Rattrapage
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Les investisseurs essaient de voir le verre à moitié-plein (mesures de soutien en Chine, réouverture économique timide à Pékin et à Shanghai etc.), ce qui a aidé le CAC 40 hier. L’élan technique pourrait porter l’indice vers les 6600 points mais nous doutons fortement que nous soyons sortis du bear market de long terme qu’on a subi lors des dernières semaines. Il y a encore beaucoup trop de facteurs de risque (le narratif de la récession a fait son grand retour dans les salles de marché !) pour pouvoir espérer une reprise durable des indices boursiers. Ce n’est donc certainement pas encore le bon moment pour s’intéresser aux actifs décotés (il y en a une myriade). La baisse devrait logiquement reprendre dans les séances à venir sur les indices une fois que le mouvement technique haussier se sera essoufflé. Nous restons fondamentalement pessimistes. La meilleure stratégie reste encore de shorter le marché (stratégie à moyen terme).
- L’actualité sur les marchés financiers était plutôt réduite hier à cause du jour férié aux Etats-Unis. Le chef économiste de la Banque Centrale Européenne (BCE), Philip Lane, a confirmé les propos tenus par Christine Lagarde la semaine passée. Dans une interview au média espagnol Cinco Dias, il a déclaré qu’une hausse des taux de l’ordre de 25 points de base serait opportune soit en juillet soit en septembre prochain. La BCE attend d’avoir plus de données sur la dynamique de l’inflation et de la croissance avant de prendre une décision ferme (la veille de la réunion du Conseil des gouverneurs de juillet sera publiée la première estimation de la croissance en zone euro au deuxième trimestre). Il a également indiqué s’attendre à ce qu’une sortie effective des taux d’intérêt négatifs (en nominal) ait lieu au plus tard à la fin du troisième trimestre de cette année. Ces propos ont apporté un léger soutien à l’euro qui restait ancré lundi matin au-dessus des 1,07 face au dollar américain. En outre, la congestion des ports reste un problème majeur, en grande partie en lien avec la politique zéro Covid chinoise. En raison du confinement de Shanghai qui a débuté fin mars, jusqu’à 260 000 conteneurs de vingt pieds (taille standard) n’ont pas pu quitter le port de la ville en avril. Cela va prendre des semaines à écouler, peut-être entre huit et dix semaines, selon nous. Les ports voisins sont également congestionnés. C’est le cas du port de Ningbo-Zhoushan (port le plus fréquenté du monde en termes de tonnage de fret) où un grand nombre de porte-conteneurs ont été détournés de Shanghai ces dernières semaines. Il faut s’attendre à ce que la situation s'aggrave à court terme alors qu'une nouvelle vague d'exportations chinoises se profile avec la réouverture de l'économie. Les tarifs du commerce international vont continuer de grimper.
- Contrairement à beaucoup de nos confrères analystes, nous sommes toujours baissiers sur l’EUR/USD. Même un franchissement durable des 1,08 ne sera certainement pas suffisant pour inverser la tendance de fond baissière. Il faudrait au moins que la paire s’échappe au-dessus des 1,15. C’est un objectif très lointain. Nous visons toujours un retour vers la zone des 1,02-1,03. Le retour à la parité (qui est souvent évoqué) ne fait pas vraiment sens. C’est un niveau psychologique majeur mais ce n’est en rien un niveau technique. Il est donc erroné de se focaliser autant sur cette cible.
- Ça bouge un peu sur les très petites valeurs. Obiz (valorisation de seulement 32 millions d’euros) a pris 7,4% sur les cinq dernières séances et se rapproche lentement du niveau des 8 euros l’action. Obiz fait partie des belles pépites d’Euronext Growth et est la première GoodTech sur ce segment de marché. Elle a affiché une croissance à trois chiffres avant la pandémie (reconnaissons que c’est courant dans le secteur des starts-up). Mais elle a surtout un business model intéressant : marketing relationnel et fidélisation des clients, avec une forte fibre RSE. C’est une belle valeur à surveiller mais qui est très peu liquide (et qui est donc, par définition, plutôt risquée). Avec une valorisation si faible, Obiz n’entre pas dans les critères de sélection des fonds des grandes maisons.
Les résultats d’entreprises continuent avec DiDi Global (plateforme technologique de mobilité), Salesforce, HP et KE Holdings (transactions de logement et des services connexes).
Le consensus des analystes prévoit que la banque centrale hongroise augmente son taux directeur principal de 50 points de base à 5,9% (contre une anticipation précédente à 100 points de base). La banque centrale a récemment signalé un ralentissement du rythme de durcissement du loyer de l’argent, ce qui a entraîné une baisse du forint (la monnaie locale). Ce que doit faire la banque centrale aujourd’hui pour rassurer les investisseurs : expliquer clairement les risques qui pèsent sur la croissance, l’effet que cela pourrait avoir sur l’inflation cette année et en 2023, le rythme de hausse des taux et la façon dont les conditions de financement pourraient évoluer dans les 12-18 prochains mois.
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