C'est bon
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Depuis le début d’année, nous avons adopté un positionnement résolument optimiste. Mais tout semble plutôt bien se dégoupiller. On observe un retour des flux sur les secteurs délaissés en 2022. Ainsi, après la très violente correction de l’an dernier, on assiste à un réveil des FANG qui surperforment de nouveau l’indice Nasdaq. Sur le marché obligataire, on note une vraie détente des deux côtés de l’Atlantique. C’est parfois dans des proportions spectaculaires. Tous les segments obligataires ont des rendements au plus bas de l’année. Cela ne veut pas dire que rien ne va se passer et que la hausse va perdurer. Mais nous pensons résolument que le consensus de marché était trop négatif pour 2023. En outre, nous doutons qu’il y ait des événements extrêmes marquants cette année. Cela veut dire, en général, moins de volatilité. L’année qui débute va simplement consister à gérer la fin de la période de stimulus liés à la Covid et à la crise énergétique. La croissance va évidemment ralentir un peu partout (quoi qu’en Chine elle pourrait s'étoffer par rapport à 2022). Les valorisations boursières vont certainement augmenter de nouveau et durablement (à part dans quelques cas bien précis, comme Orpéa par exemple). C’est le bon moment pour revenir sur le marché (éventuellement avec une stratégie d’options). On notera enfin que les marchés financiers ne sont plus du tout sur l’optique d’une récession en 2023 (alors que c’était le cas fin 2022). Le spread de crédit sur le haut rendement aux Etats-Unis a certes augmenté, à 400 points de base, mais ce n’est toujours pas un niveau consistant avec l’hypothèse d'une récession. En général, le spread est supérieur à 1000 points de base. On en est donc très loin.
- La démographie, c’est l’un des dadas de Marc Fiorentino. Et c’est aussi l’un des nôtres chez Saxo Banque. Le franchissement confirmé la semaine dernière du pic démographique en Chine (avec 10 ans d’avance sur les projections) agit comme un “wake-up call” mondial. Selon les dernières données, la croissance de la population mondiale est désormais inférieure à 1% - c’est une première depuis la première moitié du 20ème siècle. Selon les projections, 61 pays dans le monde vont voir leur population diminuer d’au moins 1% d’ici 2050. Le processus est déjà bien amorcé dans certains pays développés, comme le Japon où la population baisse depuis 2010. En Italie, c’est le cas depuis 2014. Cela va entraîner évidemment d’énormes conséquences et, en particulier, mettre sous tension le marché du travail. En Allemagne, ce sont près de 500 000 personnes qui devraient sortir du marché du travail chaque année entre 2025 et 2035. C’est énorme. Nous entrons dans un monde de pénurie de main d'œuvre. Nous doutons toutefois que cela entraîne une hausse significative des salaires. On le voit avec chatgpt, de plus en plus de tâches aujourd’hui accomplies par les humains vont l’être par la machine (et parfois en mieux). C’est aussi certainement la première fois que les classes moyennes supérieures (par exemple les avocats ou les économistes) font face à un vrai risque de remplacement. Énorme.
- La refonte du segment des crypto-monnaies se poursuit en ce début d’année. Nous venons d’apprendre que l’entreprise Genesis a été placée en faillite. La société a gelé les rachats des clients depuis mi-novembre, dans la foulée de la faillite de FTX. Ce scénario était inévitable. Les experts du secteur prévoient que la remise à plat de l’environnement crypto est encore loin d’être fini (ce qui implique des secousses sur le Bitcoin certainement). Entre-temps, beaucoup accusent les VCs (fonds d’investissement) d’avoir failli à leur rôle. Il y a certainement des améliorations à apporter. En Europe, seulement 8% des employés du secteur VC ont déjà travaillé dans une start-up et seulement 4% dans le domaine des Nouvelles technologies. Ceci explique peut-être cela. Comment comprendre un secteur d’activité sans n’avoir jamais vu de près ce qui se passe réellement dans les rouages de la machine?
Nouvel an chinois - ce qui veut dire que la liquidité va affluer en Chine de la part de la banque centrale. Autrement, l’actualité économique est plutôt réduite en ce début de semaine. Il y aura quelques chiffres allemands (comme les estimations PMI et l’IFO en janvier). Mais ce sera fondamentalement une semaine de transition avant les banques centrales (la réunion de la banque centrale américaine est programmée le 1er févrieret de plus en plus d’acteurs envisagent une hausse de seulement 25 points de base du taux directeur principal).
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