Le vert de l'espoir
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le marché boursier est toujours bien orienté. Le CAC 40 continue d’afficher une performance depuis le début de l’année supérieure à 10%. Ce n’est que le début. Nous observons une vraie résilience de plusieurs secteurs d’activité, comme le bancaire (avec la forte hausse de BNP Paribas hier), ou encore avec Air Liquide (belle société qui a une position de market maker). Nous avons constaté hier des interrogations concernant la dette italienne. Pour l’instant, nous faisons partie du camp des optimistes. Nous pensons que l’Italie évitera la récession (avec une croissance faible autour de 0,3%). Le marché obligataire italien sera volatil. Mais c’est inévitable. Le processus de QT (Quantitative Tightening) de la BCE ainsi que l’accroissement des émissions obligataires (après une année de disette) va inévitablement provoquer quelques remous. Nous sommes confiants, toutefois. Les institutionnels continuent de se repositionner sur le marché, en se délestant des actifs refuge pour intégrer davantage d’actifs à risque (ce qui profite à l’Europe et donc à l’Italie). Nous ne voyons pas une crise de la dette italienne survenir cette année, ni l’année prochaine d’ailleurs. Comme nous ne cessons de le répéter depuis un moment, nous tablons sur une année sans évènement à risque majeur, marquée par une croissance faible, mais sans récession et surtout sans crise financière. Ce n’est pas sexy, nous en convenons. Mais cela pourrait permettre de garantir un peu de rendement sur les placements financiers après une année 2022 un peu décevante. L’absence de turbulences, c’est aussi une bonne nouvelle !
- Il n’y avait encore aucune statistique importante aujourd’hui. Comme prévu, la banque centrale polonaise a maintenu son principal taux directeur inchangé pour le cinquième mois consécutif, à 6,75 %. Les prix à la consommation, bien qu’élevés, ont reflué ces derniers mois (à 16,6 % sur un an en décembre 2022). La banque centrale craint qu’en augmentant trop les taux, cela n’aboutisse à un ralentissement économique sérieux. Cette problématique est partagée par beaucoup de banques centrales de la région. C’est le cas de la banque centrale hongroise, par exemple. Elle maintient ses taux inchangés depuis plusieurs mois. La seule différence, c’est que la Hongrie est certainement déjà en récession technique. Ce ne sera vraisemblablement pas le cas de la Pologne. Depuis le début d’année, la devise polonaise, le zloty, a plutôt affiché une mauvaise performance à l’euro (alors que le forint hongrois effectue un impressionnant rattrapage). Cela s’explique simplement par les craintes des investisseurs concernant une décision à venir de la Cour Européenne de Justice. Le 16 février prochain, elle doit statuer sur les prêts émis par les banques polonaises en CHF. Beaucoup de contractants ont été mis en difficulté par ces prêts lorsque la Banque Nationale Suisse avait abandonné le cours plancher de l’EUR/USD à 1,20 en 2015. Cela avait provoqué un électrochoc majeur sur le FX. Certains observateurs craignent que la Cour demande aux banques de compenser les contractants – ce qui pourrait poser quelques problèmes pour certaines d’entre elles. Dans l’ensemble, le secteur financier polonais est toutefois très solide. Nous pensons qu’une fois l’échéance du 16 février passée, il est fort probable qu’on assiste à un rattrapage du zloty.
C’est une journée extrêmement dense au niveau des résultats d’entreprises avec KBC Group (groupe de bancassurance belge), Brookfield (gestion d’actifs), Thomson Reuters, L’Oréal, Vinci, Crédit Agricole, Siemens, Toyota Motor, NTT (opérateur de téléphonie qui est leader sur le marché japonais), Honda Motor, AstraZeneca, Unilever, British American Tobacco, ArcelorMittal, DNB Bank (principale banque en Norvège), Volvo Car, Zurich Insurance Group, Crédit Suisse, AbbVie (entreprise pharmaceutique), PepsiCo, Philip Morris, PayPal et Cloudflare (réseau de distribution de contenus, c’est un des segments qui pourrait connaître une belle envolée en bourse après une année chahutée en 2022).
Le calendrier économique est peu chargé. Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis sont attendues cet après-midi (consensus : 190k contre 183k la semaine précédente). Un sommet des dirigeants de l’Union Européenne est également prévu aujourd’hui (aucun impact à prévoir pour le marché). Il sera évidemment question de la guerre en Ukraine qui accapare l’agenda européen depuis des mois (et peut-être en toile de fond de la réforme du marché de l’électricité qui doit aboutir a priori d’ici le milieu de l’année). Pour résumer, rien à signaler sur le front économique. Seuls les résultats d’entreprises vont compter.
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