C'est toujours bon
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le marché parisien est toujours bien orienté (progression de 13% depuis le début de l’année). Nous nous attendons à une consolidation prochaine, en particulier parce que le mouvement de hausse est désormais uniquement porté par les investisseurs particuliers (et beaucoup moins par les institutionnels). C’est souvent le signe d’un revirement temporaire de tendance. A moyen terme, les fondamentaux restent bons. La macroéconomie joue actuellement un rôle mineur pour expliquer les variations du CAC 40. Depuis plusieurs mois, les analystes alertent sur le fait que les marges vont finir par se contracter lourdement au niveau des entreprises cotées. La réalité, c’est que ça résiste plutôt bien dans l’ensemble. On peut saluer la capacité des grandes entreprises (c’est une autre affaire pour les petites valeurs) à s’adapter à une évolution constante de l’environnement économique. En ce moment, nous commençons à regarder d’un peu plus près les valeurs défensives afin d’en intégrer un peu plus dans notre portefeuille (c’est essentiellement en prévision de la consolidation que nous avons annoncée).
- Le marché des matières premières attend avec impatience la réunion du Congrès du Parti communiste chinois qui devrait donner les grandes lignes directrices en termes de croissance pour l’année à venir. Nous tablons sur une cible de PIB à 5,5% cette année. Cela peut paraître peu par rapport à ce qui prévalait en Chine ces dernières années. Mais dans la réalité, c’est beaucoup et cela implique d’importantes mesures de soutien qui vont notamment aboutir à une hausse du prix des métaux industriels (logique imparable). C’est justement le pari fait par les investisseurs privés (d’où la hausse du cuivre et de l’aluminium, par exemple). Au niveau des matières premières agricoles, El Niño pourrait un peu perturber la donne dans le courant de l’année. El Niño se traduit par une hausse significative de la température à la surface de l’eau (10 mètres environ) au niveau de l’océan Pacifique oriental. Son origine est encore mal connue. En revanche, on sait que lorsqu’il survient, cela influence les conditions climatiques sur l’ensemble de la planète pour au moins deux ans. El Niño est surveillé par des organismes spécialisés (Organisation Météorologique Mondiale, Université de Colombia, Administration météorologique américaine etc.). Ils sont unanimes : le phénomène devrait se reproduire cette année (la probabilité est de 60% pour l’Université de Colombia). En revanche, son intensité reste à découvrir. Les précédents épisodes ont entraîné des sécheresses et des canicules (Australie en 2019, par exemple) qui ont des effets néfastes à la fois sur la faune, la flore et la production agricole. Si El Niño réapparaît, on peut parier que l’année 2023 sera plus chaude que 2022. Et cela pourrait être même pire en 2024. Ce qui est certain, c’est que cela tomberait au pire moment pour la France. L’année 2022 fut la plus chaude jamais mesurée pour notre pays (température moyenne de 14,5 °C sur douze mois). Surtout, nous venons de connaître un épisode inédit en cette période de l’année de 32 jours consécutifs sans averse. Les nappes phréatiques sont au plus bas (mauvaise nouvelle pour l’agriculture) tout comme le niveau des fleuves (mauvaise nouvelle pour la production d’énergie hydraulique). Difficile de ne pas envisager dans ces circonstances une hausse importante du prix des matières premières agricoles à moyen-terme (la hausse a été plutôt mesurée depuis le début de l’année).
- En France, le marché de l’immobilier continue de tanguer (à cause de la hausse des taux qui provoque une baisse de la demande solvable). En janvier 2022, il était possible d’acheter une maison de 100 m2 ou un appartement de 65 m2 en Ile-de-France. Désormais, avec le même capital, la superficie s’est nettement réduite à 85 m2 et 57 m2 respectivement. C’est énorme. En outre, la mensualité standard pour une maison de 250 000 euros dans la région s’est fortement accrue. Supposons que le crédit soit à 20 ans (ce qui est le cas la plupart du temps), la mensualité est passée de 1650 euros à 1950 euros en l’espace de quinze mois. Il est évident que ça ne va pas s’améliorer dans l’immédiat. La normalisation au niveau des taux ne fait que commencer. Nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent qu’un éclatement de bulle va avoir lieu (encore faudrait-il que la situation de bulle soit prouvée). En revanche, il est évident que le marché va connaître encore des difficultés.
Les résultats d’entreprises continuent aujourd’hui avec Royal Bank of Canada, Beiersdorf (entreprise allemande de cosmétiques), Reckitt Benckiser (laboratoire pharmaceutique qui est aussi présent en France), Kuehne + Nagel (logistique et transport de marchandises), Salesforce (solutions CRM pour accroître les ventes et fidéliser les clients), Lowe’s (matériel de construction et jardinage), Snowflake (hébergement de données dans le cloud) et NIO (constructeur automobile chinois).
L’inflation est toujours le point d’attention majeur du marché. Le consensus prévoit que l’inflation en zone euro (estimation flash prévue cette semaine) va ralentir à 8,2% en variation annuelle en février contre 8,6% le mois précédent. Mais il y a un bémol : l’inflation sous-jacente (hors énergie) est toujours à un niveau élevé, probablement autour de 5,3% en variation annuelle. Qu’est-ce que cela signifie ? L’inflation se répand dans tous les secteurs de l’économie. C’est préoccupant sachant qu’il n'y a pas de boucle prix-salaires en zone euro. Il fait peu de doutes que la Banque Centrale Européenne va augmenter son taux directeur de 50 points de base en mars prochain (mais elle pourrait aussi agir de manière similaire en mai). Ce qui est certain, c’est que le casse-tête de l’inflation ne va pas disparaitre de sitôt. Aujourd’hui, nous aurons l’estimation flash de l’inflation en Allemagne.
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