Heuresement, il y avait la Chine

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il n’y avait rien à se mettre sous la dent lors de la séance de vendredi dernier (en raison de l’absence des Etats-Unis pour cause de Thanksgiving). Comme l’a si bien résumé mon camarade Alain Pitous : « Dans ce métier (en faisant référence à l’investissement boursier) il faut s’économiser entre deux périodes de tension sinon : la vue se brouille, la confusion s’empare de toi et là c’est le drame. Tu achètes au lieu de vendre ou l’inverse. Terrible ». Plus sérieusement, la fin de la semaine dernière a été l’occasion d’une pause méritée avant l’éventuel rallye de Noël. Mais cela va dépendre du positionnement que vont adopter les banques centrales. En Chine, davantage de stimulus est sur la table (mais la situation chinoise est unique à maints égards). En zone euro, on se dirige a priori vers un maintien du rythme d’appréciation des taux dans l’immédiat alors qu’aux Etats-Unis il y a une petite possibilité qu’un ralentissement prochain ait lieu. Cela dépendra toutefois beaucoup des prochains chiffres économiques américains (en particulier de l’emploi pour le mois de novembre qui est attendu en fin de semaine). La séance du jour devrait être plutôt calme. Le marché devrait continuer de capitaliser sur les mesures annoncées par la banque centrale chinoise vendredi. Mais les volumes seront encore certainement faibles.
- Il y avait peu de statistiques en fin de semaine dernière. Heureusement, il y avait la Chine. Le pays a annoncé la baisse du taux de réserve obligatoire des banques de 25 points de base ce qui va permettre d’injecter dans le système bancaire près de 500 milliards de yuans (environ 70 milliards d’euros). A cela s’ajoute la mise en place par la banque centrale chinoise d’une ligne de crédit de 600 milliards de yuans (environ 84 milliards d’euros) pour une dizaine de développeurs immobiliers. L’objectif est d’éviter un ralentissement trop poussé de l’économie alors que les mesures de confinement réapparaissent dans plusieurs villes afin de lutter contre la Covid. Au Japon, l’inflation commence à devenir un casse-tête (il y a quelques années de cela, c’était l’absence d’inflation qui était le problème). En novembre, l’indice des prix de base de Tokyo (qui est l’indice de référence dans l’archipel) a augmenté à un rythme de 3,6% sur un an contre un consensus à 3,5%. C’est très nettement au-dessus de la cible de la Banque du Japon à 2%. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que l’inflation semble se répandre de plus en plus dans toute l’économie (c’est normalement le signe d’une inflation durable). En Europe, un nouveau sommet européen entre les ministres de l'Énergie est prévu le 13 décembre prochain afin de trouver une solution pour mettre en place une limitation sur les prix du gaz (pour l'instant, l'Allemagne s’y oppose). En France, la confiance du consommateur est quasiment stable à 83 (conforme au consensus) contre 82 le mois précédent. Enfin, la Turquie fait toujours bande à part (c’est l’une des rares grandes économies à baisser ses taux directeurs en période d’inflation élevée). Le taux directeur réel (en tenant compte de l’inflation) est à -76,5%. C’est un record mondial.
- Les actifs chinois ont chuté lundi, alors qu'un sentiment de chaos et d'incertitude s'est emparé des traders après que les protestations croissantes contre les restrictions de Covid ont compliqué le chemin vers la réouverture du pays. L'indice Hang Seng China Enterprises a reculé de plus de 2 % dans les échanges de l'après-midi, les actions technologiques et immobilières étant en tête de la baisse. Le yuan s'est affaibli de 0,6 % par rapport au dollar, après avoir plongé de plus de 1 % à l'ouverture, son plus fort recul depuis mai. Les protestations se sont étendues au cours du week-end, les citoyens des grandes villes, dont Pékin et Shanghai, étant descendus dans la rue pour exprimer leur colère à propos des contrôles du Covid. Cette rare manifestation de défiance fait planer la menace d'une répression gouvernementale, incitant les investisseurs à revoir leurs paris après s'être relancés dans l'espoir d'une réouverture.
Aucune annonce majeure sur le front des entreprises aujourd’hui.
Séance calme au niveau des statistiques macroéconomique (seule publication : l’indice manufacturier de la Fed de Dallas pour le mois de novembre).
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