On a l'habitude

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
La volatilité sera au rendez-vous cette semaine du fait des réunions des banques centrales (avec potentiellement des décalages de prix à prévoir mercredi et jeudi). S’ajoute à cela de nombreux résultats d’entreprises. L’enjeu est de savoir si les marges continuent de se restreindre (ce qui serait un mauvais signal à court terme). Dans l’immédiat, la séance du jour devrait être plutôt calme. On sait qu’avant la Réserve Fédérale américaine, le marché prend habituellement peu de risques. Dans les semaines à venir, nous nous attendons à ce que beaucoup d’entreprises coupent dans les effectifs après l’euphorie Covid. Philips a annoncé hier 6000 licenciements (ce qui représente près de 8% du total de ses employés). Le mouvement est aussi marqué aux Etats-Unis dans le secteur de la tech. C’est négatif pour la macroéconomie. Mais c’est positif pour les investisseurs qui cherchent à investir sur des entreprises rentables et agiles (c’est le mot à la mode pour souligner qu’elles sont en mesure de réduire les coûts). A moyen terme, nous sommes toujours positifs sur la bourse. Il faudra évidemment trouver de nouveaux catalyseurs haussiers. Mais fondamentalement on ne voit pas ce qui pourrait faire dérailler durablement les indices.
- On voit de plus en plus mal quelle pourrait être la porte de sortie pour Orpea. Le groupe fait face à une montagne de dettes (nous en avons déjà parlé) et fait l’objet d’une forte pression pour améliorer les conditions de travail et de vie des pensionnaires. Lors de l’émission Zone Interdite sur M6 (diffusée dimanche soir), le nouveau directeur général du groupe, Laurent Guillot, a annoncé envisager une hausse de 10% des salaires et de 35% du budget de restauration (concrètement, plus de produits frais et locaux). Tout cela, en 2023. Au bas mot, cela va coûter 100 millions d’euros. Il est peu probable que ce soit répercuté sur les pensionnaires (c’est déjà cher) donc on se demande bien qui va payer. En bourse, le titre Orpea fait un démarrage honorable (+7% depuis le début d’année). Mais on reste très loin de ses niveaux d’avant le scandale. Le titre est autour de 7-8 euros alors qu’il était aux environs de 45 euros il y a exactement un an de cela. Beau parcours dilutif.
- Il n’y a pas de statistique très importante ce mardi. En revanche, le marché se prépare évidemment au grand chelem des banques centrales. Il fait peu de doutes que la Réserve Fédérale américaine va augmenter son taux directeur de seulement 25 points de base. Mais les opérateurs auraient tort de croire qu’une pause est imminente (à l’image de ce qui s’est passé au Canada la semaine dernière). A très court terme, le ton hawkish devrait perdurer. Il y au moins trois raisons qui incitent à la prudence : 1) les principaux déterminants de la baisse de l’inflation au cours des derniers mois augmentent de nouveau (comme le prix des véhicules d’occasion) ; 2) la banque centrale ne veut pas réitérer son erreur de 2021 lorsqu’elle avait indiqué que l’inflation est transitoire (deux erreurs de diagnostic en deux ans, ça fait beaucoup) ; 3) même si le contexte est très différent d’il y a plusieurs décennies de cela, on retiendra que par le passé les banques centrales ont eu tendance à déclarer trop tôt la victoire contre l’inflation. En Europe, nous nous attendons à ce que la Banque Centrale Européenne et la Banque d’Angleterre augmentent chacune leur taux de 50 points de base. C’est déjà intégré dans les prix offerts par le marché. En zone euro, la conjoncture est résiliente ce qui laisse une marge de manœuvre incontestable à la banque centrale pour durcir les conditions monétaires. De l’autre côté de la Manche, l’économie montre des signes de faiblesse évidents et la récession paraît inévitable (sans compter les nombreux scandales qui nuisent à l’image du gouvernement). Une minorité d’investisseurs prévoit une hausse de 25 points de base ce jeudi. Nous doutons de ce scénario. Dans ces trois cas, ce qui sera le plus important, c’est la conférence de presse qui suivra l’annonce des taux. Les marchés financiers ont cruellement besoin de forward guidance.
Les résultats d’entreprises sont très nombreux aujourd’hui : Canadian Pacific Railway, Daiichi Sankyo, Fujitsu, UBS Group, Exxon Mobil, Pfizer, McDonald’s, UPS, Caterpillar, Amgen, AMD, Mondelez, Marathon Petroleum, Electronic Arts, Spotify et Snap.
Pas d’annonce majeure.
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