A chaque jour sa peine

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: Même dans des conditions de marché difficiles, il reste encore des possibilités d’investissement.
Les mêmes craintes continuent d’agiter les marchés financiers : la baisse attendue de la croissance (qui s’explique en partie par l’Ukraine), l’envolée généralisée des prix (qui est en partie structurelle), quelques couacs au niveau des résultats d’entreprises (mais rien de trop inquiétant, pour le moment) et les incertitudes sur le resserrement monétaire aux Etats-Unis. En toile de fond, on commence aussi à évoquer l’impact négatif possible sur la croissance mondiale de la stratégie zéro Covid en Chine. Même dans des conditions de marché difficiles, il reste encore des possibilités d’investissement en se portant sur les mégatendances (comme l’intelligence artificielle, la robotique, la défense etc…), les fonds flexibles (très diversifiés et qui permettent aussi de saisir les opportunités à la baisse) ou plus simplement en shortant le marché. C’est d’ailleurs cette dernière stratégie qui est adoptée par beaucoup d’investisseurs institutionnels afin de passer le mauvais cap boursier actuel.
- Le yen continue de s’affaiblir ce qui renforce la probabilité d’une intervention sur les changes de la part des autorités nippones. L’USD/JPY a atteint pour la première depuis 2002 le seuil des 128,00. Cette baisse s’explique en partie par l’envolée des rendements longs des bons du Trésor américain (en approche du seuil des 3%) alors que les rendements à 10 ans au Japon sont toujours très bas (0,25%). La divergence de politique monétaire est donc la lame de fond qui pousse la monnaie nippone vers de nouveaux plus bas. Pour l’instant, la Banque du Japon et le ministère des Finances se sont contentés d’interventions verbales (s’inquiétant ouvertement de la « volatilité » du yen). Mais si cela ne suffit pas, il est probable qu’une intervention directe sur les changes ait lieu. D’autres banques centrale agissent ainsi (par exemple la Banque Nationale Suisse). Du point de vue de l’analyse technique, il faudra surveiller le seuil des 135 sur l’USD/JPY. Le yen se déprécie également fortement face à l’AUD suite à la publication du dernier compte-rendu de la Banque de Réserve australienne qui a été interprété comme « hawkish » par les intervenants de marché.
- La tendance baissière demeure pour l’EUR/USD. Le différentiel de politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique est un facteur de soutien du dollar américain. Les autres facteurs à prendre en compte sont les craintes de baisse de la liquidité en USD et la possibilité d’un resserrement quantitatif plus agressif qu’initialement anticipé par la Réserve Fédérale américaine. Il est probable que l’EUR/USD renoue à moyen terme avec son point bas de début 2020, autour des 1,0636.
- La baisse des stocks pousse le cuivre fortement à la hausse (deuxième point haut historique atteint en clôture lundi). Plusieurs perturbations au niveau de l’offre affectent les prix : 20% des exportations du Pérou sont à l’arrêt à cause de manifestations de communautés locales, la forte demande chinoise et l’électrification en lien avec la décarbonation de l’économie (structurel). Du point de vue de l’analyse technique, la principale résistance sur le cuivre se situe à 4,86 USD et le principal support à 4,65 USD (qui correspond à la moyenne mobile à 50 jours).
Débat présidentiel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ce soir à partir de 20h. En économie, l’attention se portera essentiellement sur le coût de la vie (et dans une moindre mesure sur la réforme des retraites). L’indice des prix à la consommation en France a augmenté à 4,5% sur un an en mars, contre 3,6% en février. L’inflation pourrait dépasser 5% en avril. Entre-temps, la croissance économique montre de sérieux signes d’essoufflement (consensus à 0,25% pour le premier trimestre). Il est évident que la cible de croissance du PIB à 4% dévoilée par le gouvernement ne sera pas atteinte. Peu importe l’issue du débat, il semble évident que Macron gagnera l’élection. Selon le dernier ‘rolling’ IPSOS publié le 18 avril dernier, le président a une avance de 6 points par rapport à Le Pen. En outre, au cours des derniers jours, la proportion d’électeurs de Zemmour prêts à voter pour Le Pen a diminué (73%) tandis que le pourcentage d’électeurs de Mélenchon disposés à voter pour Macron s’est accru (38%). Le Front Républicain semble continuer de fonctionner. Nous n’attendons strictement aucun impact majeur de l’élection sur les marchés financiers.
Les résultats d’entreprises sont nombreux aujourd’hui avec China Mobile, China Telecom, ASML (semi-conducteurs), Heineken, ASM International (semi-conducteurs), Sandvik (outils et services de coupe à l’industrie), Tesla, Procter & Gamble, Abbott Laboratories, Anthem (assurance maladie), CSX (réseau ferroviaire), Lam Research (semi-conducteurs), Kinder Morgan (infrastructures de transports et de stockages dédiés aux hydrocarbures) et Baker Hughes.