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Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Ce n’est certainement pas le moment d’être long sur les indices boursiers. La tendance est toujours baissière sur le CAC 40. Un test du support situé à 5756 points (qui est en approche) pourrait entraîner un rebond de la volatilité (accélération de la baisse avant un probable rebond technique). Tous les analystes s’accordent à dire que le point bas n’est certainement pas encore atteint. D’habitude, un trop fort consensus est à prendre avec des pincettes. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. En revanche, c’est certainement le bon moment pour s’intéresser de nouveau au marché obligataire (en particulier les obligations à haut rendement des entreprises et les obligations indexées à l’inflation). C’est la première fois depuis l’entrée dans un environnement de taux bas que nous pensons que les obligations ont désormais pleinement leur place dans un portefeuille d’investissement diversifié. En période de forte inflation, il convient aussi de s’intéresser aux matières premières (en particulier toutes celles dont nous aurons besoin dans le cadre de la transition énergétique, comme le lithium) et les crypto actifs (qui sont une poche d’investissement mineure, avec une exposition réduite à environ 5-7% au maximum). Ce qu’on doit retenir, c’est que même dans les pires circonstances de marché, il y a toujours des opportunités d’investissement.
- Il n’y avait aucune statistique importante hier. La Banque de France a revu à la baisse sa prévision de croissance pour le troisième trimestre, passant de 0,3% à 0,25% par rapport au deuxième trimestre (essentiellement en raison d’une performance médiocre de l’industrie). En outre, la Banque d’Angleterre (BoE) continue d’intervenir. Depuis une dizaine de jours, le marché obligataire britannique est dysfonctionnel et fait face à un problème récurrent de liquidité. De nouvelles mesures de soutien ont été annoncées hier dont une extension de la facilité de repo (qui permet essentiellement de fournir de la liquidité aux acteurs du marché). D’autres banques centrales pourraient connaître des problèmes similaires à court terme alors que la liquidité mondiale diminue rapidement (la liquidité en dollars est en contraction, par exemple). Enfin, la Chine poursuit sa coûteuse politique zéro Covid à quelques jours de l’ouverture du 20ème Congrès du Parti Communiste (à la fin de la semaine). Au niveau national, le pays a recensé 1878 nouveaux cas de Covid dimanche dernier. C’est le plus haut niveau depuis le 20 août. Shanghai est l’un des nouveaux foyers de contamination avec 34 nouveaux cas en une seule journée. Plusieurs quartiers ont été mis en quarantaine, y compris dans le centre financier. Nous doutons que la Chine soit en mesure d’abandonner cette stratégie à court et à moyen terme (étant donné l’absence totale d’immunité collective de la population chinoise). C’est un frein majeur pour la croissance mondiale.
- Les Etats-Unis mettent en œuvre une stratégie (intelligente) de restriction des exportations d’équipements essentiels pour les semi-conducteurs vers la Chine (composants, puces haut de gamme etc.). Depuis vendredi dernier, le département du Commerce a instauré une nouvelle réglementation interdisant aux entreprises américaines d’exporter des composants semi-conducteurs vers les entreprises chinoises qui peuvent être ensuite utilisées pour fabriquer des équipements sans demander au préalable une licence auprès du département du Commerce. Une autre réglementation a aussi été instaurée afin d’empêcher la Chine d’obtenir des micropuces avancées pouvant être utilisées dans des applications d’intelligence artificielle ou pour des superordinateurs. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine n’en est qu’à ses débuts.
- Le débat budgétaire en France va être tendu. Le Haut Conseil des Finances Publiques a rendu un avis sévère concernant les prévisions du gouvernement (en rouge vif dans le texte…nous sommes passés à deux doigts des majuscules). Je cite : « Le Haut Conseil considère que les hypothèses d’écart de production (-1,1 point en 2022) et de croissance potentielle (+1,35% par an sur 2022-2027) sont optimistes, notamment parce que cette dernière suppose des effets importants et immédiats de réformes (RSA, retraites, assurance-chômage, apprentissage…) dont ni les modalités, ni les impacts, ni le calendrier ne sont documentés ». Délicieux. Evidemment, le gouvernement fait aussi abstraction du risque de récession (qui est très crédible).
Les résultats d’entreprises ne commencent qu’en milieu de semaine, avec Pepsico. L’entreprise cotée au Nasdaq a eu un parcours boursier moins chaotique que d’autres (baisse de seulement 6% depuis le début de l’année). Le groupe a récemment annoncé un accord stratégique avec l’eau Aqua Carpatica (Roumanie). Pour la petite histoire, il va également recevoir prochainement le premier camion semi-remorque entièrement électrique de Tesla.
Le calendrier économique est presque vide. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, s’exprime ce soir à 20h35 (heure de Paris). Malgré la tension persistante sur le marché obligataire britannique, les investisseurs n’anticipent plus de hausse de taux en urgence par la banque centrale. Cette possibilité, un temps évoquée, a été clairement repoussée la semaine dernière par le chef économiste de l’institution dans un commentaire diffusé à la presse. La pression reste intacte sur la livre sterling. Il est peu probable que la paire EUR/GBP atteigne la parité à court terme. En revanche, une évolution dans la zone de prix située entre 0,88 et 0,89 est crédible.
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