Le retour des dividendes
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Certains investisseurs craignent que la possible récession aux Etats-Unis ne fasse chuter les bourses. Ils reviennent donc sur les valeurs à fort dividende pour diversifier leur portefeuille. En France, nous avons de la chance. Plusieurs belles sociétés cotées proposent de généreux dividendes, peu importe le contexte économique. Il y a évidemment LVMH avec une augmentation du dividende versé de 285% en cinq ans. Mais ce n'est pas la seule entreprise à être très généreuse avec ses actionnaires. La progression du dividende de L’Oréal atteint 250% sur les cinq dernières années. C’est même encore plus avec Mastercard puisque la progression a été de 300%. Broadcom (semi-conducteurs) fait seulement (si on peut dire) 185% sur cinq ans. Même si nous doutons qu’un décrochage des bourses soit imminent, c’est certainement intéressant de diversifier au maximum son portefeuille, en particulier avec des entreprises qui habituellement offrent de généreux dividendes. C’est ainsi qu’on peut répartir au mieux son risque.
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques lors de la séance de vendredi. L’inflation en France (indice des prix à la consommation) a été confirmée à 5,9% sur un an en avril. L’inflation sous-jacente reste malheureusement toujours douloureusement élevée à 6,3%. Poste par poste, les évolutions sont, sans surprise, contrastées. Les prix de l’énergie affichent une accélération sur un an, essentiellement en raison de l’effet de base. L’accélération est aussi perceptible au niveau des services (en particulier les services d’entretien et de réparation du logement). La dynamique est aussi toujours inquiétante pour les transports. La bonne nouvelle (si on peut dire), c’est que les prix de l’alimentation commencent enfin à ralentir un peu, comme les prix des produits manufacturés.
- Le secteur du luxe continue de cartonner. Le géant suisse Richemont (qui pourrait être une proie de LVMH) a annoncé un profit nettement supérieur aux attentes à plus de 5 milliards d’euros. L’entreprise a au passage annoncé le versement d’un dividende exceptionnel de 1 CHF par action. En termes de perspectives macroéconomiques, le groupe ne perçoit toujours pas de rebond du tourisme chinois (c’est normal, puisque la consommation en Chine est à la traîne) et il estime que la demande aux Etats-Unis a été en phase de ralentissement depuis novembre (c’est intéressant puisque le groupe Hermès a une vision différente de la situation sur ce point bien précis). A l’instar de Hermès, LVMH et dans une moindre mesure Kering, Richemont fait partie des belles valeurs en bas de portefeuille.
- C’est un peu compliqué sur les matières premières en ce moment. Cela s’explique en partie par les chiffres chinois (repli des prix à la production et moins de nouveaux prêts bancaires que prévu). Le cuivre s’est effondré dans la foulée à un point bas annuel. Le marché du pétrole n’est guère en meilleure situation. L’OPEP a révisé à la hausse ses prévisions d’évolution de la demande. Elles sont passées à 2,3 millions de barils par jour (+50 000 barils) en raison d’une amélioration des perspectives en Chine. Le marché semble dubitatif quant à la vigueur de la reprise chinoise. On ne peut pas le blâmer. Il est donc peu probable qu’on assiste à court terme à un rebond durable des prix du pétrole. De son côté, l’or est toujours bloqué sous la résistance à 2050 dollars. Il faudra un nouveau catalyseur (mais lequel) pour pousser les cours à la hausse. A moyen terme, nous sommes toujours positifs sur l’once d’or. Enfin, l’effondrement des prix du gaz de référence en Europe se poursuit. Lors de la séance de mercredi, il est passé sous le cap symbolique de 35 euros (première fois depuis juillet 2021). Au total, les cours ont baissé de 50% depuis le début de l’année. Ça va continuer.
Il n’y a quasiment aucune statistique majeure cette semaine. Par conséquent, le débat sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis pourrait de nouveau être un des points d’attention du marché (ainsi que le stress bancaire qui a ressurgi en fin de semaine dernière). En théorie, si les démocrates et les républicains ne parviennent pas à un accord sur le relèvement, les Etats-Unis pourraient être en défaut de paiement le 1erjuinprochain. Soyons rassurés, en l’espace de vingt-deux ans, le plafond a été relevé à vingt reprises, y compris sous l’administration Obama (les relations au Congrès étaient encore plus exécrables). Il est donc probable qu’il y ait un vingt-troisième relèvement cette année après que les républicains aient obtenu d’importantes concessions de l’administration Biden. Supposons que cela ne soit pas le cas, est-ce que les Etats-Unis seraient réellement en défaut de paiement ? Pas nécessairement. Le Trésor américain a mis en place un plan d’urgence qui a été testé par le passé afin de s’assurer que le gouvernement pourrait prioritiser le paiement des détenteurs de dette publique américaine sur tous autres paiements. Cela permettrait d’éviter un défaut. Mais, évidemment, cela n’empêchera pas le chaos économique qui pourrait survenir (perte de confiance dans l’économie américaine, fuite massive des capitaux, récession etc…). Ça permet de relativiser un peu les choses.
Rien de majeur sur le front des entreprises aujourd’hui.
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