Un nouveau monde

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le paysage boursier va rester encore compliqué dans les semaines à venir. Les résultats d’entreprises peuvent apporter une bouffée d’air frais à court terme (essentiellement parce que les analystes ont révisé souvent trop fortement à la baisse les prévisions). Mais à moyen terme, la situation reste complexe. Tant qu’il n’y aura pas un pivot de la part des banques centrales (c’est-à-dire une baisse des taux directeurs ou, au moins, la fin du processus de durcissement monétaire), nous doutons que les marchés financiers puissent être en mesure de renouer avec une tendance haussière durable. S’ajoute à cela qu’il faut en règle générale deux à trois mois pour que la bourse renoue avec la hausse une fois le pivot des banques centrales atteint. Il va falloir faire preuve de patience. Même si beaucoup de valeurs sont fortement décotées (et nous en parlons régulièrement ici), il n’est pas question de revenir massivement sur le marché. Il est préférable de faire le dos rond, de garder un peu de cash pour du stock picking et de faire shorter le marché (si c’est une stratégie qui vous sied).
- Les perturbations au niveau du marché de l’énergie ne vont pas de volatiliser de sitôt. Après l’Espagne qui rencontre un problème d’engorgement de ses terminaux de gaz naturel liquéfié (c’est le pays européen qui en possède le plus), c’est au tour du Nigeria d’annoncer des difficultés. Le pays est le sixième exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). Il a annoncé déclarer un cas de force majeure limitant drastiquement ses exportations de GNL après que son approvisionnement en gaz au niveau domestique ait été coupé par des inondations. Si la situation de force majeure ne dure pas, cela devrait avoir un impact faible sur les cours. Si cela dure, cela pourrait de nouveau pousser les prix à la hausse (et pénaliser en particulier les Européens qui ont dû, à marche forcée, se tourner vers le GNL pour remplacer l’approvisionnement russe).
- Sur le marché des devises, les autorités japonaises ont de nouveau exprimé leur inquiétude à propos de la force du yen (via le ministre des Finances). Lors de la séance du 18 octobre, beaucoup de traders ont soupçonné la Banque du Japon d’intervenir. Nous sommes sceptiques quant à l’efficacité de ces interventions à moyen terme. Historiquement, seule une intervention coordonnée (entre les principales banques centrales mondiales) réussit à avoir une influence sur l’évolution des devises majeures. Cette prise de parole intervient alors que le yen s’est effondré à un point bas de 32 ans face au dollar américain (autour de 149 yens pour un dollar). Le marché se rapproche de la borne psychologique des 150 yens pour un dollar (pour information, les autorités japonaises ne souhaitaient pas que le seuil des 145 yens soit enfoncé – c’est un échec, sans surprise).
- Dans le monde risqué des petites valeurs boursières, il y a quelques entreprises qui continuent d’afficher un potentiel important à moyen terme. C’est le cas de freelance.com (valorisation autour de 360 millions d’euros). Le titre évolue dans la zone des 6 euros et une remontée vers les 8 euros est envisageable. Le business model de l’entreprise est assez classique. Il s’agit de connecter les entreprises (surtout des PME et des start-ups) avec des experts indépendants. Au niveau des plus grosses valorisations, Vivendi (9 milliards d’euros de valorisation) reste une belle valeur. Le titre évolue autour de 8 euros (repli de 31% depuis le début de l’année). Il est fort probable qu’on renoue à moyen terme avec les 9 euros. C’est un titre liquide (à la différence de beaucoup d’entreprises présentes sur le compartiment des petites valeurs et où la liquidité n’est pas toujours au rendez-vous).
Les résultats d’entreprises continuent avec ABB (technologies numériques), Danaher (conglomérat dans les technologies de l’innovation), Investor (société d’investissement suédoise), Philip Morris, Union Pacific (compagnie de chemins de fer), CSX (réseau ferroviaire aux Etats-Unis), AT&T (fournisseur de services téléphoniques), Blackstone (fonds d’investissement), Marsh & McLennan (société spécialisée dans la gestion des risques), Yara International (société chimique basée en Norvège), Nordea, Volvo, Ericsson et Freeport-McMoRan (secteur minier, l’un des principaux producteurs mondiaux de cuivre et d’or). Pour l’instant, les résultats d’entreprises ont plutôt redonné confiance aux investisseurs. Cela s’explique pour deux raisons principales : 1) le plein effet du durcissement monétaire ne sera perceptible que dans un trimestre ou deux ; et 2) les analystes ont parfois été un peu trop pessimistes et ont révisé trop abruptement leurs prévisions à la baisse.
Il y a quelques statistiques aujourd’hui pour les Etats-Unis : revendications hebdomadaires au chômage (consensus à 230k), indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour octobre (consensus à -5,0 – en légère amélioration) et ventes de logements existants en septembre (consensus à 4,70M contre 4,80M en août). Ce ne sont pas des indicateurs majeurs. L’impact sur le marché boursier est attendu faible.
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