La “Grande et Belle Loi” et ses implications pour les investisseurs ESG

Ida Kassa Johannesen
Head of Commercial ESG and Education
Résumé: Le 4 juillet 2025, la Grande et Belle Loi (aussi appelée loi de réconciliation) a été adoptée aux États-Unis. Elle prévoit de grosses coupes dans le budget des agences fédérales et des programmes sociaux, change les règles fiscales et modifie la réglementation de plusieurs secteurs. Cette loi aura des conséquences importantes pour les investisseurs qui prennent en compte les critères ESG partout dans le monde.
Dans cet article, nous résumons les points clés de la loi, les secteurs les plus touchés et ce que cela signifie pour les investisseurs soucieux d’intégrer l’ESG dans leurs décisions.
Qu’est-ce que le projet de loi de réconciliation ?
Le projet de loi de réconciliation est en train de remodeler le paysage politique américain. Ses principales dispositions prévoient une large déréglementation, la suppression de crédits d’impôt pour les énergies propres, des coupes budgétaires profondes dans les agences fédérales et les programmes sociaux, ainsi qu’un renforcement des incitations en faveur de la R&D et de la production domestique. Il inclut également des réductions fiscales substantielles pour les particuliers comme pour les entreprises.
Si ce projet vise à stimuler l’efficacité économique et la croissance à long terme, il devrait aussi accroître fortement le déficit fédéral. Selon le Congressional Budget Office, il entraînerait une baisse des recettes fiscales fédérales d’environ 4 300 milliards USD sur la prochaine décennie, faisant passer le déficit américain de son niveau actuel de 1 800 milliards USD à environ 4 700 milliards USD.
Impact environnemental : un revers pour les énergies propres
La suppression des incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables signifie que les projets éoliens et solaires, les carburants propres et les technologies liées aux véhicules électriques perdront un soutien essentiel. D’après le laboratoire Zero Lab de l’Université de Princeton, plus de 500 milliards USD d’investissements dans l’énergie propre et les transports pourraient être menacés. De son côté, le Center on Global Energy Policy de l’Université Columbia estime que la capacité de production d’électricité propre pourrait diminuer de 50 à 60 % au cours de la prochaine décennie.
La déréglementation profite aux secteurs historiquement les plus polluants, tels que le pétrole et le gaz, les mines et les services publics, qui bénéficieront de procédures d’autorisation accélérées et de coûts de conformité réduits.
Ce changement risque de réduire les incitations des entreprises à améliorer leurs performances environnementales et pourrait fragiliser à la fois l’investissement durable et les efforts de transition climatique.
Le projet de loi de réconciliation prévoit d’importantes réductions budgétaires pour plusieurs programmes sociaux, aux États-Unis comme à l’étranger. Parmi les plus touchés figurent Medicaid et le programme d’assurance santé pour les enfants (Children’s Health Insurance), dont la baisse des financements pourrait fortement limiter l’accès aux soins pour des millions de familles à faibles revenus et d’enfants. Les assureurs privés et les grands groupes hospitaliers pourraient profiter d’une hausse de la demande liée au recul de la couverture publique. Les laboratoires pharmaceutiques, eux, bénéficieraient d’une pression moindre de l’État pour réduire le prix des médicaments. D’un point de vue social, la loi risque d’aggraver les inégalités, d’accroître la pauvreté et l’insécurité alimentaire, d’élargir les écarts en matière de santé et d’affaiblir encore davantage le filet de protection sociale. Les familles modestes, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap seraient les plus durement touchés.Impact social : coupes dans la protection sociale
Impact sur la gouvernance : un affaiblissement de la supervision
Les coupes budgétaires massives visant des agences fédérales telles que le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) et la Securities and Exchange Commission (SEC) auront des conséquences majeures pour le secteur des services financiers et la protection des consommateurs.
Ces agences disposeront de moins de ressources pour superviser les institutions, mener des enquêtes et appliquer la réglementation. En conséquence, les acteurs des services financiers – banques, courtiers et sociétés de gestion – pourraient bénéficier d’une plus grande autonomie et de coûts de conformité réduits.
D’un point de vue gouvernance, toutefois, ces évolutions pourraient entraîner une baisse de la transparence, inciter les entreprises à adopter des comportements moins éthiques et encourager une prise de risque excessive. Ces changements risquent de fragiliser la transparence et d’éroder la confiance des investisseurs dans les marchés financiers.
Considérations stratégiques pour les investisseurs ESG
Le projet de loi crée clairement des gagnants et des perdants. Les investisseurs non-ESG pourraient réallouer leurs capitaux vers des secteurs privilégiés, ce qui affecterait indirectement les entreprises alignées sur l’ESG via des pressions sur les valorisations et les flux de capitaux.
Pour traverser cette phase de transition, les investisseurs ESG devraient :
Réévaluer l’exposition de leur portefeuille afin de garantir son alignement avec leurs objectifs de durabilité à long terme.
Envisager de renforcer leur allocation vers des secteurs ESG résilients tels que les infrastructures durables et les technologies intégrant l’ESG.
Continuer à soutenir les acteurs des énergies propres, en gardant à l’esprit la dimension de long terme de cette transition.
Examiner attentivement les rapports ESG et les stratégies de durabilité des entreprises en portefeuille.
Suivre la couverture médiatique et l’actualité pour détecter les enjeux et controverses émergents liés à l’ESG.
S’engager activement auprès des entreprises et des gérants d’actifs pour promouvoir des pratiques responsables.
Conclusion
Le projet de loi « One Big Beautiful Bill » marque un tournant dans la politique américaine, qui remet en question les avancées de l’ESG. S’il constitue indéniablement un vent contraire à court terme, il souligne aussi l’importance d’un investissement résilient et guidé par des valeurs. Les investisseurs ESG doivent rester attentifs à leur environnement, s’adapter à l’évolution des conditions de marché et demeurer fidèles à leur engagement en faveur d’un impact positif et durable.
Comment investir dans des placements durables
Vous pouvez explorer les thématiques ESG de Saxo afin de découvrir des sélections d’entreprises et de fonds mondiaux qui intègrent les principes ESG dans leurs activités principales. Notez que l’univers ESG est en constante évolution et qu’au fil du temps, les entreprises et fonds sélectionnés peuvent adapter certains aspects de leurs stratégies et pratiques ESG, ce qui peut modifier leur profil de durabilité. Ces listes sont révisées et mises à jour périodiquement pour refléter ces changements, bien que pas toujours immédiatement.
Avant tout investissement, il est essentiel de prendre en compte vos objectifs, votre tolérance au risque et votre horizon de placement, et de consulter les informations disponibles sur la plateforme, y compris la notation de risque ESG du produit.
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