Les emmerdes, ça vole en escadrilles et ce n'est pas UnitedHealth, encore sous le choc de l'assassinat du patron de sa branche assurantielle, Brian Thompson, en plein Manhattan en décembre dernier, qui dira le contraire. Le leader américain de l'assurance-santé a, dans un même communiqué de presse, annoncé la suspension de ses prévisions pour 2025 et le départ de son PDG, Andrew Witty, pour des « 

raisons personnelles ». Une surprise ? En partie seulement. Le 17 avril, le géant américain avait lancé un « profit warning » et fait état de son premier manque à gagner en plus de dix ans. Cela avait valu à son cours de Bourse une chute de 22,4%, la plus forte importante depuis août 1998. Quelque 115 milliards de dollars de capitalisation boursière étaient alors partis en fumée.

« UnitedHealth s'est développé pour servir plus de gens, de manière plus complète, mais le groupe n'a pas été à la hauteur des attentes. Nous nous attaquons énergiquement à ces défis afin de bien nous positionner pour les années à venir et de revenir à notre objectif d'un taux de croissance des bénéfices à long terme de 13 à 16% », a déclaré Andrew Witty, en guise de message d'au-revoir. L'action a de nouveau été ébranlée à New York à la suite de l’abandon des prévisions.

Stephen Hemsley reprend les rênes

Le président du conseil d'administration, Stephen Hemsley, qui reprend les rênes immédiatement, devra trouver les bons remèdes pour rétablir la trajectoire des résultats. Et redonner à UnitedHealth ses lettres de noblesse, celles d'une entreprise considérée comme une valeur sûre qui avait la particularité, ou le défaut, selon les points de vue, d'être conservatrice en matière de prévisions. Stephen Hemsley n'est pas un débutant. Âgé de 72 ans, le dirigeant a rejoint UnitedHealth en 1997 et en a été le PDG pendant une dizaine d'années à partir de 2006.

Lors de son mandat, l'assureur-santé a connu une croissance fulgurante, tout en se développant dans des domaines annexes comme les prestations pharmaceutiques et de soins, une stratégie que certains assureurs rivaux ont essayé plus tard de reproduire. Pour Jessica Tassan, analyste chez Piper Sandler, « Stephen Hemsley est la bonne personne pour redresser UnitedHealth. » Si le groupe en est arrivé là, c'est qu’il a fait face à des coûts médicaux plus importants que prévu liés aux nombreux assurés Medicare Advantage nouvellement recrutés. Pis, la fréquence des demandes de soins médicaux « continue à s'accélérer » et s'étend au-delà de Medicare.

Notre conseil :

Nous sommes à l’écart de UnitedHealth. La visibilité est devenue très réduite avec l’abandon des prévisions annuelles et la gouvernance pourrait connaître une période de transition avant les premières décisions stratégiques attendues de la part de la nouvelle direction. Le groupe est qui plus est ébranlé par des révélations du Wall Street Journal concernant une enquête du département américain de la Justice sur une possible fraude à Medicare.