.
 Cette semaine ne se jouera pas seulement sur le dépassement ou non des prévisions de résultats. L’enjeu sera surtout de savoir si l’IA peut enfin prouver qu’elle a sa place dans la ligne des profits, et pas seulement dans celle des coûts. Il conviendrait d’observer des signes tangibles de retour sur investissement : des marges qui se maintiennent, des utilisateurs prêts à payer, et une croissance qui ne repose pas sur une nouvelle vague de dépenses massives.
 
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