Semaine de transition
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Ce sera une semaine calme. Du fait des festivités de Thanksgiving, le marché va s’arrêter dès jeudi. Les algorithmes de trading vont prendre le relais. Étant donné l’année catastrophique pour les gérants, il est probable que la prise de risque soit mesurée. Nous ne nous attendons pas à de grands mouvements dans les prochains jours. Au niveau des statistiques, il y a peu d’indicateurs notables. L’indice IFO du climat des affaires en Allemagne est le principal point d’attention cette semaine. Sans surprise, il devrait confirmer que la première économie de la zone euro est déjà entrée en récession. Même le secteur du tourisme est en berne (si on regarde les attentes à six mois). C’est significatif car c’est l’un des rares secteurs économiques qui soit résilient même en période de récession. Ce sera compliqué pour l’Allemagne. Parmi les autres statistiques de la semaine, il y aura les chiffres des commandes de biens durables et des ventes de logements neufs en octobre aux Etats-Unis. Le marché du neuf devrait encore pâtir du bond des taux d’intérêt et de l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat. C’est la même situation en France. Nous ne sommes toutefois pas confrontés à un scénario similaire à celui de 2008 aux Etats-Unis. Il n’y a pas encore d’éclatement de la bulle immobilière.
- Il y avait peu de statistiques vendredi dernier. La production industrielle en Suisse reste soutenue à 5,2% en données trimestrielles contre 5,0% précédemment. Outre-Manche, les ventes au détail continuent de s’effondrer, mais un peu moins que prévu. Le repli est de 6,1% sur un an en octobre contre -6,8% en septembre et -6,5% prévu par le consensus. Il n’y a toutefois pas de quoi se réjouir. C’est un indicateur parfaitement cohérent avec une récession importante. Enfin, l’inflation poursuit sa progression au Japon. L’IPC national est ressorti à 3,6% sur un an en octobre. Cela ne devrait pas avoir d’implications pour la politique monétaire. La Banque du Japon prévoit un net repli de l’inflation à partir du printemps prochain. A voir.
- Le marché du pétrole continue d’être en repli (prix du baril de Brent et de WTI nettement sous 90 dollars). Cela s’explique par plusieurs facteurs : récession aux Etats-Unis (ce n’est toutefois pas notre scénario de base chez Saxo), regain de la crise Covid en Chine (qui éloigne encore un peu plus l’option d’une réouverture économique) et hausse des taux directeur au niveau mondial (avec deux exceptions notables : la Turquie et la Russie). La demande devrait continuer d’être déprimée dans les mois à venir. C’est au moins une bonne nouvelle sur le front de l’inflation.
- Il n’y aura pas d’autre option que d’augmenter les impôts pour faire face à la crise. Le Royaume-Uni montre le chemin. En France, la pression est moins importante à court terme car la charge de la dette en pourcentage du PIB est comparativement faible (1,3% en net contre 2,8% pour le Royaume-Uni et l’Italie). Mais il y a des signaux faibles qui vont dans le sens d’une augmentation de la fiscalité : hausse de la taxe foncière (62% à Paris si on table sur une inflation à 6 ou 7 %), financement du bouclier tarifaire sur l’énergie qui devrait perdurer sous une forme ou une autre jusqu’en 2027 (il faudra bien augmenter la fiscalité pour le financer), retour en arrière pour la ristourne sur les prix de l’essence etc…Nous allons vers une société de frustrations. Les ménages les moins aisés vont être subventionnés, la classe moyenne va être ponctionnée (au nom de la redistribution) et les plus aisés vont encore pouvoir échapper en grande partie à l’impôt grâce à l’optimisation fiscale (via par exemple la création d’une holding). C’était le parti pris de Christopher Dembik lors de son édito hebdomadaire sur BFM Business (à revoir ICI).
Pas d’éléments notables à mentionner sur le front des entreprises aujourd’hui.
Aucune statistique majeure aujourd’hui. La semaine sera courte du fait de Thanksgiving (à partir de jeudi).
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