Pas de pause estivale

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Petite hausse pour le CAC 40 hier (+0,11%) malgré un contexte compliqué (en particulier du fait de la montée de tension entre la Russie et l’Ukraine sur les céréales). La tendance de fond est toujours positive sur le marché. Les résultats d’entreprises sont bons. En outre, les dividendes sont au rendez-vous ce qui permet d’entretenir l’optimisme des investisseurs. Pour la seule année 2022, 34 des 40 sociétés du CAC 40 ont augmenté leurs dividendes, avec un fort effort du côté de LMVH, TotalEnergies et Axa. Ce sera pareil pour 2023. Sur le segment des petites et des moyennes valeurs, la baisse des valorisations continue de provoquer des opérations. Hier, nous avons appris une OPA sur Evolis avec une belle prime de 40%. Evolis est une petite valeur (171 millions d’euros au niveau de la capitalisation) qui est un spécialiste des solutions d’identification. D’autres opérations de ce type vont se poursuivre dans les mois à venir. Le contexte est particulièrement favorable.
- Sur le front économique, l’inflation au Royaume-Uni est toujours très volatile. La publication du mois de juin a constitué une bonne surprise avec une chute des prix à la consommation de 8,7% à 7,9% sur un an. C’est une chute plus importante que prévu (ce qui souligne la difficulté à prévoir avec précision la dynamique d’inflation) et un point bas depuis quinze mois. L’inflation sous-jacente est également en repli de 0,2 point mais reste élevée à 6,9% sur un an. Désormais le marché n’est plus aussi convaincu que par le passé sur la nécessité d’augmenter massivement le taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque d’Angleterre. Avant cette statistique, une majorité d’intervenants de marché envisageait une hausse de 50 points de base. Maintenant, 60% parient sur une hausse de seulement 25 points de base. Une baisse de l’ampleur du durcissement monétaire n’est en rien certaine. Les tensions inflationnistes demeurent. L’inflation sous-jacente est trop élevée (comme nous l’avons rappelé). La croissance des salaires est toujours un casse-tête. Enfin, l’inflation au Royaume-Uni est la plus élevée parmi les pays du G7. Selon nous, la Banque d’Angleterre ne devrait pas baisser la garde dans l’immédiat. Une prochaine hausse de taux de 50 points de base nous paraît censée. Aux Etats-Unis, la dynamique de croissance est toujours positivement orientée. L’indicateur de la Réserve Fédérale d’Atlanta GDPNow qui permet d’estimer l’évolution du PIB en temps réel affiche une croissance du PIB de 2,4% au deuxième trimestre en rythme annualisé. C’est un chiffre très solide après une performance de 2% au premier trimestre. Dans ce contexte, difficile de percevoir un risque immédiat de récession. Les marchés financiers l’ont bien compris et ils ont ajusté leurs prévisions de politique monétaire. En juin dernier, le marché monétaire estimait que la Réserve Fédérale américaine allait baisser ses taux d’ici à six mois. Désormais ce n’est prévu que dans dix mois (donc en 2024). Il est évident que la pause de politique monétaire sera plus longue que prévu aux Etats-Unis. Enfin, au Japon, rien de nouveau sous le soleil. Le gouverneur de la banque centrale a confirmé (comme on pouvait l’attendre) qu’il ne va pas y avoir d’ajustement à court terme de la politique de contrôle de la courbe des taux. Cela met fin aux rumeurs.
- Sur le front des matières premières, la géopolitique reste un facteur de disruption. Les cours du blé ont augmenté brutalement de 9% hier après que la Russie ait indiqué que les navires transportant des céréales en provenance d’Ukraine par la mer Noire seraient considérés comme des navires de guerre (donc susceptibles d’être la cible de missiles). Cela survient alors que la Russie a décidé en début de semaine de ne pas reconduire l’accord portant sur le corridor céréalier conclu sous l’égide de l’ONU et de la Turquie. Il faudra attendre la réaction d’Istanbul après les propos de Moscou. La Turquie a affirmé encore récemment vouloir garantir le passage de navires céréaliers et elle est en mesure de le faire grâce à sa marine militaire. Contrairement à ce qu’on croit, c’est bien la Turquie et non la Russie qui contrôle la mer Noire.
Les résultats d’entreprises continuent avec TSMC, Johnson & Johnson, SAP, Blackstone, CSX, ABB et Freeport-McMoran.
Pas de statistiques de premier ordre aujourd’hui. On fera attention, à la marge, aux revendications hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis et à l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (pour le mois de juillet).
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