Il en faut peu
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il en faut peu pour que le marché boursier renoue avec la hausse. Le discours de Jerome Powell concernant un éventuel ralentissement du rythme de hausses de taux (discours qui remonte à mercredi) a entraîné une embellie boursière. Pourtant, il n’a rien annoncé de nouveau. La Réserve Fédérale américaine tient un positionnement similaire depuis sa dernière réunion. Nous doutons que la hausse du CAC 40 puisse être durable. Les risques baissiers sont importants. Il suffit de regarder de près les derniers indicateurs économiques. Il y a certes une embellie au niveau de l’inflation (avec un reflux dans plusieurs pays). Mais la récession se précise (à ce stade, elle devrait être d’ampleur limitée, heureusement). C’est donc la prudence qui doit dominer en bourse.
- Les statistiques publiées hier n’étaient pas réjouissantes. L’activité dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis s’est contractée en novembre pour la première fois depuis mai 2020 (au moment de la pandémie). L’indice est ressorti à 49,0 contre 50,2 en octobre. C’est une performance plus mauvaise que celle attendue par le consensus. De ce côté-ci de l’Atlantique, il n’y a pas de surprise. La contraction de l’activité manufacturière a continué en novembre mais à un rythme un peu moins important que le mois précédent. Les tensions inflationnistes montrent des signes d’atténuation. Toutefois, il est évident que le pic d’inflation en France (et plus largement au niveau de la zone euro) n'a pas été encore atteint. Le marché boursier n’a quasiment pas réagi à ces annonces. C’est surprenant. Il semble que les investisseurs et les gérants souhaitent actuellement voir le verre à moitié plein (en se focalisant sur le discours de Powell plaidant en faveur d’un ralentissement du rythme de hausse des taux). Il faudra toutefois intégrer à un certain stade la récession dans les cours. Ce n’est pas encore le cas. D’où la nécessité d’être encore prudent si on est fortement exposé aux actions. Chez Saxo Banque, nous recommandons de ne pas être exposé à plus de 35% de son portefeuille sur les actions. C’est très bas. Mais la situation est inédite à maints égards.
- La détente sur le marché obligataire est la bonne nouvelle de la séance d’hier. Elle est liée au discours de Powell de mercredi. Le taux de la dette française à 10 ans, qui sert de référence pour le marché français, a terminé en nette baisse à 2,26% contre 2,40% mercredi. En plein krach obligataire (puisque c’est la tendance de fond), il peut aussi y avoir des accalmies. Nous doutons fortement toutefois que la détente puisse être durable. Le processus de normalisation n’est qu’à mi-chemin. Il est probable que le point haut pour le 10 ans français soit autour des 2,80% (nous n’imaginons pas que le cap des 3% puisse être franchi).
- Nos valeurs tech ont porté le CAC 40 hier avec de belles performances de Dassault Systèmes et de Capgemini. Teleperformance qui a été un temps dans la tourmente a même réussi à gagner 2,69% à la clôture hier (au-dessus des 220 euros l’action). Au niveau des résultats d’entreprises, le groupe Pierre et Vacances, qui est le numéro un en Europe des résidences de loisirs, a renoué avec les profits lors de son exercice 2021/2022 (c’est lié à l’entrée de nouveaux investisseurs). Le marché a salué cette annonce avec une appréciation de plus de 8%. Enfin, le laboratoire Valneva a aussi publié de solides résultats concernant l’étude clinique sur l’efficacité de son vaccin contre la maladie de Lyme (hausse du cours de 8% dans la foulée lors de la séance d’hier).
Rien à signaler au niveau des résultats d’entreprises.
L’emploi américain est le point d’attention du jour. Les dernières semaines ont montré une hausse des revendications hebdomadaires au chômage (ce qui est logique au regard des annonces de licenciements dans les secteurs de la tech, de l’immobilier et du transport). Toutefois, le marché de l’emploi devrait rester encore globalement bien orienté. Les créations d’emplois devraient ralentir à 200 000 en novembre (contre 261 000 en octobre). C’est toutefois honorable. Le taux de chômage est annoncé stable à 3,7% de la population active. Nous partons d’un niveau très bas. Nous doutons que le ralentissement observé au niveau des créations d’emplois pose un problème à court-terme. En revanche, si la dynamique économique actuelle continue (avec le risque toujours présent d’une récession), il est probable que le taux de chômage augmente plus fortement d’ici six mois. Cela pourrait constituer un argument important en faveur d’une pause de la politique monétaire américaine.
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