A la croisée des chemins
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Les séances se ressemblent beaucoup en bourse en ce moment. Ce sont toujours les mêmes facteurs qui poussent à la baisse les principaux indices boursiers. L’inflation est toujours le point de préoccupation majeur. Suite aux chiffres du mois d’août pour les Etats-Unis, le marché monétaire estime qu’il y a une probabilité de 30% que la Réserve Fédérale américaine augmente son taux directeur de 100 points de base la semaine prochaine. Il y a encore quelques jours de cela, la probabilité était inférieure à 10%. La publication de la nouvelle estimation de l’inflation en zone euro pour le mois d’août ne devrait pas provoquer d’importants remous aujourd’hui. Le chiffre devrait être confirmé à 9,1%. Cela fait consensus. Du point de vue du CAC 40, il faudra que l’indice réussisse à préserver la zone des 6200 points dans les séances à venir. Si ce n’est pas le cas, nous pourrions avoir à moyen terme un retour vers les 6035 points, selon l’analyse technique. L’indice est dans une situation inconfortable en ce moment.
- Il y avait quelques statistiques éparses hier. Le stockage de gaz de l’Union Européenne continue d’augmenter. Mais il reste inférieur à la moyenne de la période 2016-2020, à 84% contre 86%. Concrètement, le risque de rationnement est toujours présent. On estime qu’il faut au moins des stocks à 90% pour passer l’hiver sans trop de difficultés. Du fait de l’arrêt de la moitié du parc nucléaire français, les difficultés financières d’EDF vont s’accroître. Le groupe a annoncé une baisse de l’EBITDA (Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 29 milliards d’euros pour l’année 2022. Pour rappel, au début des années 2000, EDF était l’une des plus grosses capitalisations du CAC 40. C’est désormais un canard boiteux. Au Japon, le patron du parti au pouvoir LDP, Kōichi Hagiuda, a plaidé pour un nouveau paquet de mesures de soutien pour un montant d’environ 30 000 milliards de yens afin de contrer les pressions inflationnistes (209 milliards d’euros au taux de change actuel). L’ensemble des nouvelles mesures devraient être annoncées en octobre. Par ailleurs, un ancien haut responsable du ministère des Finances a indiqué que son pays ne possède pas suffisamment d’outils pour contrer la chute du yen. C’est aussi ce que nous pensons. Une intervention directe de la banque centrale japonaise n’est en rien assurée d’être couronnée de succès. Enfin, la confiance du consommateur s’effondre au Royaume-Uni. L’indice publié par Yougov et le Centre for Economics and Business Research a chuté de 4,2 points en août à 98,8 contre 103,0. C’est la plus importante baisse mensuelle depuis le début de la pandémie. Le sondage a été réalisé entre le 1 et le 31 août – soit avant que le Premier ministre Liz Truss ne dévoile son plan anti-inflation. Il n’est toutefois pas certain que cela aurait fondamentalement modifié les résultats.
- L’entrée en récession attendue de la France est une bonne nouvelle…à moyen terme. Nous en parlions hier matin sur BFM Business. En effet, l’économie a besoin de passer par une récession pour que l’inflation chute. Il n’y a pas d’autre solution. C’est le seul moyen de réduire la pression qui a créé des tensions un peu partout, en particulier au niveau des chaînes logistiques. Les banques centrales sont aussi à la manœuvre pour éviter que l’inflation ne devienne structurelle. La hausse des taux combinées à la baisse du pouvoir d’achat va aboutir à une chute de la demande qui permettra à moyen terme de renouer avec une inflation plus basse, plus gérable pour les acteurs économiques et de revenir à des niveaux de croissance plus sains. Cela va aussi permettre de faire le tri en Europe et aux Etats-Unis au niveau des entreprises zombies et d’inciter les entreprises à se focaliser davantage sur la rentabilité plutôt que sur la croissance à tout prix (clin d’œil pour certaines start-ups). Tout ceci est sain et nécessaire.
Il y a peu de statistiques aujourd’hui. Une nouvelle estimation d’Eurostat devrait confirmer que l’indice des prix à la consommation en zone euro a atteint 9,1 % sur un an en août. Au regard de la croissance du crédit en zone euro, la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne n’est certainement pas encore suffisamment restrictive. D’autres hausses de taux sont à venir.
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