Reconnaître ne pas savoir
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Nous pouvons spéculer autant de temps que nous voulons, nous ne savons en aucune façon comment la situation en Chine va évoluer. Nous pouvons envisager des scénarios mais il est probable qu’aucun ne soit proche de la réalité. La meilleure chose pour les investisseurs (et en particulier pour les gérants) est de réduire leur exposition à la Chine. C’est un conseil que nous avons mis en avant depuis déjà un moment. Peu importe si le marché boursier chinois est sous-évalué, personne n’est en mesure de savoir ce que nous réserve la Chine à court-terme. Il y a aussi d’importantes questions sur l’état réel du secteur de l’immobilier et à quel point, via les paradis fiscaux, il pourrait entraîner des conséquences négatives sur toute l’économie mondiale. Prudence par conséquent.
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. La crise de l’énergie entraîne une reconfiguration du panorama mondial. Pour la première fois, un des principaux producteurs de gaz naturel liquéfié d’Australie a envoyé une cargaison vers l’Europe (d’habitude, les cargaisons étaient essentiellement envoyées vers l’Asie du Nord – en particulier le Japon). C’est salutaire. L’Europe continue de diversifier ses approvisionnements en gaz naturel liquéfié afin de ne pas être totalement dépendant des Etats-Unis. Le Mozambique a aussi récemment envoyé sa première livraison vers l’Europe. A Paris, Klaas Knot, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE), n’a pas ouvert la porte à un quelconque ralentissement du rythme d’appréciation des taux. L’inflation sous-jacente continue de suivre une pente inquiétante et les prévisions sont toutes en hausse a-t-il rappelé. Les deux options, soit une hausse de 50 points de base soit de 75 points de base, restent sur la table pour la réunion de la BCE du mois prochain. Enfin, tous les prévisionnistes s’accordent sur la baisse probable de la demande de pétrole en Chine (en lien avec le renforcement des mesures anti-Covid). Selon les experts de Kpler (entreprise de Data Intelligence spécialisée dans les matières premières), la demande pourrait être en moyenne de 15,11 millions de barils par jour au quatrième trimestre de cette année contre 15,82 millions à la même période l’an dernier. C’est un mauvais signal pour la croissance mais c’est plutôt positif du point de vue de l’inflation (baisse des tensions inflationnistes sur l’énergie).
- Il y a toujours beaucoup de mouvements sur les petites valeurs en bourse (via en particulier des OPA - offres publiques d’achat). La dernière en date est celle effectuée par Abeille Assurance (membre d’Aema Groupe, cinquième acteur de l’assurance en France) sur l’Union Financière de France (une banque spécialisée dans le conseil en gestion de patrimoine). L’achat se fait à 21 euros par action, ce qui représente une belle prime de 51%. La cote s’appauvrit un peu en cette période. Il faut s’attendre à ce qu’il y ait d’autres mouvements sur le créneau de la gestion de patrimoine. C’est un segment de marché avec une rentabilité incroyable qui attire tous les acteurs de l’assurance et de la banque. Nous assistons à une concentration du marché. Elle est nécessaire car elle devrait permettre de passer le cap de la digitalisation (encore très peu d’acteurs de la gestion de patrimoine sont digitalisés). Au niveau des grandes capitalisations, Crédit Suisse est passé hier matin sous le seuil psychologique des 3 CH. C’est la saison des soldes pour le titre (#cybermonday).
Les résultats d’entreprises continuent avec Li Auto (fabricant de véhicules électriques en Chine), DiDi Global (service de véhicules de tourisme avec chauffeur sur application mobile), Bank of Nova Scotia (la plus internationale des banques canadiennes), Intuit (logiciels de gestion), Workday (nul besoin de le présenter), Crowdstrike (fournit des outils de réponses numériques aux attaques informatiques), HP Enterprise, NetApp (gestion des données cloud), Shaw Communication (opérateur de télécommunications au Canada).
Il y a peu d’annonces aujourd’hui. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, prend la parole à 16h devant le Comité des affaires économiques de la Chambre des Lords (chambre haute du Parlement britannique). Au même moment, la confiance des consommateurs du Conference Board sera publiée pour le mois de novembre (Etats-Unis). L’indice est prévu en repli à 100,0 contre 102,5 en octobre. L’impact de l’inflation commence à se faire sentir de plus en plus.
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