Voir le verre à moitié plein
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le marché boursier est sur une tendance de fond baissière qui a peu de chances de changer à court terme. Il n’y a pas suffisamment de bonnes nouvelles en mesure de faciliter une remontée durable des indices boursiers. Au contraire, les dernières statistiques (celle de l’inflation en août aux Etats-Unis, par exemple) incitent plutôt à la prudence. S’ajoute à cela un risque de récession accru dans la plupart des pays européens, y compris la France. Avant-hier, le patron de la puissante fédération des industries allemandes, Dieter Kempf, a annoncé s’attendre à une « récession massive » outre-Rhin. En France, la récession devrait être d’ampleur moindre en raison du maintien des stabilisateurs automatiques, du bouclier tarifaire pour protéger les ménages (les tarifs de l’électricité et du gaz ne vont augmenter que de 15% en 2023 selon les annonces du Premier ministre, Elisabeth Borne, hier) et d’un état actuel de l’économie plutôt très bon (le taux d’activité des 15-64 ans est à son point haut historique, à 73,5% - c’est le meilleur indicateur pour juger de la santé réelle du marché de l’emploi). Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de casse. Ce sera difficile. Mais l’économie française est mieux armée pour affronter l’inévitable récession qui arrive que la plupart des autres pays européens.
- Il y avait peu de statistiques hier. Les prix à la production aux Etats-Unis ont atteint 8,7% sur un an en août contre un consensus à 8,8%. Hors éléments volatils (alimentation et énergie), la hausse est de 0,4% sur un mois. C’est un signal plutôt positif après que l’indice des prix à la consommation pour le mois d’août soit ressorti supérieur aux attentes mardi (à 8,3% sur un an contre 8,1% prévu). Il faut s’attendre à ce que l’inflation soit encore très volatile dans les mois à venir. En outre, l’Union Européenne s’est mis d’accord sur une baisse de 10% de la consommation d’électricité par mois par rapport à la même période au cours des années précédentes (une moyenne sur plusieurs années est effectuée). Toutefois, cette baisse se fera sur la base du volontariat. On ne peut toujours pas exclure des rationnements en énergie cet hiver en Europe.
- Certaines parties de la Chine s’ouvrent de nouveau. La ville de Chengdu (capitale de la province de Sichuan et comportant près de 9 millions d’habitants) a annoncé la levée progressive des mesures de restrictions mises en œuvre pour lutter contre la Covid à partir d’aujourd’hui. C’est une bonne nouvelle pour les grands acteurs de l’électronique et des hautes technologies qui sont implantés dans la ville (comme Huawei, IBM, Ubisoft etc.).
- Le transport est perturbé dans plusieurs zones par des mouvements de grèves. C’est le cas au Royaume-Uni avec des grèves prévues dans les principaux ports de Liverpool (à partir du 19 septembre) et de Felixstowe (à partir du 27 septembre). Aux Etats-Unis, c’est une grève au niveau du secteur du ferroviaire qui menace faute d’accord sur des hausses de salaires. Les négociations ont cours jusqu’à la fin de l’année mais les deux principaux syndicats du secteur (représentant 90 000 employés) sont peu optimistes dans l’immédiat. Selon les estimations, une grève pourrait coûter à l’économie américaine près de 2 milliards de dollars par jour. Aux Etats-Unis, près d’un tiers du fret intérieur est assuré par le rail. S'ajoutent à cela les congestions portuaires qui persistent, particulièrement en Californie.
Les résultats d’entreprises continuent avec Polestar Automotive (constructeur automobile appartenant au groupe Geely qui est aussi actionnaire de Saxo Bank) et Adobe (informatique).
L’agenda économique est peu chargé. Les revendications hebdomadaires sont attendues en hausse à 226K contre 222K précédemment. Le marché de l’emploi est encore résilient. Mais ce qui survient au Canada (destructions d’emplois en août) donne des indications sur ce qui va survenir dans les mois à venir aux Etats-Unis lorsque les effets de la politique monétaire restrictive se feront sentir. En outre, l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie est publié à 14h30 pour le mois de septembre (consensus des économistes : 2,8 contre 6,2 en août). Les tensions sur les prix constituent le principal problème pour le secteur manufacturier.
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