Surpris

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
C’est une période assez surprenante sur les marchés financiers. Il y a comme un air de calme avant la tempête, sans certitude justement que la tempête surviendra. Les indicateurs macroéconomiques se dégradent (la situation en Chine est particulièrement préoccupante), la liquidité continue de se tarir (ce qui est une très mauvaise nouvelle pour le segment des small et mid caps) et pourtant les marchés affichent une étonnante performance (CAC 40 : +11,5% depuis le début de l’année). Le VIX est également à des niveaux particulièrement bas ce qui suppose une absence de stress sur le marché. Il ne faudrait pas que la Réserve Fédérale américaine aille à l’encontre du consensus la semaine prochaine. Sinon, nous risquons d’avoir d’importants décalages sur de nombreux actifs financiers (devises, actions, obligations, crypto etc.). Dans ce contexte un peu particulier, nous continuons d’être à l’écart des petites valeurs (même celles qui sont fortement décotées). Le CAC Small effectue une tentative de rattrapage depuis peu mais force est de constater que la performance est encore médiocre (environ +2% depuis le début de l’année). Nous pensons que l’année 2023 sera celle des grandes valeurs, très liquides, bref de tout ce qui n’est pas sexy. C’est aussi l’année idéale pour intégrer dans son portefeuille des ETFs (en particulier si on débute).
- C’est la surprise de la semaine : l’économie de la zone euro est entrée en récession après une contraction du PIB au quatrième trimestre 2022 et une contraction au premier trimestre 2023 (-0,1% - essentiellement du fait de la révision à la baisse des chiffres pour l’Irlande). Il s’agit de la plus faible récession jamais enregistrée en zone euro. Il est probable que les implications soient minimes. Il y a des points de fragilité, évidemment. Mais l’économie en zone euro reste résiliente en raison d’un secteur des services qui continue de bien se porter et d’un marché du travail dynamique. Selon les dernières données, la hausse de rémunération en moyenne par employé dans l’Union a atteint 5,2% sur un an au premier trimestre. C’est un peu moins que ce qu’avaient prévu les projections de la Banque Centrale Européenne (5,3%). Nous doutons que la bénigne récession en zone euro entraîne un changement réel de discours de la part de la banque centrale. Nous nous attendons toujours à ce qu’elle augmente son taux directeur de 25 points de base lors de la réunion prévue la semaine prochaine. L’enjeu du point de vue de la politique monétaire n’est pas du côté de la zone euro mais plutôt des États-Unis (le consensus prévoit une pause mais ce n’est pas acquis).
- A ce sujet, le marché reste étrangement calme. Le VIX évolue actuellement en zone de complaisance dans l’attente d’une hawkish pause (en tout cas ce qui est prévu par le marché). Nous pensons que la réunion de la Réserve Fédérale américaine la semaine prochaine pourrait entraîner un important décalage sur de nombreux actifs si le scénario du consensus ne se réalise pas. Dans cette perspective, il est important de prévoir des stratégies de hedging (couverture). Gardons en tête que les banques centrales d’Australie et du Canada ont pris à revers le marché. Cela aurait été inimaginable il y a quelques années cela. Nous sommes entrés dans l’ère de l’incertitude monétaire.
- Au niveau du marché des changes, la récession en zone euro n’a pas entraîné d’ajustements importants des prévisions sur l’EUR/USD. Le consensus des trésoriers prévoit toujours un pic à 1,15 cette année (c’est peut-être un peu optimiste). La seule grande banque à avoir revu ses prévisions est Morgan Stanley. L’institution prévoit désormais que l’EUR/USD va plonger à 1,02 d’ici la fin de l’année en raison d’un positionnement plus défensif des investisseurs, des stratégies de carry trade et de la dynamique économique défavorable en zone euro. Les flux de capitaux qui continuent d’entrer sur le Vieux-Continent restent un élément de soutien de la monnaie unique. Nous sommes assez dubitatifs par rapport à ce pronostic. Une telle chute de l’euro implique le franchissement d’importants niveaux techniques qui servent de support et surtout une dégradation beaucoup plus importante de l’économie qu’à l’heure actuelle (une baisse du PIB de 0,1% au T1 qui entraîne une récession n’est pas ce qu’on peut appeler une catastrophe économique).
Il n’y a rien de très important à l’agenda économique aujourd’hui.
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