L'exercice des prévisions

L'exercice des prévisions

Macro
CD
Christopher Dembik

Responsable de l'analyse macroéconomique

La baisse des tensions géopolitiques est un moteur de hausse des indices à court terme, comme l’est la publication d’un indice ZEW allemand moins mauvais que prévu en novembre (voir plus de détails ci-dessous). Pour autant, nous continuons de penser que la tendance de fond reste toujours négative. Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur le front de l’inflation et sur la trajectoire économique en Europe (la récession est probable mais son ampleur est difficile à prévoir). C’est évidemment en ce moment que les analystes et économistes publient leurs prévisions pour 2023. Mais étant donné la forte incertitude macroéconomique, il ne faut certainement pas y prêter trop attention. Nous avons souvent coutume de dire que c’est en mars (soit trois mois après le début de l’année) que nous sommes vraiment en mesure de connaître avec un peu de fiabilité la trajectoire de l’économie. Si on se souvient bien, la durée de vie des prévisions économiques publiées en novembre/décembre est plutôt courte. Dès le mois de janvier, elles sont invalidées. Dans l’immédiat, le plus sage est de jouer la carte de la prudence.

Il n’y avait pas énormément de statistiques hier. En Europe, l’attention s’est portée sur l’indice ZEW allemand (mois de novembre). Ce fut une bonne surprise. Le sentiment des investisseurs a bondi nettement en l’espace d’un mois. Le ZEW est passé de -59,2 à -36,7 (consensus à -50,0). Le sentiment sur la situation actuelle s’est aussi amélioré puisque le sous-indice est ressorti à -64,5 contre -72,2 en octobre. Pour autant, cela ne signifie pas que l’économie allemande se porte bien. La récession reste le scénario central.

La déconfiture des crypto-actifs nous invite à publier (de nouveau) nos quelques conseils de bonne hygiène financière si on décide quand même d’investir sur cette classe d’actifs :
Conseil n°1 : Avoir conscience que l’argent investi peut être perdu en grande partie. C’est rarement le cas avec d’autres investissements classiques (à moins d’investir sur une small cap, une petite capitalisation boursière qui devient un penny stock, une action hautement dilutive qui évolue à moins d’un euro. Il y a en a malheureusement beaucoup à la Bourse de Paris. On ne citera pas de nom…) ;
Conseil n°2 : Ne jamais mettre plus de 5 % du total de son portefeuille investi en crypto-actifs. C’est une borne haute.
Conseil n°3 : Avoir conscience qu’investir en crypto-actifs, c’est investir à long terme (voire à très long terme). Il y a quelques mois de cela, j’ai lu une tribune qui comparait les crypto-actifs à un investissement en direct dans une start-up (au private equity, donc). C’est sensé. Il y a au moins deux similitudes : la forte composante technologique (les crypto-actifs sont adossés très souvent à la Blockchain) et la prise de risque (qui est élevée mais qui est lissée dans le temps, normalement). Il ne faut donc pas espérer faire fortune avec les crypto-actifs en quelques mois. C’est certainement évident. Mais c’est bon de le rappeler.


Les résultats d’entreprises continuent avec Siemens Energy (centrales électriques, en particulier thermiques), Tencent (services internet et mobile), Experian (détection et prévention de la fraude), SSE (énergie et téléphonie), Nibe Industrier (technologie de chauffage), Nvidia (calcul informatique et intelligence artificielle), Cisco (transformation numérique), Lowe’s (matériel de construction et de jardinage), TJX (vente au détail, grande distribution) et Target (deuxième plus important distributeur discount aux Etats-Unis).

L’actualité est consacrée en partie au Royaume-Uni cette semaine. A partir de 15h15, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey est auditionné par le Parlement britannique à propos de la conjoncture et en particulier de l’inflation. Demain, le gouvernement britannique présente sa version finalisée du projet de Budget pour l’année 2023. En septembre dernier, le mini-budget de l’éphémère Premier ministre Liz Truss avait provoqué une panique de marché et un assèchement de la liquidité. L’objectif du gouvernement est de présenter un budget laissant la part belle aux économies (il va falloir réduire les dépenses d’au moins 30 à 40 milliards de GBP par an selon les estimations). C’est le seul moyen pour que les investisseurs étrangers (qui sont essentiels pour maintenir le train de vie du Royaume-Uni) retrouvent confiance. Cependant, il faudra éviter l’écueil de l’austérité qui par le passé n’avait fait qu’aggraver la situation économique (par exemple immédiatement après la crise financière de 2007-08). Le budget 2023 a toutes les chances d’aggraver la récession. Cela fait consensus chez les économistes. Avant même sa présentation, la Banque d’Angleterre affiche son pessimisme. Le pays est déjà entré en récession. Celle-ci devrait durer jusqu’à mi-2024. Il n’y aura pas de fort rebond économique par la suite (la croissance moyenne annuelle post-récession devrait être anémique, autour de 0,75%). A noter que vendredi la Banque Centrale Européenne va publier les remboursements de TLTRO (dispositif de crise qui permet aux banques de second rang de se refinancer à bas coût). D’habitude, c’est un non-évènement pour les marchés financiers. Seuls les analystes qui suivent de près la politique monétaire en zone euro s’y intéressent. Mais les choses changent. Le 27 octobre dernier, la banque centrale a annoncé une modification rétroactive des taux s’appliquant sur les TLTRO qui sera effective à partir du 23 novembre prochain. Alors que les banques ont pu emprunter à des taux ultra-bas, les taux qui vont désormais s’appliquer seront liés au taux de dépôt (qui pourrait atteindre un pic à 2,50 % l’an prochain). L’objectif est d’inciter les banques à rembourser en avance les prêts qui ont été consentis (sachant que la plus grande partie des TLTRO arrive à échéance en juin prochain). Cela rentre dans le cadre du processus de normalisation de la politique monétaire. A ce stade, nous ne savons toujours pas quelles vont être les conséquences au niveau des flux de crédit dans la zone euro. C’est un point à surveiller.

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