C'est fait
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le job est fait. La Banque Centrale Européenne a augmenté son taux directeur principal de 50 points de base, à 3 % (comme prévu). Il ne pouvait pas en être autrement. La banque centrale a également souligné que l’inflation devrait continuer d’être élevée pendant plus longtemps que prévu (ce qui ouvre la porte à une poursuite du durcissement monétaire). En outre, elle a également indiqué être prête à fournir de la liquidité aux banques, si nécessaire. C’était ce qu’il fallait faire (en termes de communication). Dans la foulée, l’EURUSD a peu réagi. Le taux à deux ans de l’Allemagne a augmenté de 10 points de base, par exemple. L’annonce de la banque centrale a toutefois été perturbée par une information de Bloomberg indiquant que le vice-président de l’institution, De Guindos, a indiqué aux ministres des finances de la zone euro mardi dernier que certaines banques européennes pourraient se retrouver en difficulté du fait des taux élevés. Ce n’est pas une surprise non plus (c’est peut-être pour cela que le marché a peu réagi).
Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier (toute l’attention était concentrée sur la Banque Centrale Européenne et les banques). En Italie, l’indice des prix à la consommation en février est ressorti un peu plus bas que prévu en dernière estimation, à 9,1% sur un an contre 9,2% précédemment. C’est un léger mieux mais cela ne change pas fondamentalement la donne. A Hong Kong, le taux de chômage est toujours au plus bas à 3,3% contre 3,4% précédemment. Au Japon, les commandes de machines ont fortement rebondi en janvier de 4,5% sur un an et de 9,5% sur un mois. C’est assez inattendu. Cet indicateur (vieil indicateur utilisé par les économistes) sert souvent de baromètre du commerce international. Les données du mois de janvier sont en contradiction avec d’autres indicateurs du commerce mondial (qui pointent plutôt un ralentissement). Il faudra certainement attendre encore quelques mois afin d’y voir plus clair. Enfin, aux Etats-Unis, les revendications hebdomadaires au chômage ont chuté plus que prévu, à 192 000 contre 205 000 attendus par le consensus des économistes.
Si les remous continuent au niveau des marchés financiers (et il faudra certainement plusieurs séances avant de savoir ce qui va réellement se passer), il est probable que les valeurs refuge s’en sortent mieux que les autres actifs (comme ce fut le cas lors de la séance de mercredi). Dit autrement : JPY > USD > CHF. Chacune de ces devises comportent des faiblesses (par exemple la politique monétaire ultra-accommodante au Japon pour le JPY). Mais dans un contexte de rapatriement des capitaux vers les valeurs refuge, il est probable que le JPY soit le grand gagnant si l’aversion au risque perdure. La situation pourrait encore se détériorer pour l’EUR. La devise de la zone euro est à la fois pénalisée par les inquiétudes boursières actuelles mais aussi par le positionnement des investisseurs (positionnement acheteur extrême sur l’euro ce qui induit pas mal de débouclage de positions à venir). A minima, nous tablons sur un regain de volatilité à court terme (comme on a pu le constater sur d’autres marchés ces dernières séances, en particulier le marché obligataire européen).
Avouer ne pas savoir n’est pas une honte. Dans le cas de la crise actuelle, il est très difficile d’avoir une idée précise de ce qui va se dérouler dans les séances et les semaines à venir. Ce qui est certain, c’est qu’il faudra sûrement plusieurs semaines voire plusieurs mois avant d’y voir plus clair. L’évolution sur le front bancaire va dépendre de deux points fondamentaux : l’évolution des conditions de prêt au sens large (ça se dégrade du fait des taux plus élevés mais est-ce que les tensions bancaires vont empirer la situation durablement) et l’état des banques de second rang qui ne sont pas systémiques et qui sont hors des radars de la Banque Centrale Européenne (en particulier concernant leur exposition à l’immobilier commercial). Ce dernier point n’est pas vraiment un sujet pour la France. Mais c’est clairement un point d’attention au niveau européen et même mondial. A court et à moyen-terme, la vigilance est de mise (mais pas la panique).
Il n’y a pas grand-chose au niveau des résultats d’entreprises aujourd’hui, à part Vonovia (entreprise immobilière qui fait partie de l’indice Dax). L’entreprise affiche une baisse de cours de plus de 8% depuis le début de l’année (4% en l’espace d’une semaine). C’est en grande partie liée au contexte actuel, évidemment.
Au niveau du calendrier économique, la séance est calme également. L’indice des prix à la consommation en zone euro pour le mois de février est attendu. Il s’agit de la dernière estimation (aucun écart prévu par rapport aux estimations précédentes, chiffre à 8,5% sur un an). A noter que l’indice des prix à la consommation pour la France a été révisé en hausse à 6,3% en février (mais cela ne change pas l’estimation globale pour l’Union).
Actualité des marchés en temps réel
Clause de non-responsabilité