
Lu-Lu-Le-Mon

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: L’indice de confiance du consommateur devrait chuter pour le troisième mois consécutif à 107,0.
Nous n’attendons strictement rien sur le plan des négociations entre l’Ukraine et la Russie. Le Kremlin est engagé dans une guerre d’attribution, par nature longue. Croire à un règlement du conflit rapidement serait faire preuve de naïveté. En revanche, cette séance sera importante pour deux raisons principales. Premièrement, Lululemon va publier ses résultats. La marque d’habillement sportif créée au Canada a parfaitement réussi son expansion internationale. Elle a des clients fidèles. Elle a aussi franchi le cap de la pandémie sans difficulté. C’est une de nos valeurs préférées depuis que Virginie Robert (Constance et Associés) nous en a parlé il y a plusieurs années de cela. Deuxièmement, une statistique américaine majeure est attendue aujourd’hui. L’indice de confiance du consommateur devrait chuter pour le troisième mois consécutif à 107,0. La baisse des marchés boursiers, la hausse de l’essence et les risques géopolitiques sont quelques-uns des facteurs qui inquiètent le consommateur américain. Heureusement, la dynamique sur le marché du travail reste positive. Les créations d’emplois devraient être en hausse de 500 000 en mars (publication ce vendredi).
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. La Banque du Japon a proposé d’acheter des quantités illimitées d’obligations japonaises à 10 ans à 0,25% après que le rendement ait grimpé à un sommet de 0,245% en six ans. En zone euro, le marché monétaire table désormais sur une hausse du taux directeur principal d’un quart de point d’ici un an afin de faire face aux tensions inflationnistes. En France, les incertitudes pèsent sur la dynamique de croissance à cause de l’Ukraine. La Banque de France oscille désormais entre deux scénarios pour 2022 : 3,4% de croissance ou 2,8%. L’institut Rexecode, proche du patronat mais connu pour la qualité de son travail de prévision, est un peu plus pessimiste avec une croissance du PIB de l’ordre de 2,9%. Nous assistons à une profonde érosion de la croissance, mais aussi du pouvoir d’achat et des marges des entreprises. Ce n’est pas encore pleinement intégré dans les prix du marché. En Espagne, le gouvernement a annoncé un plan d’aide pour faire face à l’envolée des prix de l’énergie et de l’inflation d’un montant de 16 milliards d’euros allant jusqu’au 30 juin prochain. L’indice des prix à la consommation harmonisé au niveau européen a atteint 7,5% sur un an en février en Espagne. C’est le niveau le plus élevé depuis 1989. D’autres pays européens vont annoncer des plans d’ampleur similaire dans les jours et les semaines à venir.
- Les taux de fret baissent. La flambée généralisée des coûts et surtout des intrants suscite des inquiétudes quant aux perspectives de croissance économique. Des analystes évoquent déjà la possibilité d’une récession dans certains pays. Le danger est actuellement plus important en Europe qu’ailleurs (du fait de la forte dépendance aux approvisionnements énergétiques russes et à l’envolée de la facture énergétique). Le prix du gaz naturel est actuellement six fois plus élevé qu’il y a un an et l’électricité coûte environ cinq fois plus chères qu’en 2021. Cela a contraint plusieurs entreprises, particulièrement dans l’industrie où la consommation d’énergie est élevée, à réduire leur production. Les consommateurs sont aussi touchés et réduisent, si possible, leurs dépenses. Ainsi, nous assistons depuis peu à une baisse des taux du fret. Sur la route reliant Shanghai (Chine) à Rotterdam (Pays-Bas), le tarif pour l’envoi d’un conteneur de 40 pieds est à un point bas de neuf mois à 11 190 dollars. Cela représente une baisse de 25% par rapport au point haut d’octobre 2021.
- La normalisation sur le marché obligataire continue. Hier, le taux à 10 ans de la France, qui sert de référence au marché, a franchi le seuil psychologique de 1%. Il renoue avec ses niveaux de l’été 2015. Nous ne serions pas surpris si le taux de référence finit proche des 2% d’ici la fin de l’année. La sortie des mesures ultra-accommodantes de politique monétaire et surtout la trajectoire de l’inflation vont avoir un effet brutal sur le marché obligataire cette année.
–Les résultats d’entreprises continuent avec China Construction Bank, Bank of China, BYD (entreprise de fabrication), Kuaishou Technology (opérateur de la deuxième application de vidéos de partage en Chine), BOC Hong Kong (secteur bancaire), Great Wall Motor (constructeur automobile), Micron Technology (informatique), Lululemon Athletica (l’un de nos valeurs préférées dans le secteur de l’habillement) et McCormick (matériel agricole).
–Début d’un nouveau cycle de négociations entre la Russie et l’Ukraine. Les attentes sont faibles.