Symptomatique
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: Il est donc probable que la deuxième partie d’année soit beaucoup plus décevante qu’on ne l’anticipe pour les entreprises.
Les résultats d’entreprises vont continuer d’avoir un effet majeur sur la cotation dans les jours et les semaines à venir. Les résultats publiés par ASML (un des leaders du secteur des semi-conducteurs) devraient servir de guide pour les annonces à venir. Le premier trimestre était ok (pas d’euphorie). Les attentes pour le deuxième trimestre sont revues à la baisse (il y a une myriade de risques). On espère un rebond économique au deuxième semestre. En général, ce qu’on peut dire c’est que l’espoir ne constitue pas la meilleure stratégie business. Il est donc probable que la deuxième partie d’année soit beaucoup plus décevante qu’on ne l’anticipe pour les entreprises. Mais l’horizon est encore lointain. Passons déjà la première étape en cours.
- Chez Saxo Banque, nous surveillons de très près l’évolution des cours du lithium (un métal notamment essentiel pour la transition vers une économie décarbonée). Les prix du lithium sont actuellement à des plus hauts historiques. Cela s’explique essentiellement par un déficit d’approvisionnement. Toutefois, certains s’attendent à ce que le marché soit en excédent d’ici à 2023 (Morgan Stanley, par exemple). Elon Musk envisage de se lancer dans l’extraction de lithium pour compenser la hausse croissante des coûts. Il pourrait envisager de prendre le contrôle de petites et moyennes structures spécialisées dans ce secteur d’activité. Cela pourrait alors entraîner un rééquilibrage du marché.
- Sur le marché des changes, l’attention se porte sur le dollar australien. Le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque de Réserve australienne a été interprété comme plus hawkish que prévu. La banque centrale a laissé entendre que la hausse combinée de l’inflation et des salaires rapproche le timing d’une première hausse des taux. Sa prochaine réunion est prévue le 18 mai prochain. Nous n’excluons pas une hausse des taux à ce moment-là. C’est toutefois considéré, pour l’instant, comme un scénario peu probable par le marché (seulement 25 % des opérateurs considèrent que c’est crédible). Plusieurs statistiques permettront à la banque centrale d’affiner son jugement d’ici là : l’inflation au premier trimestre (publication mercredi prochain) et les attentes d’inflation en avril (publication le 17 mai).
- Ça continue également de bouger sur le yen japonais. L’USD/JPY a atteint le seuil des 129,40 et il semble que de moins en moins improbable qu’on assiste à une remontée au niveau des 135,00 (soit le point haut de début 2002). La Banque du Japon a annoncé au cours de la nuit dernière sa troisième opération visant à plafonner les rendements des obligations d’Etat à 10 ans à 0,25%. Cela fait partie de sa politique de contrôle de la courbe des taux. Le différentiel de politique monétaire entre le Japon d’un côté et les Etats-Unis et la zone euro de l’autre risque de pousser encore plus bas le JPY dans les séances à venir. Comme nous l’indiquions dans la Morning Letter en date du 20 avril, une intervention directe sur les taux de change de la part des autorités nippones n’est pas du tout improbable. Cela activerait les craintes de guerre des devises.
Les résultats d’entreprises continuent à un rythme intensif avec Contemporary Amperex Technology (entreprise technologique chinoise fournisseur de composants clés pour les véhicules électriques), Sartorius (biotech), Nidec (moteurs électriques), Investor AB (société d’investissements suédoise), ABB (énergie et automation), Danaher (conglomérat), NextEra Energy (énergie), Philip Morris, Union Pacific (chemin de fer), AT&T, Blackstone (fonds d’investissement), Intuitive Surgical (robots médicaux), Freeport-McMoRan (cuivre et or) et Nucor (sidérurgie).
La dernière estimation de l’indice des prix à la consommation en zone euro est publiée ce matin. Le consensus anticipe un chiffre stable à 7,5 % sur un an. Le 29 avril prochain, nous aurons la première estimation pour le mois d’avril. Ce sera douloureux. En outre, plusieurs discours de banquiers centraux sont à l’agenda aujourd’hui : Catherine L. Mann de la BoE à 15h (heure de Paris), Powell à 17h et 19h et enfin Christine Lagarde à 19h. Le discours de Powell sera sûrement intéressant puisqu’il y a un débat important entre membres du FOMC sur le rythme de durcissement de la politique monétaire américaine. Charles Evans (Réserve Fédérale de Chicago) a laissé entendre mardi qu’il était favorable à deux hausses de taux de 50 points de base mais pas plus dans l’immédiat. A l’inverse, Neel Kashkari (Réserve Fédérale de Minneapolis) a semblé plus hawkish considérant que pour lutter contre l’inflation liée aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, la Réserve Fédérale américaine devrait faire beaucoup plus. C’est un message important car pendant très longtemps Kashkari a été classé parmi les membres les plus dovish du FOMC.
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