Duo

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Cette semaine, la Banque du Canada (BoC) et la Banque Centrale Européenne (BCE) vont durcir de nouveau leur politique monétaire. Au Canada, la hausse devrait être de 50 points de base. Le point haut au niveau des taux pourrait être prochainement atteint étant donné les fragilités constatées sur le marché de l’immobilier. En zone euro, la marge de manœuvre est plus élevée (et la nécessité d’agir pour combattre l’inflation est plus importante aussi). Nous nous attendons à ce que la BCE augmente son taux directeur de 75 points de base et annonce d’autres hausses de taux à venir (probablement au moins jusqu’en février 2023 lorsque l’entrée en récession aura été officialisée). Le débat sur la réduction du bilan de la banque centrale (qui fait partie intégrante du processus de durcissement de la politique monétaire) devrait débuter cette semaine mais une décision finale (en particulier un calendrier précis) ne devrait être dévoilée qu’en décembre prochain. Nous nous attendons également à ce qu’il y ait des discussions techniques afin d’inciter les banques commerciales à rembourser en avance les sommes liées au programme de refinancement à très long terme (aussi appelé TLTRO). Cela ne devrait cependant pas avoir d’effet majeur sur le marché boursier.
- Il n’y avait pas de statistiques majeures vendredi dernier.
- Pendant les dix dernières années, nous avons toujours été très confiants pour le marché de l’immobilier français. Nous le sommes moins avec le nouvel environnement macroéconomique marqué par une forte inflation. En fait, nous ne voyons pas comment les prix ne pourraient pas chuter significativement dans les mois à venir. Un couple qui gagnait 3000 euros par mois et remboursait 1000 euros par mois il y a trois ans pouvait emprunter environ 250 000 euros (avec un taux annuel effectif global ou TEG à 1,50 %). Aujourd’hui, il ne peut plus emprunter que 211 000 euros avec un TEG qui a doublé à 3%. Et encore, c’est en raisonnant à mensualité constante. Avec l’inflation qui n’est pas près de disparaître, les ménages français vont certainement revoir drastiquement à la baisse le niveau de leurs projets immobiliers. Les banques sont aussi contraintes à une plus grande prudence. Dans son projet de budget pour 2023, le gouvernement anticipe une hausse des dépenses des ménages pour l’immobilier. C’est une douce illusion. On ne peut pas exclure, en outre, que dans certaines villes où les prix ont très fortement gonflé sur un lapse de temps réduit, on assiste à une dégringolade très rapide en 2023. Prudence.
- Nous avons souvent eu ces dernières semaines des questions concernant les crypto-actifs (faut-il investir ? Si oui, comment ?). Rappelez-vous qu’ils font partie de notre ‘portefeuille à 100 ans’ pour lutter contre la déflation (avec une exposition faible comprise entre 5% et 7%. Voici trois conseils de bonne hygiène financière si vous souhaitez vous lancer :
- Avoir conscience que l’argent investi peut être perdu en grande partie. C’est rarement le cas avec d’autres investissements classiques (à moins d’investir sur une small cap, une petite capitalisation boursière qui devient un penny stock, une action hautement dilutive qui fluctue à moins d’un euro. Il y a en a malheureusement beaucoup à la Bourse de Paris. On ne citera pas de nom…) ;
- Ne jamais mettre plus de 5-7% du total de son portefeuille investi en crypto-actifs. C’est une borne haute ;
- Avoir conscience qu’investir en crypto-actifs, c’est investir à long terme (voire à très long terme). Il y a quelques mois de cela, j’ai lu une tribune qui comparait les crypto-actifs à un investissement en direct dans une start-up (au private equity, donc). C’est sensé. Il y a au moins deux similitudes : la forte composante technologique (les crypto-actifs sont adossés très souvent à la Blockchain) et la prise de risque (qui est élevée mais qui est lissée dans le temps, normalement). Il ne faut donc pas espérer faire fortune avec les crypto-actifs en quelques mois. C’est certainement évident. Mais c’est bon de le rappeler.
La semaine commence avec la première estimation des PMI pour le mois d’octobre. Nous nous attendons à une contraction de l’activité dans le secteur manufacturier pour les principaux pays européens (Allemagne : 47,2 ; France : 49,8 ; zone euro : 48,0). Le secteur des services devrait aussi montrer des signes évidents d’essoufflement (France : 50,5 contre 52,9 en septembre, par exemple). C’est une nouvelle confirmation que la zone euro s’enfonce a priori dans la récession (peu importe d’ailleurs la gravité de la crise énergétique cet hiver). Aux Etats-Unis, l’indice d’activité nationale de la Réserve Fédérale de Chicago devrait confirmer le ralentissement économique à l’œuvre (en revanche, la récession n’est pas acquise). A noter que le nouveau Premier ministre britannique devrait être connu d’ici la fin de la semaine.
Plutôt calme sur le front des entreprises aujourd’hui.