C'est la saison des soldes
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
On observe un retour des investisseurs sur les valeurs de croissance dont les valorisations sont incontestablement attractives. C’est le cas pour Hermès, L’Oréal, Eurofins Scientific (laboratoire d’analyses), STMicroelectronics et Dassault Systèmes, par exemple. Pour certaines de ces valeurs, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu une hausse aussi prononcée. C’est une bonne nouvelle. Pour autant, tous les risques n’ont pas disparu. L’introduction en bourse ratée de la plateforme de streaming digital Deezer (pourtant montrée comme un exemple par le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire) est la preuve que l’aversion au risque n’a pas encore totalement disparu des radars. A maints égards, la forte baisse du Brent sur un mois (recul de 16%) indique que les traders commodity jouent la récession. Celle-ci est loin d’être certaine, pourtant. Comme nous l’indiquions hier, nous sommes dans une configuration de marché propice au stock-picking au niveau des actions. Les investisseurs qui ont eu la sagesse de garder un peu de cash ces derniers mois (pouvant aller jusqu’à représenter 10% de leur portefeuille investi) vont désormais pouvoir partir aux soldes et revenir progressivement (c’est le terme qui compte dans cette phrase) sur les actions. Si l’histoire se répète (ce qui est loin d’être certain), nous devrions avoir un plutôt bon second semestre sur les actions. Comme l’a rappelé mon cher ami Wilfrid Galant sur l’antenne de BFM Business : « statistiquement, ça se passe toujours bien lorsque le premier semestre en bourse se passe mal ». Lorsque l’indice américain principal S&P 500 a perdu plus de 15 % au premier semestre, il a gagné en moyenne 24 % au deuxième semestre. Ce fut le cas à cinq reprises dans l’histoire récente : en 1932, 1939, 1940, 1962 et 1970. L’histoire ne se répète pas. Il y a de l’espoir, par conséquent.
- La crise énergétique poursuit son cours. Les futures sur l’électricité en Allemagne atteignent un nouveau record à 353 euros le mégawatt-heure. Ce n’est pas notre scénario de base. Mais si l’hiver est rude et que les entreprises allemandes sont confrontées à un rationnement énergétique (imaginons que les usines ne tournent que trois jours par semaine, par exemple), cela pourrait provoquer un effondrement encore plus brutal de l’EUR/USD, certainement sous le seuil des 0,90. Il est évident que la crise énergétique va être le sujet central pour l’Europe au second semestre (bien plus important que l’inflation).
- L’assèchement de la liquidité reste un point d’inquiétude majeure au niveau des bourses. La Réserve Fédérale américaine semble plutôt sereine, pour le moment. La comparaison entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022 fait néanmoins froid dans le dos du côté américain. Les émissions d’actions ont diminué de 79%, les introductions en bourse de 94,6%, les émissions d’obligations corporate de 26,4% et les émissions obligataires sur le haut rendement (high yield) de 74%. C’est quasiment inédit (alors qu’il n’y a pas de crise financière à proprement parler). Certains y voient une normalisation après des années d’excès. Chez Saxo Banque, nous avons tendance à faire partie de ce groupe. Mais nous reconnaissons que l’assèchement de la liquidité peut provoquer des effets indésirables déstabilisant l’ensemble du système.
- Il y a beaucoup de perdants dans la période actuelle. Mais il y a aussi quelques gagnants. L’Arabie Saoudite en fait partie. Le solde de la balance des échanges de biens a explosé. Il est passé de 120 milliards de dollars à 235 milliards de dollars en un an. On se croirait de retour dans les années 1970…
Aucun résultat d’entreprises cette semaine.
L’emploi américain est attendu cet après-midi. En juillet, l’économie américaine devrait continuer de créer des emplois à un rythme soutenu (268k contre 390k en juin). Le taux de chômage est prévu stable à 3,6% de la population active (c’est le plein-emploi). La présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, interviendra lors des Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence sur le thème « Que risque le monde ? ». Ceux d’entre vous qui espèrent un commentaire concernant l’effondrement de l’euro seront déçus.
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