Ca ne lâche pas

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
L’indice parisien est en phase de consolidation depuis peu, favorisé aussi par le recul des volumes à l’occasion de Thanksgiving (qui commence officiellement aujourd’hui). Une phase de consolidation n’est pas nécessairement synonyme de rebond par la suite. Le marché reste hésitant. La politique zéro Covid en Chine a jeté un froid sur les places boursières en début de semaine. Mais des PMI moins mauvais que prévu en zone euro ont permis de rassurer. Le débat sur l’ampleur de la hausse des taux à venir en zone euro n’est pas tranché. Le compte-rendu de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) aujourd’hui sera utile pour connaître l’état des échanges entre gouverneurs. Les derniers indicateurs PMI indiquent un ralentissement de la pression sur les prix au niveau de la production. Mais l’indice des prix à la consommation harmonisé, dont le détail a été publié la semaine passée, montre que les pressions inflationnistes restent encore très répandues dans l’économie. Nous sommes dans une phase délicate du point de vue économique. Attention évidemment à la forte baisse des volumes aujourd’hui et demain. Le calendrier des entreprises est presque vide. C’est certainement le bon moment pour faire une pause sur le marché.
- Il n’y avait pas énormément de statistiques hier. L’indice PMI flash (première estimation) pour la zone euro est ressorti à 47,8 en novembre contre 47,3 en octobre. Le consensus tablait sur un chiffre plus dégradé à 47. L’Allemagne enregistre, sans surprise, le rythme de contraction le plus marqué. Le léger rebond observé est attribuable à l’industrie manufacturière (indice PMI à 47,3 en novembre contre 46,4 en octobre) tandis que le secteur des services reste stable. Deux observations principales : 1) l’inflation ralentit essentiellement sous l’effet d’une baisse des prix à la production (plus fort recul depuis 2011 selon le PMI) ; et 2) le rebond du PMI composite est cohérent avec une récession mais celle-ci pourrait être de faible ampleur et très différenciée en fonction des pays (cela dépendra principalement de l’exposition au choc énergétique et des mesures budgétaires prises pour l’atténuer). Expansion, contraction. C’est ce qui est en train de se produire sur le marché du travail aux Etats-Unis. Les suppressions de postes qui ont un temps concerné principalement le secteur de la tech se diffusent dans le reste de l’économie (immobilier, transport etc.). Hier, c’est la société technologique HP qui a annoncé 6000 licenciements au cours des deux prochaines années. L’objectif est d’améliorer la rentabilité dans un contexte de marché de plus en plus tendu où la demande en ordinateurs ne fait que diminuer. D’autres suppressions de postes sont à venir ailleurs. Enfin, l’OCDE a mis à jour ses prévisions économiques pour la France. Ce ne sera pas glorieux évidemment. Le PIB est prévu en hausse de seulement 0,6% en 2023 et le rebond sera modeste, de l’ordre de 1,2% en 2024 (on revient à notre rythme de croissance potentielle). L’inflation devrait rester plus basse que dans la plupart des pays européens mais elle restera élevée à 5,7% en 2023. Elle devrait refluer à 2,7% en 2024 à condition qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise. En l’état actuel de la macroéconomie, il est très hasardeux de faire des prévisions sur un horizon temps aussi éloigné.
- Toutes les banques centrales ne s’interrogent pas sur l’opportunité d’une pause de politique monétaire. La banque centrale de Nouvelle-Zélande a augmenté hier son taux directeur de 75 points de base (après une hausse précédente de 50 points de base) pour le porter à 4,25% afin de lutter contre les pressions inflationnistes.
- La saga FTX continue. Parmi les perles, on vient d’apprendre que l’argent levé par FTX a notamment permis d’acheter 19 propriétés pour un total de 121 millions d’euros, dont une maison pour les parents du fondateur, Sam Bankman-Fried. C’est généreux de sa part.
Rien d’important au niveau des entreprises aujourd’hui. En revanche, Meituan (vente en ligne en Chine) et Pinduoduo (commerce en ligne spécialisé sur la vente de produits alimentaires à bas coût en Chine) publient leurs résultats trimestriels ce vendredi.
L’indice du climat des affaires en Allemagne (IFO) est publié à 10h. Il est prévu en léger rebond à 85. Mais la récession est toujours bien présente. En fin de matinée, le compte-rendu de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne est attendu. Il devrait éclairer d’un jour nouveau le débat portant sur l’ampleur de la prochaine hausse des taux en décembre (50 points de base ou 75 points de base). Étant donné la trajectoire de l’inflation, nous faisons partie du camp de ceux qui tablent sur une nouvelle hausse de 75 points de base. C’est maintenant ou jamais.
Actualité des marchés en temps réel
Clause de non-responsabilité