
Une seule chose importe

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
La réunion de la Banque Centrale Européenne sera un non-évènement cette semaine, tout comme le seront les quelques résultats d’entreprises qui vont ponctuer les prochaines séances. Il y a une seule chose qui importe : c’est la crise énergétique européenne. Le coût de la crise représente désormais une ponction nette sur l’économie équivalant à près de 7 % du PIB européen. C’est massif. S’ajoute à cela la crise de liquidité qui commence à fragiliser plusieurs acteurs centraux du marché de l’énergie (particulièrement en Allemagne et en Australie). Les ministres de l’énergie de l’UE se réunissent en urgence le 9 septembre prochain. Ils vont devoir convaincre les marchés de leur capacité à éviter un scénario noir cet hiver (pénurie d’énergie, prix qui flambent, faillites d’acteurs du secteur). Plusieurs pistes sont à l’étude pour réformer le marché de l’électricité européen (dont « l’exception ibérique » qui revient à découpler temporairement le prix de l’électricité de celui du gaz et qui a permis de réduire l’ampleur de la hausse des prix en Espagne et au Portugal depuis son introduction). L’Europe va devoir également mettre davantage d’argent sur la table. Au cours du week-end, plusieurs pays ont dévoilé de nouveaux plans de lutte contre la crise (Allemagne : 65 milliards d’euros en grande partie à destination des ménages, Suède : presque 20 milliards d’euros pour soutenir les producteurs d’énergie). La France ne pourra pas faire bande à part longtemps. Le gouvernement souhaite s’orienter vers des mesures ciblées du fait du coût immense du bouclier tarifaire (24 milliards d’euros à jour). Mais il est peu probable qu’il y parvienne. Nous sommes toujours dans la période du « Quoi qu’il en coûte » (peu importe ce qu’en pense le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire).
- Il n’y avait pas de statistiques majeures hier. L’inflation en Turquie est encore ressortie à un niveau stratosphérique. L’indice des prix à la consommation en août est à 80,21 % sur un an (précisément). Il s’agit d’une légère baisse par rapport aux attentes (81,20 %). L’inflation sous-jacente est tout aussi élevée, à 66,08 % sur un an. Enfin, l’indice des prix à la production (IPP) est à trois chiffres (143,75 % sur un an). C’est certainement ce qui est le plus inquiétant. On considère habituellement que l’IPP est un indicateur avancé de l’inflation à venir (puisque les pressions inflationnistes sont répercutées par les entreprises sur les consommateurs). On le voit, la Turquie n’est pas près de sortir de l’hyperinflation.
- Cocorico ! L’Union Européenne a atteint son objectif de 80 % de remplissage de ses stocks de gaz avec deux mois d’avance. Nous pourrions nous en féliciter. En réalité, c’est un échec. A cette époque de l’année, nous sommes d’habitude à un niveau de remplissage légèrement supérieur (82 %). Nous faisons donc moins bien que d’habitude. On considère, en règle générale, qu’il faut un taux de remplissage de 90 % pour passer l’hiver tranquillement (peu importe les conditions climatiques). Cela permet de faire face à l’envolée de la demande (elle passe de 45 GWh en moyenne durant l’été à au moins 80 GWh en plein hiver, en France). Mais il est probable que l’hiver ne soit pas sans difficultés cette année. S’ajoutent, dans le cas de la France, les profondes difficultés de notre parc nucléaire (des problèmes de corrosion qu’il faudra plusieurs années à résoudre ont fragilisé près de la moitié de nos cinquante six réacteurs). Résultat : la production d’électricité à partir du nucléaire en France est en chute libre. Elle a quasiment été divisée par deux par rapport à la même période l’année dernière (passant de presque 40 MWh en 2021 à environ 23 000 MWh en 2022). Le casse-tête énergétique est là pour durer.
- Marc Fiorentino a fait sa rentrée sur BFM Business vendredi dernier dans ‘C’est votre argent’. Incontournable. Exceptionnel. Avec des invités de « Marc / marque » : François Dembik, Valérie Robert, Henri de Montalembert et Robert Ferrand au top [private joke]. Pour comprendre, il faut visionner et c’est par ICI.
Des primaires ont lieu au Massachusetts (Etats-Unis) aujourd’hui. Les Républicains devraient conserver le siège de gouverneur. Les électeurs devront départager un candidat pro-Trump qui a reçu officiellement le soutien de l’ancien locataire de la Maison Blanche et un candidat plus modéré au profil d’homme d’affaires. Le vainqueur devrait logiquement affronter le procureur général démocrate Maura Healey lors des élections de mi-mandat de novembre prochain. Ces primaires sont suivies de près car elles donnent une indication avancée de l’état de l’opinion publique américaine. Pour l’instant, il ne s’agit pas d’une déconfiture pour les Démocrates, comme on le craignait initialement.
Ashtead Group (société de location d’équipements industriels au Royaume-Uni) publie ses résultats. La semaine est calme, à ce niveau.
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Les métaux précieux prennent encore la première place ce mois-ci
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