Surprise surprise
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Surprise, surprise
Nous avions eu tort sur l’ampleur de la hausse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed) mercredi. En revanche, nous avions raison sur le fait que la baisse des marchés financiers est loin d’être terminée. Le rouge a été la couleur du jour pour le CAC 40 hier. La fragmentation financière au sein de la zone euro reste toujours un problème. Le taux souverain à 10 ans de l’Allemagne se situe autour de 1,7% tandis que celui de l’Italie dépasse 4% et celui de la Grèce atteint 4,3%. Ce qui est certainement le plus préoccupant, ce n’est pas tant le niveau que le rythme d’appréciation qui est très rapide dans un contexte de marché marqué par une très nette baisse de la liquidité. Même si la Banque Centrale Européenne (BCE) décidait de réinvestir la totalité des dettes publiques achetées au titre du programme de rachats contre la pandémie, il est peu probable que cela soit efficace pour endiguer la panique actuelle. Il faudra rapidement dévoiler l’outil mentionné dans le communiqué de la BCE mercredi. Le durcissement monétaire est aussi d’actualité chez nos voisins suisses. Le consensus des économistes avait prévu une hausse de 25 points de base. La Banque Nationale Suisse (BNS) a tapé plus fort : 50 points de base. La sortie des taux négatifs est bien enclenchée. L’ampleur de la hausse des taux fut une surprise pour les acteurs de marché. Nous pensons que la dynamique boursière en Europe reste pénalisée par la communication peu lisible de la BCE et surtout par le risque de fragmentation financière. Les valorisations sont indéniablement attractives. Mais la baisse n’est certainement pas encore terminée. A court terme, ce sera le marché obligataire qui donnera le la au marché actions. Du point de vue de l’analyse technique, le biais est baissier sur le CAC 40 tant que l’indice reste sous les 6341 points (c’est une cible très lointaine). Nous n'envisageons pas un krach, même si c’est un scénario qui ne peut pas être complètement exclu. Mais avant qu’il ne survienne, peut-être que les Aliens auront déjà envahi la Terre (la Chine a annoncé avoir détecté des signaux de vie extraterrestre). Puisque tout va de mal en pis…
- C’est le point d’attention qui nous préoccupe le plus chez Saxo Banque : le manque de liquidité sur l’obligataire. C’est rarement une bonne nouvelle dans un contexte de dégradation. Les taux sur les obligations en catégorie « Investissement » aux Etats-Unis ont atteint un point haut à 5% - soit le niveau le plus élevé depuis 2009. Il est peu probable que l’offensive de la Fed améliore la situation. Il faudra vraiment être vigilant concernant l’évolution de l’obligataire et plus globalement du coût du capital cet été.
- Aux Etats-Unis, nous sommes peut-être face à une vague de faillites. L’entreprise de cosmétiques Revlon s’est placée sous la protection de l’article 11 sur les faillites aux Etats-Unis. Il y a seulement quelques jours de cela, un article du Wall Street Journal indiquait qu’un dépôt de bilan n’était pas certain et que la situation financière de l’entreprise était « fluide ». Les problèmes de l’entreprise ont été accentués récemment par l’inflation et les difficultés au niveau de la chaîne d’approvisionnement. Mais ses soucis datent d’avant la pandémie (un niveau de dette très élevé). Revlon a un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars.
- La croissance américaine ralentit. En intégrant le dernier chiffre des ventes au détail en mai (contraction surprise de 0,3% sur un mois), l’indicateur avancé GDPNow (qui permet d’estimer l’évolution en temps réel de la croissance américaine) indique que le PIB réel pourrait être stagnant au deuxième trimestre de cette année, contre une hausse de 0,9% estimée le 8 juin. Il s’agit d’un indicateur qui donne surtout des éléments sur la direction de l’activité économique. Il paraît évident que la baisse l’emporte (un peu comme sur les marchés actions).
Calendrier économique et calendrier des entreprises quasiment vide aujourd’hui. Eurostat publie ce matin la deuxième estimation de l’inflation en zone euro en mai. Elle est attendue conforme à la première estimation (8,1% sur un an).
Le gouverneur de la Fed Christopher Waller (républicain, membre depuis 2020 de la banque centrale) échangera sur la trajectoire de la politique monétaire plus tard aujourd’hui à l’occasion de la 28ème conférence de la Society for Computational Economics à Dallas.
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