Il n'y a pas de risque "Le Pen" contrairement à 2017
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: Entre la présidentielle et l’inflation, il est évident que le choix est vite fait. C’est l’inflation qui est le vrai sujet de préoccupation.
Les investisseurs ne prêtent pas beaucoup attention au déroulé de l’élection présidentielle française. En fin de semaine dernière, nous avions observé quelques signaux de tension sur certaines classes d’actifs. Mais ce fut éphémère. Les éléments les plus anxiogènes du programme économique de 2017 ont disparu du programme de 2022 de Marine Le Pen. Elle s’est normalisée. C’est pourquoi les investisseurs ne s’inquiètent pas vraiment de l’échéance électorale française. Entre la présidentielle et l’inflation, il est évident que le choix est vite fait. C’est l’inflation qui est le vrai sujet de préoccupation. A juste titre, selon nous. La publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis aujourd’hui va être encore un difficile rappel que le pic d’inflation n’est pas passé. Cela pourrait créer quelques remous sur les valeurs technologiques américaines qui sont vulnérables à la remontée des taux. A plus long terme, nous restons convaincus que les grandes valeurs du Nasdaq restent d’intéressants investissements en bas de portefeuille (du fait de leur capacité d’innovation et de leur assise de marché, par exemple).
- Il y avait peu de statistiques hier. La production industrielle britannique a augmenté de 1,6% en février sur un an contre un consensus à 2,1% et un chiffre précédent à 3,0%. En revanche, la production manufacturière a surpris à la hausse sur la même période, en progression de 3,6% sur un an contre une estimation attendue du consensus à 3,0%. La dynamique économique reste positive à court terme même si la progression fulgurante de l’inflation outre-Manche pose de sérieuses questions sur l’évolution de la croissance à moyen terme. Les six à douze prochains mois vont être probablement difficiles pour le pays.
- La hausse des prix alimentaires continue. L’indice FAO du prix des produits alimentaires est passé de 140,7 à 159,3, ce qui équivaut à une augmentation de 33,6% en un an. Cela s’ajoute évidemment à la hausse des coûts des engrais et du transport international. La hausse devrait se poursuivre à moyen terme. C’est un sujet pour toutes les régions du monde mais plus particulièrement pour l’Asie où les produits alimentaires (ainsi que le pétrole) représentent une part importante de la pondération de l’indice des prix à la consommation. Cela va justifier de nouvelles mesures hawkish de la part des banques centrales dans les semaines à venir (notamment de la part de l’Autorité monétaire de Singapour et de la Banque de Réserve de Nouvelle-Zélande). L’ère des taux bas est définitivement terminée.
- La politique zéro Covid en Chine est de plus en plus coûteuse. L’objectif de croissance économique à 5%-5,5% cette année ne sera pas atteint, selon nous. La ville de Shanghai a enregistré un nouveau record quotidien de cas de Covid hier. La mise en place des premières mesures de confinement le 28 mars dernier n’ont pas permis d’endiguer la propagation du virus, pour le moment. Un nouveau foyer de contaminations a aussi été découvert dans la région de Guangzhou (au nord de Hong Kong, population urbaine d’environ 18 millions d’habitants). Les écoles primaires et les collèges ont fermé dans la foulée (apprentissage en ligne). Mais d’autres mesures devraient être prises prochainement. La population accepte de moins en moins ces contraintes.
Aucun résultats d’entreprises aujourd’hui. En revanche, plusieurs valeurs importantes sont à l’agenda demain : Tesco, JPMorgan Chase & Co, Blackrock et Fastenal (fournitures industrielles).
L’inflation aux Etats-Unis au mois de mars est le principal point d’attention aujourd’hui. En février, l’indice des prix à la consommation (IPC) avait atteint un point haut de quarante ans à 7,9% sur un an. En mars, l’inflation est prévue à 8,4% sur un an. Ce nouveau record décennal devrait accentuer la pression sur les valeurs technologiques du Nasdaq (qui sont vulnérables à la remontée des taux, à court terme). Actuellement, le Nasdaq se trade avec un PER de 53. C’est très élevé.
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