Ce n’est que le début
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: Nous nous attendons à ce que de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie soient annoncées en fin de semaine
Nous nous attendons à ce que de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie soient annoncées en fin de semaine, à l’occasion du Sommet Européen. Plusieurs Etats de l’Est poussent pour des sanctions visant le pétrole russe (la Pologne, en particulier). Le marché n’est certainement pas préparé à cette éventualité. Beaucoup d’investisseurs croient encore qu’un accord diplomatique puisse être atteint entre l’Ukraine et la Russie à court terme. C’est peu probable, selon nous. Les principaux pays qui servent de pont entre Kiev et Moscou (Israël et Turquie) ne sont pas en mesure de faire part d’avancées significatives. Nous avons tendance à croire les mises en garde de la Maison Blanche à propos d’une escalade (cyberattaques russes contre l’Occident et usage possible d’armes chimiques et biologiques en Ukraine par la Russie). Le marché va devoir s’habituer à ce que la guerre en Ukraine fasse partie du nouveau panorama d’investissement et certainement pour longtemps. Le vrai problème d’un point de vue marché, c’est que la guerre en cours entraîne de désastreuses conséquences sur les chaînes d’approvisionnement et, plus globalement, sur la trajectoire de l’inflation. Cela va aboutir à des politiques monétaires beaucoup plus restrictives. C’est certain aux Etats-Unis. Le cycle de durcissement monétaire pourrait être d’environ 400 points de base (ce serait un cycle de relèvement des taux similaire aux précédents). En zone euro, le débat persiste encore sur l’ampleur de la normalisation à venir. Etant donné les pressions inflationnistes, on ne peut plus exclure une hausse des taux dès cette année. Nous n’allons toutefois pas nous risquer à donner un mois précis – soyons francs, personne ne le sait.
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. La confiance des consommateurs s’est effondrée en Belgique, à -16 en mars contre 1 en février. Au niveau de la zone euro, la production du secteur de la production a fortement rebondi en janvier, de 3,90% après -1,50% en décembre. Ce sursaut s’explique essentiellement par des conditions météorologiques plus clémentes.
- Les Européens cherchent à sanctionner le pétrole russe. Plusieurs options sont sur la table : 1) taxer les importations de pétrole russe en Europe à 100%. Cela inciterait les acheteurs à se tourner vers d’autres fournisseurs. Le pétrole russe trouverait toutefois des débouchés, à des prix très décotés, en Chine et en Inde par exemple ; 2) payer directement 30% de la facture à la Russie et mettre 70% sur un compte sous séquestre qui serait débloqué dès que la Russie stoppe son invasion et 3) les fonds gelés de la banque centrale russe, ceux des oligarques et éventuellement les fonds mis sous séquestre au titre de l’achat de pétrole russe pourraient être redistribués à l’Ukraine afin de permettre sa reconstruction. Des annonces dans ce sens pourraient être faites à l’occasion du Sommet Européen de jeudi et vendredi (avec la présence du président américain Joe Biden jeudi).
- La normalisation sur le marché obligataire continue. Le taux à 10 ans de la France, qui sert de référence au marché, est proche de 1%. Il renoue avec ses niveaux de début 2018. Il faut toutefois être prudent concernant cette remontée. En comparaison historique, le taux reste bas. En 2014, il était à 2,4%. En outre, la remontée est rapide mais nous sommes très loin d’un phénomène de panique. Il s’agit surtout d’un ajustement du marché par rapport à une nouvelle réalité (guerre en Ukraine et politique monétaire beaucoup plus restrictive).
Les résultats d’entreprises continuent avec Tencent, China Mobile, WuXi AppTec (produits pharmaceutiques), IHS Markit, Yihai Kerry Arawana (commercialisation de produits alimentaires), Cintas (production d’uniformes et de matériel de sécurité) et General Mills (agroalimentaire).
Les discours de banquiers centraux sont au menu aujourd’hui : Andrew Bailey de la Banque d’Angleterre (13h) et Jerome Powell de la Réserve Fédérale américaine (13h). Powell interviendra dans un panel sur les challenges auxquels font face les banques centrales dans un monde digital. L’évènement est organisé par la Banque des Règlements Internationaux. C’est un sujet passionnant. Mais l’impact sur le marché sera nul.
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