Note sur le vote de confiance

Nicolas Du Repaire
Sales Trader
Les investisseurs observent attentivement le vote de confiance auquel le gouvernement de François Bayrou doit faire face, avec un résultat largement anticipé par les marchés suite à son annonce. Ce vote est déterminant, car Bayrou vise à obtenir le soutien des députés pour son plan de réduction du déficit à 4,6 % du PIB d'ici à 2026, contre une estimation de 5,4 % pour cette année. Sa stratégie inclut 44 milliards d'euros de coupes budgétaires et d'augmentations d'impôts, ainsi qu'une proposition controversée de supprimer deux jours fériés pour réduire les dépenses dans la deuxième économie d'Europe.
L'état des finances publiques de la France est préoccupant, avec le déficit le plus élevé de la zone euro. La dette nationale augmente de 5 000 euros chaque seconde, et il est prévu que le service de cette dette coûte 75 milliards d'euros l'année prochaine, mettant ainsi une pression significative sur le gouvernement pour stabiliser ses comptes et rassurer les marchés financiers.
Le risque politique lié à la dissolution de 2024 est également pris en compte par les investisseurs, car une éventuelle chute du gouvernement pourrait aggraver l'incertitude. En cas de départ de Bayrou, Emmanuel Macron pourrait nommer un nouveau Premier ministre ou envisager la dissolution de l'Assemblée nationale pour convoquer des élections anticipées, bien que cette option ne soit pas envisagée actuellement. Une prise de décision rapide est cruciale, notamment avant les grèves annoncées contre le plan budgétaire de 2026.
Les prochains mois sont d'une importance majeure, avec des révisions attendues des agences de notation : le verdict de Fitch est attendu ce vendredi, suivi de ceux de Moody's le mois prochain et de S&P en novembre. Les taux des obligations françaises (OAT à 10 ans) sont sous pression, traités à des niveaux similaires à ceux de la Grèce et de l'Italie, autour de 3,50 %. Les écarts avec ces pays sont désormais insignifiants, laissant entendre que les investisseurs considèrent les OAT comme équivalentes à des dettes souveraines de moindre qualité, bien que la France bénéficie d'une note AA- comparée aux BBB et BBB- de l'Italie et de la Grèce, ce qui peut suggérer un décalage des agences de notation dans leur évaluation.
Malgré les incertitudes politiques, le CAC 40 parvient à maintenir son niveau de support clé entre 7 600 et 7 650 points. Toutefois, depuis l'appel aux élections anticipées par Macron en juin 2024, le CAC 40 a subi une baisse de 4,1 %. Cette performance est en nette opposition par rapport aux gains enregistrés par d'autres indices européens : l'indice Stoxx Europe 600 a progressé de 4,9 %, et le DAX en Allemagne, sans les dividendes, a grimpé de 24 %.