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Responsable Stratégie Investissement
Relevé: La crise énergétique est loin d’être terminée. Comment les investisseurs peuvent investir dans le secteur de l’énergie et quels sont les différents secteurs et attentes de rendement pour le secteur de l’énergie en général. Il semble désormais plus probable que le secteur de l’énergie non renouvelable et le secteur de l’énergie renouvelable offriront tous les deux des rendements intéressants, car nous aurons besoin des deux pour surmonter notre crise énergétique à court terme et nos aspirations à long terme pour un avenir énergétique plus vert.
La crise énergétique ne cesse d’empirer
En Europe, les prix de l’énergie sont neuf fois plus élevés que la moyenne historique depuis 2007, tandis que le manque d’investissement et l’arrêt de l’approvisionnement russe en énergie limitent l’énergie disponible dans la société. Depuis avant la pandémie, nous avons rédigé de nombreuses notes d’actions sur la transition écologique, qui demande de développer les sources d’énergie renouvelable et d’électrifier tous les secteurs de l’économie afin de réduire les émissions de CO2 en lien avec notre mode de vie actuel. Il est très difficile de faire passer une grande partie du secteur des transports à l’électricité ou aux carburants verts, de faire passer les sources de chauffage au gaz naturel aux énergies renouvelables par l’électrification (pompes à chaleur air-eau), etc. car l’augmentation de notre richesse (mesurée par le PIB) est étroitement liée aux émissions de CO2 des 300 dernières années. C’est ce que nous avons décrit dans notre note La vérité incommodante au sujet de l’énergie et du PIB. (article en anlgais) Séparer notre fonction de production de richesse et celle des émissions de CO2 est probablement la plus grande tâche que l’homme ait jamais entreprise.
Il n’existe pas « une solution » pour régler notre crise énergétique
Comme l’indique le 2022 Statistical Review of World Energy de BP, la demande en énergie primaire en 2021 a éclipsé celle de 2019, ce qui suggère que la demande mondiale en énergie est désormais plus élevée qu’avant la pandémie, et que l’utilisation des combustibles fossiles (82 %) n’a que légèrement diminué par rapport à il y a cinq ans (85 %). Nous vivons encore bel et bien dans une économie reposant sur les combustibles fossiles. Les choses vont changer avec le temps, et la part des combustibles fossiles va probablement chuter, mais l’idée que le monde peut opérer la transition écologique en électrifiant tout grâce aux sources d’énergie renouvelable est naïve. Les investisseurs devraient également se rappeler que le changement dans la demande en énergie primaire repose principalement sur les pays hors OCDE. Les énergies renouvelables ne montent pas assez rapidement pour opérer une transition complète en raison de la vitesse d’électrification, et les PDG de Orsted et de Vestas se sont récemment plaints de la bureaucratie liée à l’approbation de nouveaux projets d’énergie éolienne en mer.
La récente loi Climate & Tax Bill reconnaît que nous aurons besoin du pétrole et du gaz plus longtemps que prévu il y a tout juste trois ans. Notre crise énergétique actuelle va donc permettre aussi bien aux énergies renouvelables qu’à l’énergie fossile d’être de bons investissements en parallèle. Les énergies renouvelables sont le troisième meilleur thème cette année, tandis que le thème des matières premières (qui inclut le pétrole et le gaz ainsi que les entreprises de minage) est le plus performant.
Notre vision pour l’avenir de l’énergie indique qu’il n’existe pas « une solution » à notre problème énergétique. Nous devons adopter une approche de diversification énergétique. Nous nécessiterons différentes sources d’énergie et ne devons jamais trop dépendre d’une seule source. La dépendance de l’Allemagne dans le gaz naturel dans son modèle économique s’est montrée fragile. Même le pari de la France sur l’énergie nucléaire s’est montré fragile en raison de la corrosion et des rivières désormais trop chaudes. Le monde doit investir dans tous les types d’énergie. Nous pensons donc que les investisseurs doivent avoir une exposition large à l’énergie à l’avenir.
Le secteur des énergies non renouvelables en bref
Dans cette note d’action, nous nous concentrons sur les énergies non renouvelables car il s’agit de la partie du secteur énergétique qui a le plus changé par rapport au prix et aux attentes du marché, et dans laquelle il y a plus de place pour une évolution des évaluations. Malgré les prix élevés du pétrole et du gaz, le secteur de l’énergie est encore relativement bon marché, comme nous l’avons décrit en mai dans notre note « Les actions mondiales de l’énergie sont les moins chères en 27 ans » (article en anlgais), dans laquelle nous avons mesuré l’évaluation du rendement du flux libre de trésorerie. Les prix élevés du pétrole et du gaz ont également entraîné des bénéfices records pour les raffineurs (article en anglais) et, récemment, le bénéfice trimestriel le plus élevé jamais enregistré dans le secteur mondial de l’énergie, que nous avons décrit dans notre note « Les bénéfices atteignent des sommets inédits alors que l’inflation profite à tout le monde ».
Le secteur mondial de l’énergie (défini par le GICS et étant un secteur d’énergie non renouvelable) est toujours bon marché par rapport au marché mondial des actions, le rapport EV/EBITDA sur 12 mois étant inférieur de deux écarts types à l’écart moyen de l’évaluation depuis 2005. En termes de rendement total, le secteur mondial de l’énergie a généré un rendement plus élevé que le marché mondial des actions depuis 1995 (voir le graphique). Il est également intéressant de noter que, mesuré sur le rapport EV/EBITDA sur 12 mois, le secteur des énergies renouvelables présente un niveau d’évaluation deux fois plus élevé par rapport au secteur des énergies non renouvelables, ce qui reflète les différentes attentes des prix du marché à l’avenir.
Comme nous l’avons décrit dans nos Perspectives T1, le rendement actuel des dividendes et la croissance prévue des dividendes suggèrent que le secteur mondial de l’énergie présente un rendement prévu à long terme de 10 % annualisé, sous réserve bien sûr d’un grand degré d’incertitude lié à la compression de l’évaluation des actions dans le secteur, ou à une croissance des dividendes plus faible que prévu aujourd’hui.
La manière la plus simple d’investir dans le secteur de l’énergie est de passer par des ETF qui suivent le secteur. C’est ce que la plupart des investisseurs devraient faire. Une autre approche consiste à investir dans des parties spécifiques du secteur des énergies non renouvelables. Les tableaux ci-dessous indiquent les cinq plus grandes entreprises en évaluation de marché dans chaque secteur GICS dans le secteur énergétique du GICS. Comme l’indique la colonne des rendements totaux sur cinq ans en USD, les secteurs liés uniquement au forage et à la fourniture d’équipements pour les activités de forage ont présenté le plus mauvais rendement, car la baisse des dépenses d’investissement depuis 2015 a épuisé l’activité de ce secteur. Les grands groupes pétroliers et gaziers ont obtenu de meilleurs résultats grâce au raffinage et au trading. Ces cinq dernières années, les secteurs les plus performants dans le secteur de l’énergie ont été le raffinage et le marketing, car les marges de craquage (la différence entre le pétrole brut et les produits raffinés) ont augmenté pendant la pandémie. Le secteur mondial du charbon a également obtenu de très bons résultats, ce qui est une triste observation en ce qui concerne le réchauffement climatique et la réduction des émissions de CO2. Cependant, il faut savoir que la principale source de combustible pour la production d’électricité reste le charbon.