En transition

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
C’est une semaine de transition qui continue avant les réunions des banques centrales la semaine prochaine (Réserve Fédérale américaine le 14 décembre et Banque Centrale Européenne le 15 décembre). Les opérateurs du marché ont tendance à se focaliser principalement sur l’ampleur de la hausse des taux (y aura-t-il une hausse de 50 points de base, de 75 points de base etc. ?). C’est une erreur. A moyen terme, l’enjeu va plus résider dans la réduction du bilan des banques centrales (c’est notamment un enjeu de première importance en zone euro). Lorsque ce mouvement sera pleinement enclenché, il y aura encore moins de liquidité. Cela devrait aussi mettre fin à l’hyper corrélation des actifs financiers que nous avons pu observer ces derniers mois et permettre un retour plus important des primes de risque. Cela n’est pas complètement négatif comme on peut s’en douter. Cela va redonner un peu de vie aux marchés financiers, peut-être favoriser le retour de la gestion active (le grand gagnant de l’année 2022 est sans conteste la gestion passive). Enfin, il faudra certainement procéder à d’importants arbitrages dans les portefeuilles d’investissement (retour de l’obligataire, y compris du haut rendement d’entreprises). L’année 2023 s’annonce passionnante.
- Aucune statistique importante hier.
- En Asie, la Chine pourrait annoncer le déclassement de la Covid 19 en catégorie B à partir du début de l’année prochaine. C’est important car le pays a classé la Covid comme une maladie infectieuse de catégorie B mais l’a géré selon des protocoles de catégorie A (cas contacts mis en quarantaine, confinement des régions touchées etc.). Il est encore trop tôt pour savoir si ces informations sont fiables. Cela voudrait dire que la Chine décide réellement et sur la durée d’assouplir son dispositif anti-Covid. Cela entraînerait des conséquences majeures sur l’économie mondiale (par exemple sur l’inflation). Dans l’immédiat, il convient d’être prudent concernant cette possibilité. L’Inde bénéficie en tout cas des déboires de la Chine (qui sont également boursiers). Les actions indiennes affichent une hausse de 7% sur un an contre une baisse de 16% de l’indice MSCI Emerging Markets. L’écart est donc de 23%. C’est énorme. La bonne tendance des actions indiennes s’explique par plusieurs facteurs : le rapatriement des chaînes de production en Inde (comme Apple) et des mesures d’incitations fiscales de relocalisation à destination des multinationales. Pour les investisseurs français qui seraient tentés de se positionner sur le marché boursier indien, il faut toutefois bien prendre en compte l’aspect taux de change (c’est un paramètre crucial).
- A Paris, le processus de nationalisation d’EDF suit son cours. L’Etat français a réussi à dépasser la barre des 90% des droits de vote. Attention, ce n’est pas pour autant suffisant pour entamer la sortie de bourse. Beaucoup d’informations erronées à ce propos ont circulé ces derniers jours. Il faut absolument avoir 90% des droits de vote (contre 95% avant la réforme) ET 90% des actions. En fin de semaine dernière, l’Etat français ne possédait officiellement que 85,7% des actions. Il y a encore un petit chemin à parcourir. Il est vraisemblable qu’il faudra attendre le 22 décembre prochain (lorsque l’offre d’EDF arrivera à expiration) pour savoir si le seuil de 90% du capital a été aussi franchi. Ce n’est qu’une formalité évidemment.
La saison des résultats d’entreprises continue avec MongoDB (plateforme de données d’application), AutoZone (détaillant de pièces et d’accessoires automobiles aux Etats-Unis), Toll Brothers (construction et vente de propriétés résidentielles) et Ferguson (produits sanitaires, de chauffage et de canalisations au Royaume-Uni).
C’est une journée très calme sur le front des statistiques qui commence. Il y aura seulement l’indice PMI construction pour le Royaume-Uni en novembre (consensus à 52,0 contre 53,2 en octobre). Il s’agit de la première estimation. Ce n’est en aucune façon un market mover.
Nous vous rappelons aussi notre prochain webinaire le 8 décembre avec un focus particulier sur le risque de black-out énergétique et ses conséquences macroéconomiques. Nous verrons aussi comment investir sur le secteur de l’énergie. Inscription ICI.