Le rapport WASDE prévoit une récolte record de maïs, un marché du soja sous tension et un blé sous pression

Ole Hansen
Responsable de la stratégie des matières premières
Points clés :
Le département américain de l’Agriculture (USDA) anticipe une production record de maïs aux États-Unis, ainsi qu’une forte hausse des stocks de fin de campagne, ce qui pèse fortement sur les prix.
Le soja, à l’inverse, bénéficie d’une récolte plus faible que prévu et d’un bilan plus tendu.
Le blé suit la tendance baissière du maïs, sur fond d’offre mondiale excédentaire.
Un rapport qui bouscule les marchés céréaliers
Le dernier rapport WASDE (World Agricultural Supply and Demand Estimates) publié mardi par l’USDA a provoqué de vives réactions sur les marchés agricoles américains, avec des mouvements marqués sur le maïs, le soja et le blé. La surprise majeure vient du maïs, dont les prévisions de récolte ont été revues à la hausse, au-delà des attentes du marché. Le soja a, quant à lui, évolué à contre-courant, porté par une production inférieure aux prévisions et des stocks resserrés. Le blé a suivi le mouvement baissier du maïs, dans un contexte mondial d’offre excédentaire.
Maïs : une récolte historique qui fait plonger les prix
L’USDA prévoit désormais une production record de 16,742 milliards de boisseaux, soit près de 5 % au-dessus des prévisions du marché, grâce à un rendement estimé à 188,8 boisseaux par acre et à une augmentation des surfaces cultivées. Cette révision à la hausse entraîne une forte hausse des stocks de fin de campagne, estimés à 2,117 milliards de boisseaux, dépassant largement les attentes du marché et les projections du mois précédent.
La réaction du marché a été immédiate : les contrats à terme sur le maïs pour décembre ont chuté de 3,3 % à 3,92 $/boisseau, atteignant un nouveau plus bas contractuel.
La taille exceptionnelle de la récolte accentue la structure de contango du marché, où les prix à terme sont supérieurs aux prix spot pour refléter les coûts de stockage et de financement. Dans un marché sur-approvisionné, cet écart peut encore se creuser. Pour les spéculateurs en position vendeuse, cette situation crée une opportunité de rendement positif sur le roulement des contrats : par exemple, le contrat de décembre 2026 cote actuellement 49 cents au-dessus de celui de décembre 2025, offrant un rendement annualisé de 12 % pour les positions vendeuses maintenues sur la durée.
Les mois de faiblesse des prix ont porté le secteur à des plus bas pluriannuels, ce qui a favorisé les positions spéculatives à la vente, non seulement sur le maïs, mais aussi sur le soja et surtout sur le blé, où les fonds spéculatifs maintiennent une position nette vendeuse record depuis 37 mois consécutifs.
Soja : soutien d’une offre plus limitée
Le tableau est bien différent pour le soja. L’USDA a réduit ses estimations de production à 4,292 milliards de boisseaux, soit près de 2 % en dessous des attentes, en raison d’une baisse des surfaces cultivées, qui compense largement une légère hausse de rendement (53,6 boisseaux par acre). Les stocks de fin de campagne sont abaissés à 290 millions de boisseaux, soit près de 15 % sous les projections du marché.
Ce resserrement du bilan a permis aux contrats à terme de novembre sur le soja de progresser de 2,1 % dans la journée, effaçant les pertes précédentes.
Blé : peu de surprises, mais la pression mondiale persiste
Le rapport WASDE n’a pas apporté de changement majeur au bilan américain du blé, avec une production estimée à 1,927 milliard de boisseaux, et des stocks de fin de campagne légèrement inférieurs aux attentes. Cependant, l’offre mondiale reste abondante : les stocks de fin globaux atteignent 261,6 millions de tonnes, en ligne avec les prévisions.
Les contrats à terme de décembre sur le blé (Chicago) ont reculé de 1,8 % à 5,2375 $/boisseau, touchant également un plus bas contractuel. Cela illustre le poids des flux d’approvisionnement en provenance de la mer Noire, de l’Europe et de l’Australie, qui maintiennent une forte pression concurrentielle.
Perspectives : ce qui pourrait encore changer la donne
Plusieurs facteurs restent susceptibles de modifier le paysage post-WASDE :
Conditions météo en Amérique du Sud : La période de semis, notamment au Brésil et en Argentine, sera cruciale. Des conditions défavorables pourraient réduire l’offre mondiale de soja, avec un effet indirect sur le maïs.
Résultats des récoltes aux États-Unis : Ils permettront de confirmer ou non les projections ambitieuses de l’USDA, notamment pour le maïs.
Politique commerciale et achats chinois : Tout changement pourrait rapidement modifier les perspectives de demande.
Marge de production des biocarburants : Elle influence directement la demande en maïs et en soja.
Conclusion : un message clair du WASDE
Le dernier rapport fixe une tendance nette :
Une récolte de maïs plus importante que prévu, qui pèse sur les prix.
Un soja soutenu par un bilan resserré.
Un blé toujours pénalisé par la surabondance mondiale.
La structure en contango qui domine le marché des céréales reflète la confiance actuelle dans l’offre à court terme. Mais cette confiance pourrait être remise en cause à mesure que la récolte avance et que les conditions climatiques évoluent.
More from the author |
---|
|
Ce document est un contenu à visée marketing et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.
Le trading d’instruments financiers comporte des risques, et les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs.