Garder le sourire

Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le pire ne s’est pas produit cet été, même si la trajectoire boursière reste encore négative (baisse de -3,6 % du CAC 40 sur un mois). En juillet et en août, nous avons observé un retour des investisseurs particuliers sur les marchés. Mais ce mouvement semble ralentir. Beaucoup s’interrogent, à juste titre, sur la tenue boursière dans les mois à venir. Selon nous, le principal point positif, c’est que les principaux risques sont déjà en grande partie intégrés dans les prix (récession, crise énergétique, inflation, immobilier chinois etc.). Nous pourrions peut-être même éviter un rationnement de l’énergie cet hiver puisque l’UE a atteint avec deux mois d’avance son objectif de stockage de gaz (stock rempli à 80 %). Il n’est probablement pas encore temps de revenir sur le marché massivement. Des stratégies de stock-picking couplées avec un retour sur les fonds thématiques (qui subissent une forte décollecte mais demeurent des investissements intéressants à long terme) peuvent être la bonne approche. En ce qui concerne le stock-picking, nous surveillerons de près les résultats de Lululemon cet après-midi (c’est une belle valeur de l’habillement qui a parfaitement réussi sa transition vers le digital). Nous sommes fans.
- L’inflation n’a pas pris de vacances en juillet et en août. L’indice des prix à la consommation a grimpé en zone euro à 9,1 % sur un an en août (un nouveau record) contre 8,9 % en juillet et 9,0 % attendu par le consensus. Ce n’est pas complètement une surprise. Avant-hier, l’indice des prix à la consommation en Allemagne a atteint un nouveau pic à 7,9 % sur la même période. Ces mauvais chiffres vont inciter la Banque Centrale Européenne à taper du point sur la table le 8 septembre prochain (lors de sa réunion). Une hausse des taux d’au moins 50 points de base est acquise. Il n’est pas exclu qu’elle soit d’ampleur plus grande (75 points de base). Cela ne devrait toutefois pas être suffisant pour soutenir durablement l’euro face au dollar, selon nous.
- Au niveau des large cap (grandes capitalisations), Renault a rebondi hier à la Bourse de Paris suite à l’annonce selon laquelle le constructeur pourrait accueillir Geely (actionnaire de Saxo Bank) au sein de sa future entité de moteurs thermiques. Un groupe pétrolier (dont le nom n’a pas été dévoilé) devrait aussi faire partie de l’aventure (ce ne sera pas le cas de Nissan, en revanche). Le titre est toutefois en repli de -13 % depuis le début de l’année.
- Le marché des small-caps (petites capitalisations) est toujours segmenté en deux entre les valeurs à fort potentiel et les valeurs qui sont à la casse. GenOway fait partie du premier groupe. La société de biotechnologie cotée sur Euronext affiche une bonne performance en cette rentrée (+10 % en l’espace de cinq séances). L’entreprise est spécialisée dans la conception et la commercialisation de modèles précliniques génétiquement modifiés de souris et de rats, entre autres. Cela permet d’apporter aux chercheurs les meilleurs outils de recherche. Le titre s’échange autour de 3,8 euros. Il peut aller plus loin (probablement 5 euros). GenOway est en bonne santé financière, en outre (chiffre d’affaires en progression de +25 %). De l’autre côté, on retrouve une myriade de financements dilutifs avec des titres qui sont sous 0,01 euro (oui, vous avez bien lu !). Il s’agit par exemple d’Avenir Telecom ou de Neovacs. C’est une bonne piqûre de rappel pour souligner qu’investir sur le segment des petites valeurs est parfois hasardeux.
Les résultats d’entreprises continuent aujourd’hui avec Pernod Ricard, Broadcom (électronique), Lululemon Athletica (une valeur que nous aimons beaucoup chez Saxo) et Hormel Foods (agro-alimentaire).
A 16h, l’indice ISM non manufacturier pour le mois d’août sera publié pour les Etats-Unis. Le consensus prévoit une faible baisse (52,0 contre 52,8 en juillet). Plusieurs indicateurs macroéconomiques récents ont dressé un panorama rassurant de l’économie américaine (rapport JOLTS sur les offres d’emplois en juillet et confiance du consommateur en août).