Prévisions chocs
Prévisions "chocs" 2026
Saxo Group
Responsable de la Stratégie Investissement
Les risques de droits de douane et de récession sont susceptibles de coexister, et les investisseurs doivent réfléchir à comment rendre leurs portefeuilles résilients face aux chocs de l’offre et de la demande.
Les secteurs liés aux services essentiels, à la demande domestique et aux bilans solides — comme les services publics, les distributeurs à fortes marges ou les plateformes de divertissement numérique — peuvent offrir une certaine défense relative.
Les stratégies de dividendes axées sur la qualité et la régularité peuvent stabiliser les revenus et jouer un rôle tampon en période de volatilité, mais la durabilité des paiements et les valorisations doivent rester au centre de l’analyse.
Il semble que le sujet des droits de douane va encore occuper les débats un certain temps.
Et si les tarifs douaniers restent — sous une forme ou une autre — même après d’éventuelles négociations, il y a fort à parier que l’on parlera aussi de récession. La hausse des coûts de production, l’inflation persistante et les politiques monétaires plus strictes pèsent déjà sur la croissance mondiale. Si on ajoute à cela l’augmentation des barrières commerciales, le risque devient encore plus complexe.
Dans cet environnement, les investisseurs doivent s’interroger sur la manière dont leurs portefeuilles sont positionnés. Même s’il est impossible de se prémunir totalement contre la volatilité macroéconomique, certains secteurs et modèles économiques peuvent offrir une meilleure résilience face à une combinaison de tensions commerciales et de ralentissement économique.
Voici un cadre de réflexion — non pas une recette miracle, mais un point de départ pour adapter sa stratégie.
Aujourd’hui, les risques liés aux droits de douane ne concernent pas seulement la Chine. Le paysage commercial mondial s’oriente vers un protectionnisme accru, notamment dans des domaines clés comme les semi-conducteurs, l’automobile, la pharmacie ou les technologies vertes. Cela génère de l’incertitude pour les entreprises fortement dépendantes des chaînes d’approvisionnement mondiales, des importations ou des exportations.
Par ailleurs, le risque de récession découle d’un cocktail dangereux : taux d’intérêt élevés, moral des consommateurs en baisse, incertitudes géopolitiques. Résultat : une pression simultanée sur l’offre et la demande, qui peut affecter les portefeuilles de manière parfois imprévisible.
Aucune stratégie ne peut éliminer tous les risques, mais ces éléments peuvent aider à orienter l’analyse des allocations de portefeuille :
Orientation vers la demande intérieure
Faible dépendance à l’import/export
Demande stable ou essentielle sur les marchés finaux
Bilans solides et pouvoir de fixation des prix
Voici quelques secteurs et thématiques que certains investisseurs explorent, partant du principe qu’une orientation domestique, des services essentiels et une solidité opérationnelle peuvent être bénéfiques en période de tensions commerciales et de vents contraires économiques.
Souvent perçus comme défensifs, les services publics bénéficient d’une demande relativement stable, quel que soit le cycle économique. Leurs activités sont aussi largement nationales, ce qui limite leur exposition aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Attention toutefois à leur dépendance aux taux d’intérêt et à leur intensité capitalistique.
Entreprises à suivre : NextEra Energy (NEE), Duke Energy (DUK), American Electric Power (AEP)
Les plateformes logicielles et de services « asset-light » offrant des revenus récurrents présentent souvent une faible exposition aux droits de douane. En cas de récession, toutefois, les dépenses numériques discrétionnaires peuvent être réduites et les valorisations des entreprises à forte croissance mises sous pression.
Entreprises à suivre : Netflix (NFLX), Intuit (INTU)
Les soins de santé et les assureurs montrent souvent une forte résilience pendant les ralentissements, car leurs services restent essentiels. La plupart de ces entreprises opèrent principalement à l’échelle nationale, ce qui réduit leur exposition commerciale. À surveiller néanmoins : les risques réglementaires et la pression sur les coûts.
Entreprises à suivre : UnitedHealth (UNH), CVS Health (CVS), Elevance Health (ELV), Cigna (CI)
Les produits de première nécessité conservent une demande stable, même en période de récession. Les groupes fortement implantés aux États-Unis et dotés de chaînes d’approvisionnement diversifiées peuvent mieux absorber les hausses tarifaires. Mais attention à l’érosion des marges si le pouvoir de fixation des prix diminue.
Entreprises à suivre : Walmart (WMT), Costco (COST), Procter & Gamble (PG), General Mills (GIS)
Les entreprises opérant sous contrat avec des collectivités locales offrent une bonne visibilité sur les revenus. Ces activités sont généralement domestiques, donc moins sensibles au commerce mondial. Reste une certaine cyclicité liée à l’activité industrielle et une dépendance à la réglementation.
Entreprises à suivre : Waste Management (WM), Republic Services (RSG)
Les services télécoms sont essentiels au quotidien. Les infrastructures sont locales, les flux de trésorerie sont relativement prévisibles. Mais le secteur reste sensible à la concurrence et aux cycles d’investissement élevés.
Entreprises à suivre : Verizon (VZ), T-Mobile US (TMUS)
En période de ralentissement, les consommateurs se tournent vers les enseignes discount. Malgré une certaine dépendance aux importations, leur positionnement prix et leur pouvoir de négociation peuvent leur permettre de répercuter les hausses de coûts.
Entreprises à suivre : Dollar General (DG)
Assurances santé, automobile et habitation sont des dépenses considérées comme essentielles. Les assureurs bien gérés, avec un portefeuille diversifié, peuvent offrir une stabilité. Attention néanmoins à l’évolution des sinistres et à la baisse potentielle des revenus d’investissement.
Entreprises à suivre : Progressive (PGR), Allstate (ALL)
Pour ceux qui cherchent à stabiliser les revenus tout en renforçant la résilience du portefeuille, les stratégies axées sur les dividendes peuvent constituer une piste intéressante — à condition de privilégier la qualité et la régularité.
Les entreprises versant des dividendes réguliers reflètent souvent une discipline financière, des flux de trésorerie solides et une croissance mesurée — des atouts en période d’incertitude.
Mais attention : la durabilité des paiements, la concentration sectorielle et la sensibilité aux taux d’intérêt sont des facteurs à surveiller.
Des entreprises qui augmentent régulièrement leurs dividendes témoignent d’une bonne santé financière. Ce type de croissance peut signaler une confiance dans les résultats futurs.
Entreprises à suivre : Microsoft (MSFT), Procter & Gamble (PG), PepsiCo (PEP), Johnson & Johnson (JNJ), Home Depot (HD)
Cette approche privilégie les rendements supérieurs à la moyenne, souvent dans les télécoms, les REITs ou les marques historiques. Attention à la capacité à maintenir ces paiements si les résultats sont sous pression.
Entreprises à suivre : Verizon (VZ), Altria (MO), AT&T (T)
Certains investisseurs combinent rendement et faible volatilité, pour chercher un revenu régulier avec une meilleure protection en période de baisse.
Une autre approche consiste à chercher des entreprises alignées avec des thématiques structurelles (relocalisation, infrastructures, IA), tout en reversant du capital aux actionnaires.
Entreprises à suivre : Waste Management (WM), Broadcom (AVGO), Union Pacific (UNP), Cisco (CSCO)
Aucun secteur n’est complètement protégé. Même les activités apparemment isolées des tensions commerciales peuvent faire face à des changements réglementaires, à l’inflation des coûts, à la concurrence, ou à des valorisations élevées.
Il faut aussi distinguer la résilience à court terme (ex : services publics, biens essentiels) des avantages structurels à long terme (ex : santé, infrastructure numérique).