Recessionette

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le marché boursier est encore très volatil. L’incertitude est élevée. Beaucoup d’indicateurs récents ont confirmé les craintes de récession (ou de recessionette pour reprendre le terme d’une amie économiste, Diane Swonk). Nous observons en cette fin de mois une détente sur le marché obligataire. Deux explications à cela : soit les investisseurs pensent que le pic d’inflation approche (c’est peu probable) soit les craintes de récession provoquent des arbitrages défavorables aux actions et favorables aux obligations (c’est plutôt cette explication qui est vraisemblable). Toutefois, la baisse des actions ne va pas durer éternellement. Il y a quelques signaux faibles qui indiquent qu’un retournement de marché va peut-être survenir prochainement. Il y a quelques jours de cela, la Société Générale a publié une note indiquant que le S&P500, qui a déjà perdu 20% depuis le début de l’année, devrait encore perdre précisément 24%. C’est peut-être le moment d’acheter ! Plus sérieusement, il est évident que la panique boursière est en partie infondée. Certaines belles valeurs connaissent une décote insensée (c’est le cas de Hermès ou encore de Lululemon parmi les entreprises que nous surveillons de près chez Saxo Banque). Mais il faut être prudent à très court terme. Le marché manque de lisibilité sur le risque réel de récession et sur l’ampleur du durcissement monétaire en cours.
- Il y avait peu de statistiques importantes lors de la séance de vendredi dernier. En Italie, la confiance des entreprises a surpris à la hausse au mois de juin, à 110,0 contre 109,4 en mai. En revanche, la confiance des consommateurs s’est effondrée sur la même période sous le seuil symbolique des 100, à 98,3. La faiblesse des hausses de salaire combinée à la hausse généralisée des prix a provoqué un coup d’arrêt à la consommation en ce début du troisième trimestre. En Allemagne, l’indice IFO continue d’envoyer des signaux inquiétants. Le sous-indice portant sur les perspectives des entreprises à six mois a atteint 85,8 en juin contre 86,9 en mai. Les mêmes facteurs d’incertitude persistent : problèmes d’approvisionnement, revendications salariales, baisse de la consommation attendue (avec risque de récession) et guerre en Ukraine pour n’en citer que quelques-uns. Enfin, le PIB de l’Espagne au premier trimestre est ressorti à 6,3% en variation annuelle en deuxième estimation (contre 6,4% en première estimation). L’acquis de croissance explique en grande partie cette bonne performance malgré un contexte très dégradé au niveau de l’inflation.
- Sweetch Energy est la pépite française qui pourrait faire son introduction en bourse dans les années à venir. La start-up spécialisée dans la fourniture d’énergie propre a développé une technologie adaptée pour l’énergie osmotique. C’est une source d’énergie plutôt méconnue mais qui est pourtant présente partout dans la planète puisqu’il s’agit de l’énergie produite lorsqu’un flux d’eau douce rencontre un flux d’eau salée. La production générée chaque année au niveau mondial est en mesure, en théorie, de couvrir les besoins en consommation de la planète entière sur un an. C’est énorme. Cela fait à peu près 75 ans qu’on a identifié le potentiel de l’énergie osmotique. Jusqu’à présent, les technologies mises au point fonctionnaient mais elles restaient très chères. Ce sont des technologies de membranes (concrètement, on fait circuler des flux d’eau douce et d’eau salée pour qu’il y ait un échange ionique qui se crée dans la membrane). Le coût de fabrication des membranes était trop important, faisant que la production d’énergie n’était pas abordable. La recherche française a récemment réussi à produire des membres qui sont environ 10 fois moins chères et 10 fois plus performantes. C’est justement cette technologie, complètement décarbonée, qu’utilise Sweetch Energy. C’est un développement dans le domaine énergétique certainement plus intéressant que les sources d’énergie non pilotables (éolien et solaire) qui ne sont pas en mesure de produire de l’énergie sur une base constante.
Aucun résultat d’entreprises aujourd’hui.
Les promesses de ventes de logements aux Etats-Unis en mai sont publiées cet après-midi. Habituellement, cette statistique n’est même pas commentée par les économistes. Mais les temps changent. Toutes les données du mois de mai portant sur le secteur immobilier américain ont indiqué un fort ralentissement qui pourrait pousser l’économie américaine en récession s’il s’accentue dans les mois à venir. La hausse des prêts hypothécaires (le taux fixe à 30 ans dépasse désormais les 6%) et des prix déraisonnables (en moyenne au-delà de 400 000 dollars) expliquent en grande partie la déconvenue récente du secteur.