On reste très confiant

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Tout va bien finalement. Les opérateurs craignaient que l’année 2023 soit une année noire pour la zone euro. Ce n’est pas le cas. Sur quasiment toutes les classes d’actifs, nous observons un retour des flux sur les actifs européens (surtout libellés en euro). Cela bénéficie évidemment à la monnaie unique européenne. Hier, l’EUR/CAD a atteint un point haut de onze mois à 1,4609 dans les échanges européens, par exemple. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du retour de l’optimisme de ce côté-ci du monde. On pourrait aussi évoquer la hausse des volumes sur les petites valeurs cotées sur Euronext. Beaucoup d’investisseurs américains font notamment leurs emplettes sur le marché européen – cela devrait continuer à court terme. Le prochain palier décisif pour le CAC 40 est désormais au niveau des 7200 points (on a eu plusieurs clôtures sur ce niveau en 2022). Après, nous pourrions assister de nouveau à une phase de range…mais c’est un horizon lointain.
- En zone euro, la situation n’est pas si mauvaise que cela. L’inflation ralentit. Toutefois, les données pour le mois de décembre montrent que la baisse de l’inflation est exclusivement liée à l’énergie. La pression à la hausse demeure pour les autres segments, particulièrement l’alimentation. De notre point de vue, à ce stade, la Banque Centrale Européenne n’a certainement aucun intérêt à ralentir le rythme de hausse des taux. Une hausse de 50 points de base du taux est le scénario le plus probable le mois prochain. En revanche, le débat est ouvert concernant l’ampleur pour le mois de mars (25 points de base ?). Nous aurons plus de statistiques (y compris portant sur la croissance) dans les semaines à venir pour juger de l’état réel de l’économie. Ce qui est certain, c’est que le scénario d’une récession est désormais moins probable. Le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué hier ne pas s’attendre à une récession en Allemagne cette année. Il a certainement raison. Le consensus des économistes pour la zone euro est une croissance à 0% en 2023. C’est faible. Mais c’est mieux qu’une récession. Nous pensons, chez Saxo, que le consensus est encore trop conservateur. La croissance pourrait accélérer pour atteindre 0,3-0,4%. De l’autre côté de l’Atlantique, les signaux sont un peu contradictoires (ventes au détail en berne par exemple). Le président de la Réserve Fédérale de Saint Louis, Jim Bullard, a plaidé en faveur d’une hausse des taux de 50 points de base le 1er février afin d’envoyer un message clair au marché. Il souhaite s’assurer que cette hausse suffisante puisse réellement faire refluer sur le long terme l’inflation. De son point de vue, le taux terminal pour la banque centrale américaine devrait être autour de 5,25-5,50% en 2023. C’est en ligne avec les attentes du marché.
- La grève, c’est mauvais pour le climat. Depuis le 18/01 à 21h, un mouvement social a commencé dans le secteur énergétique ce qui s’est traduit par une baisse de puissance comprise entre 5 et 6 GW sur le nucléaire et le gaz. Cela a été compensé en partie par des importations et de l’hydroélectrique. Mais la France a aussi été obligée de redémarrer une centrale charbon en France (en plus de celles qu’on importe depuis l’Allemagne) pour compenser l’impact de la grève contre la réforme des retraites. On savait que la grève a pour objectif de pénaliser l’employeur au portefeuille mais on avait aussi oublié que cela a un effet sur les émissions de gaz à effet de serre du pays. C’est pour la petite histoire…
- Vous vous souvenez certainement des analystes britanniques (et aussi des journalistes britanniques) prédisant une nouvelle crise de la dette en zone euro à cause de l’Italie ? C’est mal parti. Depuis le début de l’année, le coût d’emprunt à 10 ans de l’Italie (qui fait référence sur le marché) est en baisse de près de 1%. C’est énorme alors que les conditions financières indéniablement se renforcent. Il reste encore plus de onze mois avant de passer à autre chose. Mais ce qui est certain, c’est que la situation en zone euro n’est clairement pas aussi mauvaise qu’on aurait pu le croire (y compris sur le segment de l’obligataire).
La saison des résultats continue aujourd’hui avec Investor, Sandvik (outils et solutions pour l’usinage), Ericsson (infrastructures télécom) et Schlumberger (services pétroliers).
C’est une séance calme sur le front macroéconomique avec seulement les ventes de logements existants aux Etats-Unis (décembre) et un discours de la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde. Il est peu probable qu’elle donne beaucoup d’informations sur la suite à donner à la politique monétaire en zone euro.