Ca va swinger
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il est probable que le chiffre de l’inflation en zone euro provoque un ajustement de la prime de risque sur les marchés obligataires, ce qui va entraîner quelques remous en bourse. On sait que c’est finalement le marché obligataire (outre les rachats d’actions et le positionnement des particuliers) qui fait la tendance boursière actuellement. Les taux continuent de se tendre en zone euro. Le taux de référence à 10 ans pour l’Allemagne est proche de son point haut de douze ans (2,70%). Mais le taux italien à 10 ans est (pour l’instant) encore sous son point haut de 2022. Cela signifie que la transmission de la politique monétaire en zone euro fonctionne. C’est une bonne nouvelle pour la Banque Centrale Européenne à court terme car cela devrait rendre son job plus facile. Elle peut uniquement se concentrer sur l’inflation.Il n’est pas certain que cela dure. Mais dans l’immédiat, c’est positif.
- Au niveau des statistiques, la séance d’hier était plutôt chargée. La bonne direction de l’activité manufacturière en Chine (PMI à un pic depuis avril 2012, à 52,6 contre 50,1 en janvier) a rassuré les opérateurs de marché. Cela a bénéficié directement aux valeurs du luxe en bourse (sans surprise, avoir du LVMH dans son portefeuille d’actions est une bonne idée) et aussi à certaines valeurs industrielles qui sont exposées à la Chine (comme ArcelorMittal). La relance chinoise devrait prendre encore un peu plus d’ampleur dans les mois à venir – d’où une hausse à attendre des métaux industriels et de l’énergie (en particulier le pétrole). Chez Saxo Banque, nous estimons notamment que la demande chinoise de pétrole va atteindre un pic d’ici l’été autour de 4 millions de barils par jour. A l’heure actuelle, le marché est seulement en mesure de répondre à une hausse d’environ 1,2 million de barils par jour. Cela veut dire que les prix du pétrole vont certainement augmenter (cible à 100 dollars ?).
- L’intelligence artificielle a le vent en poupe. Comment investir ? Il existe deux possibilités : investir sur les grandes valeurs technologiques américaines (1) ou investir sur des petites valeurs afin de mieux capturer ce thème d’investissement (2). (1) Les grandes valeurs technologiques investissent dans ce domaine car l’intelligence artificielle va changer la manière dont fonctionnent les moteurs de recherche. Tout simplement. Microsoft espère améliorer Bing, par exemple. Si l’entreprise réussit à gagner 1 % de parts de marché dans les moteurs de recherche, cela représente 2 milliards de dollars de revenus par an supplémentaires. Ce n’est pas négligeable. Bien sûr, cela occasionne des coûts aussi (pression sur la marge, beaucoup de force de calcul nécessaire ce qui implique des investissements longs et souvent onéreux etc.). Deux grandes valeurs se détachent : Microsoft (comme vous l’avez compris) qui vient de racheter Open AI (le créateur de Chatgpt) pour 10 milliards de dollars et Google qui développe le même type d’algorithmes (développements continus depuis 2021 et des dépenses qui devraient atteindre 50 milliards de dollars cette année pour ce seul segment). Microsoft offre certainement le potentiel de gains le plus conséquent dans l’immédiat (l’entreprise ne possède que 3 % des parts de marché dans les moteurs de recherche contre 94 % pour Google mais le rachat de Chatgpt change la donne et devrait permettre un rattrapage). (2) On peut aussi choisir de se porter sur des petites valeurs spécialisées qui capturent mieux ce thème d’investissement. C’est en général ce que privilégient les gérants. Le choix n’est pas vaste. On retient parmi les valeurs actions possibles Nvidia (incontournable, y compris sur la thématique du métavers) ou C3.ai (une très belle valeur cotée aux Etats-Unis qui est présente sur une myriade de secteurs comme la défense, l’exploration pétrolière ou encore le secteur manufacturier). Dans l’immédiat, les valeurs de l’intelligence artificielle ne sont souvent pas cotées en bourse. Ce sont des start-ups dans bien des cas (on peut investir via leprivate equity en participant à une levée de fonds, par exemple). C’est une stratégie différente. A cet égard, on ne peut pas s’empêcher de mentionner l’application d’intelligence artificielle miniStudio.ai (qui est une petite start-up) et qui convertit les dessins des enfants en personnages animés. C’est mignon.
La séance est dense sur le front des entreprises avec Anheuser-Busch InBev, Argenx, Yunnan Energy New Material, Toronto-Dominion Bank, Fortum, Veolia Environment, Merck, Hapag-Lloyd, CRH, London Stock Exchange, Haleon, Flutter Entertainment, Universal Music Group, Broadcom, Costco, VMware, Marvell Technology et Dell Technologies.
L’inflation en zone euro est le principal point d’attention aujourd’hui. Les estimations flash pour la France et l’Espagne publiées plus tôt cette semaine ont confirmé que les pressions inflationnistes restent à des niveaux élevés. Il est probable que l’estimation flash pour la zone euro en février aille dans ce sens. Il faudra notamment surveiller le niveau de l’inflation sous-jacente (hors pétrole et alimentaire) pour s’en assurer. Un maintien de l’inflation à un niveau élevé validerait le scénario de deux hausses de taux de 50 points de base en mars et en mai par la Banque Centrale Européenne (pas de réunion en avril) puis une hausse de taux de 25 points de base en juin. Nous reconnaissons qu’il est très difficile d’avoir beaucoup de certitudes concernant la trajectoire exacte de l’inflation, en particulier au-delà de trois mois. Par conséquent, les attentes du marché en termes de niveau du taux terminal en zone euro vont certainement fluctuer dans les semaines et mois à venir.
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