Le bon moment

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
C’était hier le bon moment pour prendre ses bénéfices alors que la saison estivale approche. Les bourses européennes, y compris la place parisienne, ont parfaitement bien résisté aux dernières annonces des banques centrales allant dans le sens d’une remontée continue du loyer de l’argent. Cela pourrait entraîner des conséquences négatives (accroissement du risque de récession, révision à la baisse des résultats trimestriels, problème de refinancement pour les entreprises endettées etc.). Les investisseurs ne semblent pas s’en inquiéter pour autant. C’est plutôt l’optimisme qui domine pour les prochains mois, en particulier puisque les attentes sont élevées (trop élevées certainement) concernant les retombées de la relance chinoise. De notre point de vue, les marchés financiers ne pourront pas éviter un retour à la réalité, plus probablement à la rentrée. La phase estivale qui s’amorce devrait être plutôt calme (les facteurs de risque sont peu nombreux). La faiblesse des volumes et de la volatilité corroborent ce scénario.
- Il n’y avait pas beaucoup d’annonces économiques hier. Une bonne nouvelle, toutefois : la dynamique d’inflation en zone euro commence à changer. En octobre dernier, plus de 80% des composants qui permettent de mesurer l’indice des prix à la consommation étaient en hausse. Cela traduisait des pressions inflationnistes diffuses dans la plupart des secteurs. En mai dernier (les chiffres pour le mois de juin ne sont pas encore disponibles), seuls 30% des composants affichent une hausse. Cela ne signifie pas, pour autant, que la bataille contre l’inflation est gagnée. La Banque Centrale Européenne considère que le principal facteur de risque concerne les pressions salariales. C’est un point qui ne fait pas l’unanimité chez les économistes.
- Le Royaume-Uni est toujours dans le collimateur des marchés financiers. Ce n’était donc pas uniquement lié à Liz Truss (éphémère Premier ministre britannique qui avait eu une approche budgétaire jugée peu orthodoxe). Hier, le rendement du deux ans britannique a atteint pour la première fois depuis 2008 le seuil de 5%. Cela intervient juste avant la publication de l’inflation au Royaume-Uni et avant la réunion de la Banque d’Angleterre jeudi (hausse de 25 points de base des taux directeurs, à en croire les anticipations de marché). Selon nous, du fait de l’envolée des coûts d’emprunt, s’il y a bien un pays européen qui va être confronté à des choix budgétaires difficiles (austérité), c’est le Royaume-Uni. C’est en partie le résultat du choix du Brexit.
- Sur le marché des matières premières, les opérateurs s’attendent à ce que la baisse des prix du baril de pétrole soit temporaire. Le pétrole a atteint la semaine dernière un point bas de 52 semaines (le 12 juin dernier). Mais la reprise pourrait être alimentée par (1) la Chine qui amorce une politique monétaire plus accommodante pour stimuler la demande, (2) la baisse de la production de pétrole de l’Arabie Saoudite qui va entrer en vigueur en juillet et (3) la forte reprise du secteur de l’aérien (l’Association internationale du transport aérien a annoncé il y a quinze jours que la dynamique dans le secteur est tellement positive qu’ils ont doublé leur prévision de profit net pour les compagnies aériennes cette année). A voir si tout cela va effectivement se matérialiser et dans quelle proportion.
L’agenda économique est plus chargé aujourd’hui avec les données de l’immobilier aux Etats-Unis (permis de construire et mises au chantier au mois de mai) et plusieurs discours de banquiers centraux (Bullard du FOMC, Enria, McCaul et De Guindos de la BCE). Aucun market mover majeur aujourd’hui, toutefois.
Séance calme probablement sur le front des entreprises. Après sa forte baisse hier (-4%), Vinci pourrait finalement rebondir (rebond technique). La dynamique reste toujours très positive pour les valeurs phares que sont Total, Air Liquide et Schneider Electric. Ce sont des valeurs idéales à détenir, par exemple, dans un PEA. Depuis le début de l’année, Air Liquide affiche un bond de son action de près de 22%. Le mieux est encore à venir, certainement.
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