Vert
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
L’indice parisien CAC 40 a effectué un rebond technique hier. Mais la tendance de fond est toujours baissière. Le CAC 40 est en repli en variation hebdomadaire, en variation mensuelle, sur les trois derniers mois, depuis le début de l’année et depuis un an. Bref, il faudra certainement plus qu’un rebond technique pour effacer les pertes occasionnées ces dernières semaines. Les seuls investisseurs qui s’en sortent réellement dans de telles conditions de marché sont ceux qui sont en position short (qui sont vendeurs, en d’autres termes). La publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis en avril ne devrait surprendre personne. Ce sera mauvais. Nous serons plus attentifs à la publication des prix à la production qui nous permettra surtout de savoir combien il y a d’inflation en trop dans le pipeline et qui sera répercutée, tôt ou tard, sur le consommateur. Nous avons peu d’espoir que l’inflation baisse à court terme.
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. L’indice ZEW du sentiment économique en Allemagne au mois de mai était mitigé. L’indice des perspectives économiques a augmenté de 6,7 points à -34,3 mais la situation actuelle continue de chuter, avec un repli de 5,7 points à -36,5. Les raisons d’inquiétude demeurent : restrictions liées au Coronavirus en Chine, guerre en Ukraine, super cycle des matières premières, inflation persistante etc. Le seul point positif : les experts interrogés prévoient que la Banque Centrale Européenne augmente son taux directeur dans les six prochains mois (c’est un scénario crédible), ce qui devrait permettre un reflux de l’inflation (c’est peut-être un peu optimiste). Selon nous, l’Allemagne est déjà entrée en stagflation.
- La zone euro n’est pas sortie d'affaires. Les investisseurs étrangers s’inquiètent de plus en plus du risque de fragmentation du marché obligataire en zone euro. Certains pays sont moins exposés que d’autres, toutefois. La liquidité sur le compartiment des obligations souveraines de l’Italie s’est fortement dégradée depuis le début de l’année. Les investisseurs étrangers fuient les actifs italiens. Ce n’est pas le cas pour l’Espagne, par exemple. Les flux entrants de capitaux persistent. L’élargissement des spreads met clairement en danger l’Italie qui risque de nouveau de se retrouver dans la position difficile du ‘mouton noir’ européen. Les rendements obligataires à long terme de l’Italie sont désormais supérieurs de deux points de pourcentage à ceux de l’Allemagne (qui sert de référence au marché). Tout porte à croire que l’élargissement va considérablement s’accentuer lorsque la Banque Centrale Européenne mettra fin à l’assouplissement quantitatif et commencera à relever les taux d’intérêt (peut-être dès la réunion de juillet). Le risque italien est de retour.
- Les déboires des pays émergents ne font que commencer. La flambée du dollar américain et la hausse des rendements aux Etats-Unis pourraient entraîner une chute massive des devises émergentes. Lundi, la roupie indienne a chuté à un niveau record de 77,53 pour un dollar malgré la hausse des taux par la banque centrale indienne la semaine dernière, juste avant la Réserve Fédérale américaine. La banque centrale indienne dispose de suffisamment de réserves de change (600 milliards de dollars) pour défendre sa monnaie. Ce n’est pas le cas de toutes les autres banques centrales de la zone émergente qui commencent à être confrontées à des sorties de capitaux problématiques.
Les résultats d’entreprises continuent avec Genmab (biotech danoise), E.ON, Siemens Energy, Continental, Toyota, SoftBank, Takeda Pharmaceuticals, Delhaize (enseigne de supermarchés en Belgique), Mowi (pisciculture et pêche), Swedish Match (allumettes et produits à base de tabac), Walt Disney et Coupang (commerce en ligne en Corée du Sud).
La présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, s’exprime plus tard dans la matinée depuis Ljubljana à l’occasion des trente ans de la banque centrale slovène. Son discours ne devrait pas avoir une portée importante pour les marchés financiers. La première estimation de l’inflation aux Etats-Unis (indice des prix à la consommation) en avril est attendue cet après-midi. Ce sera douloureux. Mais cela ne devrait pas fondamentalement changer la trajectoire de la politique monétaire américaine. La banque centrale a prévu d’augmenter de 50 points de base son taux directeur principal lors de ses deux prochaines réunions. C’est déjà intégré dans les cours du marché. Une hausse de 75 points de base en juin prochain (évoquée par certains investisseurs) est de l’ordre du fantasme.
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