Dur pour les permabers

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Les permabears ont un début d’année difficile. Malgré les nombreux risques qui ont émaillé ces quatre mois, les marchés boursiers restent bien orientés. Les actions restent attractives, même s’il y a parfois un sujet de valorisation (notamment en ce qui concerne le luxe). C’est pourquoi beaucoup d’investisseurs renouent avec les obligations. En effet, en termes de tendance, à quoi bon prendre beaucoup de risques sur le marché actions avec un indice CAC 40 qui est au plus haut alors qu’on peut avoir un rendement autour de 5% sur le marché obligataire sans aucun risque. Ce recentrage sur le marché obligataire se produit : depuis le début d’année, 2/3 des flux d’ETF ont été investis dans des ETF obligataires. Au niveau du stock picking, nous sommes assez surpris par la stratégie récente de Tesla. L’entreprise avait opté pour un positionnement en haut de gamme. La voilà qui se lance désormais dans la guerre des prix. Nous doutons que Tesla ait réellement un pricing power (ou alors très faible). Il n’est donc pas certain que cette stratégie soit payante du point de vue des marges. Il va falloir convaincre le marché que c’est un choix opportun et aussi justifier la valorisation actuelle. Le titre a pris 49% depuis le début de l’année – ça va être dur à tenir. Prudence, par conséquent.
- On a énormément parlé ces dernières semaines de la chute du dollar américain et de son grand remplacement par le yuan chinois. Évidemment, il y a eu beaucoup d’annonces (par exemple, la France et la Chine ont effectué leur première transaction en CNY pour du gaz naturel liquéfié). Mais si on regarde les chiffres (c’est ce que font les économistes !), on est loin du compte. Si on regarde les produits dérivés sur les taux d’intérêt, les transactions en CNY atteignent environ 30 milliards de dollars chaque jour. C’est l’équivalent de l’Afrique du Sud. Du côté du dollar, cela arrive toutes les vingt minutes. Il faudrait près de 77 ans pour que les transactions en CNY soient aussi importantes que les transactions en USD qui s’effectuent en un an. C’est à peu près la même chose si on s’intéresse au Forex. La Chine représente ce qu’étaient les Etats-Unis en 1992. Il y a pour ainsi dire un retard de trente ans voire certainement plus. Même en ajoutant les transactions qui ont lieu à Hong Kong, il faudrait des décennies avant que le dollar perdre son rôle de seule monnaie de réserve mondiale. En revanche, l’intensification des échanges en CNY (sans passer par le truchement de l’USD) va se poursuivre. C’est certain.
- Sur les petites et moyennes valeurs, on constate un peu plus de mouvements. Le groupe NRJ a vu son cours rebondir nettement depuis lundi et les volumes s’étoffer (autour de 6900 contrats par jour). C’est une petite valeur mais qui est quand même liquide (capitalisation supérieure à 500 millions d’euros). Le cours évolue proche des 7 euros. Il est toutefois encore très loin de son pic à 11,99 euros. Cela souligne à quel point il est hasardeux (compliqué) d’investir sur les petites valeurs boursières. Si on prend ce titre, l’une des difficultés, qu’on va retrouver ailleurs, c’est qu’il n’y a quasiment plus de recherches effectuées par des analystes indépendants. Difficile de se positionner dans ce contexte.
Les résultats d’entreprises continuent avec CATL (entreprise technologique chinoise), Tryg (compagnie d’assurance qui s’adresse en particulier aux PME), Nokia, Sartorius (biomédicaments et vaccins), Volvo, Philip Morris, AT&T, Union Pacific (transport ferroviaire de marchandises) , American Express, Blackstone (fonds d’investissement américain), CSX (entreprise ferroviaire américaine) et DR Horton (construction d’habitations aux Etats-Unis).
C’est une séance dense, mais sans indicateurs majeurs. Le compte-rendu de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne devrait confirmer que le cycle de durcissement monétaire ne va pas s’arrêter dans l’immédiat. Ce n’est pas une surprise. La dynamique d'inflation reste préoccupante en zone euro, en particulier sur le segment de l'inflation sous-jacente. Aux Etats-Unis, les revendications hebdomadaires au chômage sont attendues en très faible hausse (240k) et l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie devrait rebondir (-19,2). Il est peu probable que cela provoque beaucoup de volatilité.
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