Dovish hike
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
La Réserve Fédérale américaine n’a pas pris à revers le marché. Elle a augmenté son taux directeur principal de 50 points de base et, vraisemblablement, une hausse d’amplitude similaire aura lieu en juin prochain. Ce sera également l’occasion pour la banque centrale de mettre à jour ses prévisions économiques trimestrielles. Le marché attendait également des annonces concernant le retrait progressif de la liquidité. Cela aura bien lieu mais en plusieurs étapes. Ce n’est que dans quelques mois que la réduction du bilan atteindra son rythme de croisière (95 milliards de dollars par mois). Cela semble indiquer que la banque centrale américaine veut rester attentive à tout impact négatif (sur les taux, les marchés financiers en général) de la diminution de la liquidité. On sait, historiquement, que la réduction du bilan peut entraîner de sérieux à-coups sur certaines poches du marché (potentiellement le marché hypothécaire mais aussi les grandes valeurs technologiques).
- L’Union Européenne a annoncé l’interdiction des importations de pétrole russe (peu importe la nature). En outre, ce nouveau paquet de mesures prévoit que trois télévisions publiques russes soient interdites d’émission en Europe. Des grandes banques comme Sberbank vont également être sorties du système SWIFT. Pour l’instant, l’Union Européenne refuse d’interdire les importations stratégiques de gaz russe. Dans la foulée de l’annonce, le prix du baril de Brent a fortement grimpé de 2,40% (proche des 109 USD). Maintenant, les investisseurs attendent les mesures de représailles de Moscou.
- EDF est la société qu’il ne faut pas détenir dans son portefeuille. Il y a un débat depuis longtemps entre analystes sur l’opportunité que le fournisseur d’électricité soit coté en bourse. Ce débat sera peut-être prochainement tranché. Lors d’une conférence de presse hier à Paris, le directeur financier du groupe, Xavier Girre, a confirmé que la possibilité d’une nationalisation est sur la table. Cela pourrait passer par une loi (donc immédiatement après les élections législatives de juin) ou par une offre publique d’achat. Le groupe fait face à des difficultés financières et techniques majeures. Trois réacteurs nucléaires sont à l’arrêt pour des problèmes de corrosion et une investigation a lieu en ce moment sur neuf autres pour savoir si le problème est présent également. Cela risque de réduire significativement l’approvisionnement en électricité issue du nucléaire en France à court terme. L’Etat français est déjà actionnaire majoritaire du groupe, à hauteur de 83,88 %.
- Il n’y aura pas vraiment de troisième tour de l’élection présidentielle. Selon un sondage Harris Interactive publié le 4 mai dernier, le leader de La France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, n’a strictement aucune chance de devenir premier ministre. Ses efforts pour aboutir à une coalition large à gauche devraient simplement permettre d’éviter la bérézina pour les partis de gauche en difficulté, comme le PS et EELV. Le sondage Harris est clair : la LREM et ses alliés devraient obtenir largement plus de 300 sièges sur les 577 de l’Assemblée nationale lors des élections législatives des 12 et 19 juin. Plusieurs facteurs vont empêcher l’union de la gauche d’accéder au pouvoir : le positionnement anti-UE et anti-OTAN de Mélenchon et le vote tactique des électeurs de droite au second tour pour éviter que l’extrême-gauche ne rafle trop de sièges. Autrement dit, les élections législatives vont être un non-sujet du point de vue des marchés financiers.
Les résultats d’entreprises continuent avec Anheuser-Busch InBev (groupe brassicole), Shopify, Coloplast, Crédit Agricole, Société Générale, BMW, Zalando, UniCredit, Shell, ArcelorMittal, ConocoPhillips, Zoetis (entreprise de pharmaceutique vétérinaire), EOG Resources (exploitation d’hydrocarbures), Block (paiement mobile), MercadoLibre (commerce sur internet), Illumina (variation génétique) et Lucid Group (véhicules électriques).
La Banque d’Angleterre devrait augmenter son taux directeur de 25 points de base aujourd’hui. Il y a quelques semaines de cela, beaucoup d’investisseurs espéraient une hausse de 50 points de base. Mais un tel durcissement est désormais exclu. Les conditions économiques se sont fortement détériorées en l’espace de quelques mois, à cause du rebond de l’inflation (parmi les plus élevés dans les pays développés). Selon un sondage de l’ONS (équivalent de l’INSEE), près de 43% des personnes interrogées considèrent qu’elles ne vont pas pouvoir épargner dans les six à mois à venir à cause de la hausse généralisée des prix. C’est massif. Des analystes évoquent même déjà la possibilité d’une récession (dont d’anciens membres du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre). Le cycle de durcissement monétaire risque d’être plus court que prévu.
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