De la vie

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Au cours des dernières séances, les banques centrales ont confirmé que le processus de durcissement monétaire est encore loin d’être fini. Les pressions inflationnistes persistent. Nous nous attendons à ce que toutes les principales banques centrales mondiales (à commencer par la Banque d’Angleterre et la Banque Nationale Suisse la semaine prochaine) poursuivent la hausse du loyer de l’argent. La seule exception, c’est la Chine. Toutefois, nous sommes sceptiques sur la capacité des mesures récemment dévoilées par les autorités chinoises à étoffer la croissance. L’enjeu immédiat est surtout de stimuler le marché de l’immobilier (qui est au cœur de la dynamique économique). Pour l’instant, les mesures de soutien se font attendre. Nous doutons que le rebond que nous observons sur certaines matières premières (comme le pétrole) puisse être durable lorsqu’il est essentiellement stimulé par l’espoir que la Chine va prendre le relais en termes de demande mondiale. Au niveau des actions, on observe depuis quelques séances un peu de mouvements sur les petites valeurs avec un retour des flux de capitaux (par exemple sur artpricedotcom hier). Concrètement, depuis le début de l’année, les flux se sont essentiellement orientés sur les grandes valeurs les plus liquides. Il est encore trop tôt pour savoir si ce mouvement est durable. Il s’agit peut-être d’ajustements de portefeuille chez les institutionnels.
- La Banque Centrale Européenne (BCE) était au cœur de l’actualité hier (sans surprise). Elle a relevé ses taux d’intérêt de 25 points de base, portant le taux des opérations principales de refinancement à 4%, le niveau le plus élevé depuis 2008. Le taux de la facilité de dépôt est désormais à 3,75%, c’est le plus haut niveau depuis 22 ans. Il s’agit de la huitième hausse consécutive. La surprise du chef : la banque centrale a augmenté ses projections d’inflation sous-jacente (ce qui permet de connaître avec justesse l’état des pressions inflationnistes) jusqu’en 2025. C’est un signal fort. Cela signifie que le resserrement monétaire risque de continuer (même si chaque nouvelle décision de hausse des taux va dépendre des données économiques publiées). A ce stade, on peut toutefois se risquer à considérer qu’une nouvelle hausse de taux en juillet prochain est acquise.
- On a peut-être anticipé trop vite la fin de la crise énergétique en Europe. Depuis le début du mois, les prix du gaz naturel en Europe ont doublé et les prix de l’électricité (qui sont liés) ont augmenté de 50%. En cause : la décision des Pays Bas de fermer définitivement à partir du 1er octobre prochain le champ gazier de Groningen qui est le plus important d’Europe. A partir de 1985, et pendant plus de quarante ans, il a contribué à environ 7-10% de la fourniture en gaz de l’Europe (à son pic, cela pouvait aller jusqu’à 20% mais c’était en 1975). C’est évidemment aussi un problème pour l’inflation. En effet, les prix du gaz et de l’électricité contribuent à hauteur de 1,9% et 3,1% respectivement au calcul de l’indice des prix à la consommation harmonisé au niveau de l’UE. Peut-être une nouvelle épine dans le pied de la BCE.
- Sur le marché des changes, la pression s’accentue sur le yen japonais. C’est bien évidemment lié aux ajustements de politique monétaire (hausse des taux en zone euro et projections de deux hausses supplémentaires aux Etats-Unis cette année). Cela reflète aussi le retour en grandes pompes des stratégies de carry trade sur le marché des changes (avec le début d’un décalage de politique monétaire entre certaines zones économiques). Dans cette perspective, il est probable que la plupart des devises d’Amérique latine mais aussi certaines devises asiatiques (comme le won sud-coréen) affichent de bonnes performances à l’avenir. L’autre facteur qui pèse sur le yen, c’est évidemment le statu quo de politique monétaire au Japon qui est incompréhensible pour de nombreux opérateurs. Cela fait depuis le début de l’année que les rumeurs de sortie d’une politique monétaire ultra-accommodante circulent mais elles sont restées pour l’instant au stade de rumeurs. Il y a quelques trades qui affiche une excellente performance depuis le début de l’année. L’un d’eux est de shorter le JPY (vendre), l’autre est d’être long sur le GBP (acheteur), en particulier face au dollar américain.
Nouvelle estimation de l’inflation en zone euro au mois de mai (consensus à 6,1% sur un an). Cela aura peu d’influence sur la tenue des marchés.
Peu d’actualité sur le front des entreprises. C’est peut-être le bon moment pour profiter du soleil.
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