On est toujours bon
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le démarrage du CAC 40 est vraiment spectaculaire. Nous faisons partie du camp des optimistes. Mais nous ne nous attendions pas à une hausse aussi importante (toujours portée par les mêmes secteurs d’activité, dont le luxe sans surprise). Le seul petit bémol, c’est qu’il y a assez peu de vendeurs sur le marché (ce qui signifie que la hausse fait l’objet d’excès). Il faudra donc passer par une consolidation pour aller plus loin. Toutes les bonnes nouvelles ont déjà été intégrées. Mais nous estimons que le marché n’a pas encore pleinement pris conscience de l’ampleur de la réouverture chinoise et du stimulus à venir (vraisemblablement à partir du mois de mars). Ce sera la lame de fond qui pourra porter le CAC 40 plus haut au premier semestre selon nous.
- Pas de surprise au niveau des indicateurs PMI. Le PMI manufacturier pour l’Allemagne reste en contraction pour le septième mois consécutif. La baisse des prix de l’énergie a permis une amélioration. Mais c’est surtout la réouverture de la Chine (qui est devant nous) qui devrait avoir un vrai effet sur la dynamique manufacturière en Allemagne dans les mois à venir…
- La démographie, c’est une lame de fond en économie. Selon les derniers chiffres publiés par les Nations Unies, la population indienne devrait dépasser la population chinoise dès cette année. C’est un fait quasiment négligé dans les médias. Pourtant, c’est un changement fondamental. A l’heure actuelle, les deux pays ont une population d’ampleur similaire – autour de 1,43 milliard d’individus. Mais la tendance démographique est diamétralement opposée. La Chine a atteint son pic démographique avec dix ans d’avance sur les prévisions. A l’inverse, la population indienne continue de croître. Le taux de décès diminue rapidement, la durée de vie s’accroît, les revenus augmentent et pour l’instant le taux de natalité reste élevé. L’Inde est un pays jeune : plus de la moitié de la population a moins de 40 ans. Le déclin démographique sera donc tardif et ne devrait pas commencer avant les années 2060 selon les dernières prévisions. On espère que Marc Fiorentino l’évoquera dans sa newsletter. On sait à quel point il s’intéresse à la démographie (comme nous, d’ailleurs).
- En bourse, la dynamique reste bonne. On sait bien que les marchés fonctionnent par tâtonnements et excès. Fin 2022, il est évident que les allocations étaient trop prudentes (d’ailleurs, pour une fois, les gérants sont partis tôt en vacances, sachant très bien que l’année était perdue). Maintenant qu’on se rend compte que le panorama économique n’est pas aussi mauvais que prévu, le réinvestissement devient une obligation (d’où aussi le rapatriement des flux des Etats-Unis vers l’Europe). En face, il n’y a pas suffisamment de contreparties vendeuses (c’est ce qui traduit un certain excès). Il n’est pas impossible qu’on ait un premier semestre plutôt positif (porté par l’excès d’achat) et une tendance plutôt à la vente au deuxième semestre. C’est un scénario possible. La dynamique boursière va également beaucoup dépendre de l’attitude de la Réserve Fédérale. Notre scénario chez Saxo c’est que la banque centrale augmente encore de 25 points de base à deux reprises son taux directeur puisqu’elle décide de faire une pause. Ce serait raisonnable. La pause de politique monétaire sera un marqueur important. De cette pause va dépendre la performance du S&P 500 cette année (et des autres indices, par ricochet). En moyenne, le principal indice boursier américain augmente de 12% dans l’année suivant une pause de politique monétaire (c’est donc un scénario qui va à l’encore d’une tendance plutôt à la vente au deuxième semestre). La réalité, c’est qu’il est difficile à ce stade d’avoir des convictions fortes. A minima, nous estimons que l’année devrait être plutôt bonne en bourse, malgré quelques incertitudes. Nous n’aurons pas une réplique de l’année 2022, c’est sûr.
C’est encore une très grosse journée sur le front des entreprises avec ASML, Lonza Group, Tesla, Abbott Laboratories, NextEra Energy, IBM, Boeing, ServiceNow, CSX, Freeport-McMoRan, Lam Research et Norfolk Southern.
L’indice IFO du climat des affaires en Allemagne est publié ce matin (chiffre pour le mois de janvier, consensus : 90,2 contre 88,6 en décembre). La banque centrale canadienne se réunit également. Il fait peu de doutes qu’elle va ralentir le rythme de durcissement monétaire – passage de 50 à 25 points de base (taux directeur : 4,50%). Elle devrait en outre annoncer une pause. C’est une réunion importante pour tous les marchés financiers car depuis l’enclenchement du cycle inflationniste, la Banque du Canada a systématiquement été un peu en avance en termes de politique monétaire sur la Réserve Fédérale américaine. Dit autrement, si le Canada augmente son taux de 25 points de base, il y a une forte probabilité que la hausse aux Etats-Unis soit d’ampleur similaire la semaine prochaine. N’oublions pas que la coordination des politiques monétaires est un fait.
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