Les risques d'investir dans des ETFs et comment les gérer

Koen Hoorelbeke
Responsable de la Stratégie d’Investissement et Options
Dans un autre article, nous avons discuté des stratégies avancées utilisant des ETFs à effet de levier, inverses et synthétiques. Explorons maintenant ce sujet plus en profondeur.
Bien que les ETFs présentent de nombreux avantages pour les investisseurs, ils comportent des risques. Comprendre ces pièges potentiels et savoir comment les atténuer est crucial pour les investisseurs souhaitant bâtir des portefeuilles durables. Examinons les principaux risques liés à l'investissement en ETFs et les bonnes pratiques pour les gérer.
Risque de marché : une réalité inévitable
Le risque de marché, possibilité que l'ensemble du marché décline, impacte tous les investissements, y compris les ETFs. Quand le marché sous-jacent baisse, même l'ETF le mieux géré répliquant ce marché chutera aussi.
Stratégies d'atténuation :
- Diversifier entre différentes classes d'actifs (actions, obligations, matières premières, ...)
- Penser à allouer vos fonds vers des secteurs défensifs comme les biens de consommation ou les services publics
- Adopter une perspective à long terme à travers les cycles de marché
- Pour les investisseurs conservateurs, inclure des ETFs obligataires pour réduire la volatilité globale du portefeuille
Exemple concret :
Durant la chute de marché de 2020, un portefeuille globalement diversifié avec 60% d'ETFs actions et 40% d'ETFs obligataires a connu une volatilité sensiblement moindre qu'un portefeuille entièrement composé d'actions, aidant ainsi les investisseurs à rester engagés au lieu de vendre lors des plus bas du marché.
Risque de liquidité : quand la négociation devient ardue
Le risque de liquidité fait référence à la difficulté potentielle d'acheter ou de vendre un ETF à un prix acceptable, surtout en périodes de stress sur les marchés. Certains ETFs, notamment ceux axés sur des marchés de niche ou des actifs peu liquides, peuvent connaître des écarts (spread, en anglais) entre cours offerts (Bid) et cours demandés (Ask) plus larges durant des périodes volatiles.
Limiter les risques :
- Privilégier les ETFs avec des volumes de trading quotidiens élevés (de préférence, plus de 50 000 parts échangées)
- Vérifier les actifs sous gestion de l'ETF (les fonds plus grands tendent à avoir une meilleure liquidité)
- Utiliser des ordres limités plutôt que des ordres au marché lors de vos transactions
- Éviter de négocier durant les 30 premières et dernières minutes de la journée de bourse
Exemple concret :
Pendant les turbulences du marché, un ETF peu échangé pourrait voir son écart entre offre et demande passer de 0,2% à 2% ou plus, augmentant significativement les coûts de la négociation. En revanche, un grand ETF S&P 500 maintient généralement des écarts serrés même en période de stress.
Erreur de suivi (Tracking error) : quand la performance s'écarte
L'erreur de suivi mesure la fidélité d'un ETF à son indice de référence. Un Tracking error élevée signifie que l'ETF ne réplique pas avec précision la performance de son indice cible.
Que faire :
- Examiner l'historique de l'erreur de suivi de l'ETF avant d'investir
- Comparer des ETFs similaires pour identifier ceux avec des tracking error constamment plus faibles
- Envisager des ETFs à réplication physique pour les grands marchés, qui présentent souvent une erreur de suivi moindre que les alternatives synthétiques
- Être particulièrement vigilant quant à l'erreur de suivi sur les marchés peu liquides
Exemple concret :
Deux ETFs suivant le même indice d'actions européennes peuvent avoir des erreurs de suivi de 0,1% et 0,4% respectivement. Sur une période de 10 ans, cette différence pourrait entraîner un écart de performance de plusieurs points de pourcentage, impactant significativement les rendements.
Risque de contrepartie : le facteur tiers
Le risque de contrepartie est une préoccupation importante avec les ETFs synthétiques, qui utilisent des contrats de swap avec des institutions financières pour reproduire la performance des indices au lieu de détenir directement les actifs composant l'indice (les actifs sous-jacents).
Stratégies d'atténuation :
- Pour les positions clés de portefeuille, envisager des ETFs à réplication physique qui détiennent réellement les titres sous-jacents
- En cas d'utilisation d'ETFs synthétiques, vérifier les politiques de garantie et la solidité financière des contreparties du swap
- Limiter l'exposition aux ETFs synthétiques à une partie raisonnable de votre portefeuille
Exemple concret :
Durant la crise financière de 2008, les préoccupations concernant le risque de contrepartie ont entraîné des ventes de taille très significatives sur des ETFs synthétiques, car les investisseurs s'inquiétaient de la stabilité des banques émettrices des contrats de swap.
Risque de concentration : trop d'œufs dans le même panier
Certains ETFs, notamment les ETFs sectoriels ou thématiques, peuvent avoir des concentrations élevées dans un petit nombre d'entreprises, augmentant potentiellement la volatilité et le risque.
Comment se prémunir :
- Vérifier les principales positions de l'ETF et leurs pondérations avant d'investir
- Être prudent avec les ETFs où les 10 positions le plus importantes représentent plus de 50% du fonds
- Équilibrer les ETFs trop concentrés avec une exposition plus large au marché
- Envisager les ETFs à pondération égale pour des secteurs où il est souhaité de réduire la concentration sur une seule action
Exemple concret :
Un ETF sectoriel technologique pourrait avoir plus de 40% de ses actifs dans seulement cinq grandes entreprises technologiques. Si ces entreprises sous-performent, l'ETF est susceptible de nettement sous-performer le marché.
En comprenant ces risques et en mettant en œuvre des stratégies d'atténuation appropriées, les investisseurs peuvent construire des portefeuilles d'ETFs plus résilients conçus pour résister à diverses conditions de marché tout en capturant les nombreux avantages que les ETFs peuvent offrir.