C’est juste mauvais…très mauvais

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Les bourses sont dans le rouge. C’est normal. On ne pouvait pas s’attendre à autre chose en ce début de semaine. Les banques centrales vont durcir leur politique monétaire. Cela va réduire les flux de liquidité qui vont entrer dans l’économie et sur les marchés financiers. Certaines entreprises vont finir par entraîner des difficultés de refinancement (a minima dans des conditions moins favorables). La récession est désormais le scénario central pour plusieurs économies (dont la France). Le seul pays à adopter une politique monétaire accommodante est la Chine. Mais ce ne sera pas suffisant. Il est évident que la Chine ne souhaite pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2009-10 et qu’elle ne va pas prendre le relais de l’Europe et des Etats-Unis. Il faut s’attendre à un accident de marché à un certain stade (sur le crédit, crise de liquidité limitée par exemple). Nous sommes dans une situation plutôt délicate. Investir en ce moment nécessite d’avoir un horizon temps à long terme (c’est-à-dire d’être prêt à perdre peut-être un peu dans les mois à venir et de retrouver sa mise et même plus dans quelques années). Il y a aussi d’autres poches d’investissement que nous n’avons pas évoqué, comme les obligations d’entreprises à haut rendement (mais il faut connaître le sujet), et les actions à fort dividende (ça reste toujours une possibilité dans le contexte actuel). En ce qui concerne le CAC 40, nous redoutons une chute durable sous les 6000 points (possible si l’indice ne réussit pas à conserver les 5995 points dans les séances à venir). Les deux prochains objectifs à la baisse sur l’indice seraient alors les 5930 points (court terme) et les 5870 points (moyen terme).
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. Selon Bloomberg, la zone euro devrait entrer en récession l’an prochain (probabilité de 80% d’après les économistes interrogés). C’est aussi ce que nous pensons. La semaine dernière, Barclays a été la première grande banque internationale à abaisser drastiquement sa prévision de croissance pour la France en 2023 (contraction du PIB de 0,7%). La Banque de France a publié il y a quelques jours de cela plusieurs scénarios économiques pour le pays dont l’un repose sur une faible récession (contraction du PIB de 0,5% en 2023). C’est crédible. Il est simplement un peu trop tôt pour savoir exactement l’ampleur de la récession. Cela va dépendre à la fois de la gravité de la crise énergétique cet hiver et des mesures de soutien qui vont être adoptées (dans le cas français, le gouvernement est ultra-protecteur). En outre, les économistes s’attendent à ce que la Banque Centrale Européenne (BCE) poursuive son cycle de durcissement de la politique monétaire avec une hausse de 75 points de base en octobre prochain (amplitude similaire à celle du mois de septembre). C’est possible. Les conditions monétaires sont, dans tous les cas, trop accommodantes (il suffit de regarder l’évolution du crédit en zone euro). Nous pensons que la BCE va augmenter ses taux jusqu’à ce que l’entrée en récession de la zone euro soit quasiment certaine (dont jusqu’au premier trimestre de l’an prochain).
- Il y a une forte baisse des introductions en bourse (IPO) du fait de la chute des marchés financiers. Mais il y a des exceptions toutefois. La marque automobile de luxe Porsche a annoncé son projet d’IPO pour le 29 septembre prochain. L’ouverture du capital devrait être d’environ 12,5% selon les documents fournis. Les actionnaires de Volkswagen (qui détient Porsche) seront récompensés avec un dividende spécial. L’opération devrait être un succès. Il y a peu d’IPO et Porsche est une belle marque qui a toutes les chances d’attirer les particuliers et les institutionnels (à condition que le prix d’introduction soit raisonnable).
- Accident industriel pour Alstom hier qui fait partie des plus fortes baisses de l’indice CAC 40. Le prochain seuil à surveiller se trouve au niveau du support situé à 18 euros. La principale résistance est à 19,30 euros.
Les résultats d’entreprises continuent avec Haleon (soins de santé grand public au Royaume-Uni) aujourd’hui. Mais notre attention se porte surtout sur Lennar (constructeur immobilier américain) qui publiera ses résultats demain. Le groupe fait face à un scénario noir : hausse continue du prix des matières premières essentielles pour le secteur et montée des taux d’emprunt ce qui nuit à la demande. Il faut s’attendre à ce que l’action continue sa chute (dégringolade de 34 % depuis janvier).
Aucune statistique majeure aujourd’hui.