Ce n'est pas encore du vert
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Sur la semaine, le CAC 40 reste en repli (0,17%). Comme à chaque fois, les tentatives de rebond de l’indice tournent court, essentiellement parce que les volumes ne sont pas là et parce que le rebond ne repose pas sur une réelle amélioration des fondamentaux ou sur une stabilisation des valorisations. Il est peu probable que la semaine prochaine soit meilleure que celle-ci étant donné les congés de Thanksgiving aux Etats-Unis. Cela va se traduire par une baisse importante des volumes. Les algorithmes vont prendre le relais. Sur le front des devises, l’euro effectue un rebond depuis plusieurs séances. Cela ne reflète pas un retour de la confiance des investisseurs étrangers mais un affaiblissement généralisé du dollar américain. Beaucoup d’investisseurs considèrent que le pic du dollar a été atteint (en référence au dollar index). C’est peut-être un peu trop tôt pour en être certain. Aujourd’hui, nous ferons un point sur les résultats d’entreprises à 13h (inscription à notre webinaire ICI). Nous verrons ensemble quels sont les secteurs d’activité qui peuvent être porteurs à court terme (sans surprise, ce ne sera certainement pas la tech qui fait face à de nombreux vents contraires et qui est contrainte d’alléger ses effectifs). Nous ferons en particulier un point sur Nvidia qui a annoncé il y a peu ses résultats. L’entreprise est dans une position délicate avec une baisse du cours de son action de 47% depuis le début de l’année.
- Outre-Manche, le gouvernement britannique a présenté un budget pour l’année 2023 qui a tout l’air d’un plan d’austérité avec à la clé près de 55 milliards de livres de hausses d’impôts et de coupes dans les dépenses publiques. La lutte contre l’inflation et surtout le rétablissement de la confiance des investisseurs étrangers (qui permettent de financer le train de vie des Britanniques) sont les deux priorités principales, au détriment de la croissance (tous les indicateurs confirment que l’économie britannique est déjà entrée en récession). La pression externe pour augmenter les impôts était importante. La charge de la dette en net atteint 2,8% du PIB. C’est comparable au niveau de l’Italie (cela permet un peu de situer à quel point la situation est tendue). A l’inverse, la France fait face à une charge de la dette en net qui est seulement de 1,3% du PIB. Étant donné le regain de l’inflation, la Banque d’Angleterre devrait aussi se focaliser plutôt sur la hausse des prix que sur la croissance à court terme. On peut contester l’intérêt de mettre en place une politique d’austérité mais ce qui est certain c’est qu’il y a désormais parfaite coordination entre la politique budgétaire et la politique monétaire outre-Manche (ce qui n’est pas le cas ailleurs). En zone euro, le détail de l’indice des prix à la consommation harmonisé au niveau européen a été publié hier. Sans surprise, toutes les composantes sont en hausse. Il n’y a pas de pic d’inflation en vue dans l’Union monétaire (contrairement aux Etats-Unis). Pour nous, c’est un argument qui pourrait inciter la Banque Centrale Européenne à augmenter son taux directeur de 75 points de base en décembre (alors que le consensus table sur un ralentissement du rythme de hausse des taux à 50 points de base).
- Aux Etats-Unis, les revendications hebdomadaires au chômage ont atteint 222 000 la semaine dernière (contre un consensus à 228 000). Le marché du travail est toujours résilient (mais c’est un indicateur en retard par rapport au cycle économique). Nous nous attendons toutefois que le chômage commence à nettement augmenter d’ici trois mois à six mois (reflétant en grande partie le ralentissement du marché de l’immobilier). Enfin, l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie s’est effondré en novembre à -19,4 contre -6 prévu par le consensus des analystes de Bloomberg.
Journée calme sur le front des entreprises avec essentiellement les résultats trimestriels de JD.com.
Peu de statistiques aujourd’hui à l’exception des ventes de logements existants aux Etats-Unis en octobre. Le nombre de ventes est attendu, sans surprise, en repli à 4,38 millions contre 4,71 millions un mois plus tôt. La hausse du taux des crédits hypothécaires conjuguée à un environnement de forte inflation réduisent la demande solvable (c’est également un problème en France et dans la plupart des économies développées). Pour l’instant, le marché de l’immobilier américain est en phase de ralentissement. Ce n’est en aucun cas l’éclatement d’une bulle. Les zones de fragilité se trouvent en Californie et au Texas. La trajectoire économique des Etats-Unis en 2023 (et l’éventualité d’une récession) va fortement dépendre de l’ampleur de la chute de l’immobilier. Pour l’instant, la baisse des prix et des transactions n’est pas inquiétante au niveau national. Il s’agit d’une normalisation salutaire. A court terme, cela signifie que le risque de récession aux Etats-Unis est limité (ajoutons en conclusion que les indicateurs avancés semblent indiquer une forte croissance au T4 de cette année).
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